Le Passé : Critique

Stéphane Argentin | 17 mai 2013
Stéphane Argentin | 17 mai 2013

Deux ans après le remarquable Une séparation qui avait su séduire aussi bien la critique, le public (976 191 entrées France) que ses paires (Ours d'or à Berlin, Oscar et César du Meilleur film étranger pour ne citer que quelques unes des nombreuses récompenses récoltées), Asghar Farhadi est de retour avec ce qui pourra être considéré comme une suite indirecte : Le Passé.

Cette fois, le couple Marie (Bérénice Bejo) - Ahmad (Ali Mosaffa) est séparé depuis quatre ans et leur retrouvaille sera l'occasion d'officialiser une bonne fois pour toute leur divorce. Mais la fille de Marie, Lucie, issue d'une précédente union, ne l'entend pas de cette oreille, de même que Fouad, le fils de Samir (Tahar Rahim), le nouveau compagnon de Marie qui a lui aussi bien du mal à couper définitivement les ponts avec son ex, sans parler de Léa, fruit de l'union entre Marie et Ahmad. Et tous ces personnages de constituer le terreau des multiples interrogations que va aborder le cinéaste iranien : comment ces familles recomposées vont-elles parvenir à faire table rase de leurs passés respectifs pour aller de l'avant dans leur vie ?

 

 

Et Dieu sait que les problèmes sont légions face à une telle situation, devenue la « normalité » pour des millions de foyers à notre époque. Est-il vraiment possible de tirer un trait définitif sur son ancienne relation ? Comment les enfants vont-ils accepter ou non leur nouveau beaux-parents ? Quid du déracinement dans le cas (là encore très fréquent) d'union multiraciale ? Autant de questions que le cinéaste aborde avec la finesse d'écriture, de mise en scène (des mouvements de caméra quasi-imperceptibles) et de direction d'acteurs qui le caractérise, évitant tout pathos comme en atteste l'absence totale de musique, celles-là même qui viennent si souvent (systématiquement ?) souligner les moments où le spectateur « doit pleurer ».

 

 

Et si chacun semble accepter cette nouvelle composition familiale au cours d'échéances courtois et en bonne intelligence, cette tranquillité apparente n'est en réalité que l'arbre qui cache la forêt. Et le cinéaste de ménager là encore les moments-clés où les ressentiments de chacun vont éclater pour de bon tout en suivant un fil rouge narratif qui implique tous les personnages avec une parfaite fluidité narrative allant crescendo. Tout ceci pour mieux fournir au spectateur toutes les données du problème avant de refermer son film sur un plan qui lui laissera à nouveau, et comme c'était déjà le cas du final d'Une séparation, le soin de se faire sa propre opinion quant à la suite à donner aux évènements. Le plan d'un geste en apparence si simple et anodin mais qui n'en scelle pas moins l'union à la fois si forte et si fragile entre deux êtres, à l'image de ce Passé d'une puissance et d'une finesse émotionnelle rare.

 

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