Les Enfants loups Ame & Yuki : critique à pas de loup

Nicolas Thys | 25 décembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Nicolas Thys | 25 décembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

On pourrait croire à un conte. S'il en est un, il est aussi bien plus. Le récit d'une vie extraordinaire dans ce qu'elle a d'ordinaire, une chronique japonaise, des mémoires. Les Enfants loups Ame & Yuki sont peut-être un film pour enfants mais jamais un film enfantin. Et rien ne sera épargné : mort, difficultés d'adaptation, crises multiples, intempéries, disparition...

C'EST NOUS LES ENFANTS

A première vue assez éloigné de ses précédents films, Summer wars et La Traversée du tempsMamoru Hosoda nous emmène ici dans un univers qui nous est proche et lointain, au rythme lancinant et au temps perceptible, presque palpable. Le Japon contemporain : sa ville dynamique qu'on voit régulièrement au cinéma, sa campagne calme et paisible avec des habitants qu'on pourrait rencontrer partout. Et des personnages tout droits sortis d'un conte de fées. C'est ce mélange entre réalité et fantastique qui est l'une des clés du film. Une fois encore tout commence par une rencontre, deux naissances et rapidement la perte du père.

La Colline aux coquelicots et A Letter to Momo possédaient cette dernière thématique qui revient comme un leitmotiv étrange dans l'animation japonaise. Les enfants ne sont plus confrontés à eux-mêmes, mais à une absence, de même que la mère, et ils vont devoir se construire à partir des ruines de cette disparition première. Ils grandissent avec une sorte de mythe inatteignable en tête, qu'ils portent ici aussi dans leur chair. Leur père était un homme-loup, loin des loups-garous des mythes occidentaux, plutôt un lycanthrope qui aurait la faculté de se métamorphoser à volonté. Il a transmis ses gênes à ses enfants. Mais comment élever des êtres différents dans un monde qui n'accepte que la norme ?

 

photoIl a changé Gwynbleidd

 

Qu'on ne s'étonne pas, l'animation possède peu de ces moments extraordinaires qu'on voit chez Ghibli. Toutefois, le film ne s'y prête pas non plus et la grande réussite du studio est d'avoir su donner vie à un univers d'un bout à l'autre, sans temps mort, sans réelle faiblesse, avec un graphisme simple mais ingénieux et une poésie du mouvement qui transparait dans certaines séquences comme celle des premières neiges. La course folle dans ce monde blanc, immaculé, la découverte de ce lieu enchanté et faussement doux est d'une grande richesse narrative et stylistique. Idem pour les visages dont les traits souvent disparaissent pour devenir, en arrière plan, de simples ronds sans yeux, nez ou bouche, laissant apparaitre d'autant plus l'humanité des animaux tout en signifiant le peu d'humanité de certains hommes.

 

photoEnfin, on dit graphisme simple, on serait bien en peine de produire ça hein...

 

PAS DE LOUP

Les animateurs n'ont pas cherché une animation percutante qui n'aurait servi à rien. Ils ont choisi la subtilité en alimentant l'œuvre par des gestes simples ou des actes hors champs, la force de l'homme seul plutôt que la folie générale de ce qui l'entoure. Et ils nous font ressentir le temps qui passe tout en nuance, les ellipses se doublant d'une continuité visuelle troublante, et la métamorphose des enfants : la petite fille téméraire se méfiera de son pouvoir et le petit garçon solitaire et effrayé verra son animalité s'amplifier sans cesse.

 

photo

 

Sous ce récit à l'allure simple se cachent de nombreuses questions sur l'identité et la quête de soi autant que sur les apparences. Bien plus que le côté écolo, qui existe mais qui n'est que rarement mis en avant dans l'action : il est bien plus une fatalité qu'un enjeu pour cette mère qui est contrainte de fuir la ville, c'est l'appropriation de notre être profond qui est le moteur du film. Et le temps, qui fuit, rattrape, dépasse et devient une boule de nostalgie positive, en est l'un des matériaux principaux.

Difficile d'échapper à la comparaison avec Ghibli. Et le film tient bien la route, certaines leçons ont été retenues comme ces histoires d'amitié qui ressemblent à des romances impossibles ou l'importance accordée à la quête de soi et à la poésie du monde. Et ces traits et couleurs simples, beaux, ronds, jamais trop appuyés composent ici un monde féérique qui ferait fondre n'importe qui.

 

Affiche officielle

Résumé

Une œuvre touchante, morale mais sans leçon, sur l'apprentissage et ce que veut vraiment dire « grandir ».

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Lecteurs

(4.1)

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commentaires
Kyle Reese
30/08/2020 à 19:18

Découvert sur le tard.
Tout simplement magnifique a tout point de vue. Une simplicité et une intensité poétique et émotionnelle rares.
Un chef d’œuvre qui m’a complètement emporté.
Si vous êtes parents, l’émotion sera d’autant plus forte.

l'Indien zarbi à moitié a poil
26/12/2019 à 06:42

Joyeuses fêtes à tous.
Un petit chef d'œuvre.

zetagundam
25/12/2019 à 22:33

Je dois avouer que je n'ai pas aimé l'ambiance du film que je trouve trop dramatique à mon goût.

médecine chinoise
25/12/2019 à 21:25

Pour info les hommes-loups existent, c'est l’appellation commune d'une anomalie génétique, qui fait que le visage est recouvert d'une fourrure et certain ont une queue, visage normal en théorie.
Il y'en avait 2 dans ma ville quand j'étais gosse, c'était assez effrayant à voir dans le bus, me demande ce qui leur est arriver.

sandra
28/02/2018 à 17:59

Ce film est tout simplement un pure chef d'oeuvre,je n'ai jamais ressenti autant d'émotion en regardant un film.J'ai pleuré,rie,c'est mon film préfère d'animation japonaise parmie tout ce que j'ai vus .

Léa
15/04/2015 à 13:17

J'ai trouver sa super bien il avait de tout les sentiments !!!! félicitation !

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