Critique : Modus anomali : le réveil de la proie

Tonton BDM | 25 avril 2013
Tonton BDM | 25 avril 2013

Tourné en 8 jours dans une jungle inamicale (sic), Modus anomali vaut assurément le coup d'œil pour le tour de force technique qu'il représente. Pendant son éprouvante première heure, le spectateur suivra l'errance d'un type amnésique dans les bois, poursuivi par un mystérieux tueur à la machette, le tout filmé caméra à l'épaule. Et si cette caméra par trop mobile paraît au départ pour le moins agaçante, cet élément finit rapidement par jouer en faveur de l'immersion au cœur du film, car le spectateur, embarqué dans la cavale du personnage principal, ne parvient plus tellement à y retrouver les repères habituels du genre. En effet, si de façon quasi-générale, l'amateur de survival sait toujours plus ou moins prédire, par la composition du cadre, d'où peut survenir le danger, dans Modus anomali, la caméra de Joko Anwar, jeune prodige et touche-à-tout indonésien, parvient à brouiller les pistes en collant systématiquement aux basques de son héros, et en ne proposant quasiment aucune profondeur de champ. Par conséquent, le stress et l'insécurité régnant au cœur de cette jungle ne permettent jamais de temps mort, et le film fonctionnera à plein régime... durant sa première partie du moins.

Car malgré ce très bon point technique, Modus anomali montrera également vite ses limites, en ne parvenant jamais vraiment à tenir les promesses faites par son entrée en matière fracassante et, c'est suffisamment rare pour le souligner, quasi-intégralement muette. Malheureusement, c'est lors de ce qui apparaît comme étant « le » morceau de bravoure du métrage (un coup de machette dont on ne vous dira rien de plus pour ne pas vous gâcher la surprise), que le film bascule.

Il bascule tout d'abord parce que son extrême brutalité et son côté grand guignol pourront épuiser certaines sensibilités, voire provoquer les railleries et les quolibets. Il bascule ensuite parce que c'est aussi à mi-chemin que le comportement du personnage principal commencera à devenir de plus en plus erratique, brisant l'identification pour le spectateur, alors qu'elle fonctionnait bien jusque là. Enfin, Modus anomali bascule à cause de l'apparition soudaine de longs dialogues inutiles (récités en anglais avec un accent très amusant), d'autant plus inutiles qu'ils s'avèrent au service d'un twist absolument incompréhensible et presque non-sensique.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire