Critique : La Fin des temps

Jérémy Ponthieux | 10 février 2013
Jérémy Ponthieux | 10 février 2013

Qu'est-ce qui fait qu'un film de série B va réussir à instaurer une relation de sympathie entre son spectateur et ses multiples raccourcis, étant à même de pardonner ses défauts plus facilement ? Peut-être son sens de l'autodérision, sa capacité à assumer la légèreté de sa narration, souvent marque d'une réelle compréhension du genre quand elle est conduite avec un certain savoir-faire. Soit exactement ce dont est dénué La Fin des temps, long-métrage sous forme d'avertissement "paco-rabannien", qui parvient à tuer dans l'œuf la prometteuse absurdité de son pitch initial.

Imaginez donc : Arnold Schwarzenegger affronte Satan lui-même à deux doigts du passage au nouveau millénaire. On en voit déjà remplir une piscine avec la bave de leur excitation, d'autant plus qu'aux commandes se trouve Peter Hyams, qui avait commis deux Van Damme pas mémorables mais honorables. Sauf qu'avec un budget équivalent au PIB des îles Kiribati, le réalisateur ne joue plus dans la même catégorie de produits bas du front et doit rendre des comptes à un studio qui veut rallier un maximum de public. Ce qui s'annonçait comme une plaisante série B d'action se transforme vite en récit fantastico-dramatique d'un ennui mortel, avec le trauma d'un garde du corps qui ne parvient pas à faire le deuil de sa famille assassinée, le tout entrecoupé de théories apocalyptiques qui font encore plus rire aujourd'hui qu'elles ne le faisaient déjà à l'époque. On traverse ainsi des tunnels de dialogues explicatifs qui tentent maladroitement de rendre crédible leur contenu, saupoudrés d'une mythologie tellement originale qu'on y retrouve Udo Kier en employé du diable.

Mais le fin du fin réside dans la manière qu'ont les scénaristes de nouer les divers noeuds narratifs. Parfois tordus, souvent lestes, ils sont aussi convaincants qu'une bonne blague carambar qu'on essaierait de narrer au premier degré. Si bien qu'on ne tarde pas à piquer un somme pour passer le temps, sans que cela n'influe réellement sur le bon suivi du récit. Et ça ne sera pas non plus dans les séquences d'action ni dans les punchlines d'usage que l'on trouvera son compte, puisque les premières sont illisibles et sur-cadrées quand les secondes sont mollement déclamées à qui veut bien l'entendre. A ce titre, Schwarzenegger commençait déjà voir sa musculature s'affadir, et se montre guère capable d'imposer de la crédibilité à un personnage très mal écrit. Il fallait bien un Gabriel Byrne pour faire d'un Satan aussi piètre adversaire un personnage haut en couleurs. Sa décontraction rend chacune de ses apparitions savoureuses, et il aurait presque fallu faire un film entier sur lui, à défaut de lui écrire un personnage cohérent dans celui-ci.

Bref, encore une série B friquée qu'un premier degré plombe tout entier dès ses premières minutes.

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