Qu’Allah bénisse la France : la critique
Alors que la France s’électrise autour des débats liés à son identité, sa politique migratoire ou les chiffres discutés de la délinquance, on ne sait trop si cette atmosphère délétère constitue pour le premier film d’Abd al Malik un piège ou un boulevard. Car malgré sa dimension sociale évidente, Qu’Allah bénisse la France a bien d’autres ambitions que celle de simplement témoigner de son époque.
Récit autobiographique du quotidien heurté d’un jeune homme à la croisée des chemins, Qu’Allah bénisse la France se veut pourtant pure création de cinéma, avant d’être le tract de qui ou quoi que ce soit.
C’est là sa plus grande force. Ce désir du film d’exister pour lui-même, en se hissant sur les épaules de Truffaut, de Kassovitz bien sûr, mais aussi du néoréalisme italien, lui permet d’atteindre le cinéphile par le biais de l’esthétique là où le cinéma social hexagonal s’enferme trop souvent dans un naturalisme grisâtre.
Une richesse et un maîtrise qui limitent finalement Qu’Allah bénisse la France, en cela que le film, pour intelligent et sensible qu’il soit, n’évite pas une certaine maladresse. De même, le récit ne tranchant jamais ente pure mise en scène, récit initiatique et volonté de témoigner, l’ensemble souffre régulièrement de ce manque de direction. Si on retiendra qu’Abd al Malik s’attaque ici à des ambitions qu’il ne parvient pas encore tout à fait à maîtriser, on notera avec le plus grand intérêt qu’il fait en cinéaste, avec une soif d’image qui fait trop souvent défaut au cinéma hexagonal.
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