Les Chemins de la liberté : Critique

Simon Riaux | 24 janvier 2011
Simon Riaux | 24 janvier 2011

L'homme face à son destin, hors de son élément, perdu dans l'immensité d'une nature sauvage et hostile, Peter Weir connaît, et pas qu'un peu. De Pique-nique à Hanging Rock en passant par L'Année de tous les dangers, sans oublier Master and Commander, le metteur en scène australien nous a déjà offert plusieurs oeuvres singulières et fortes. C'est pourquoi nous attendions avec impatience son nouveau film, quelques huit années après ses aventures maritimes en compagnie de Russell Crowe. Si Les Chemins de la liberté se regarde sans déplaisir, peut-être l'attendions-nous trop, à moins que le réalisateur n'ait emprunté un chemin trop balisé pour qu'il y exprime tout son talent.

 

 

Une petite troupe de prisonniers parvient à s'échapper du goulag, ensemble, ils parcourront plusieurs milliers de kilomètres, jusqu'à leur but ultime, l'Inde, sous contrôle anglais. Ils tenteront de survivre aux éléments, à la rudesse du voyage, et aux secrets que chacun charrie avec lui. On est frappé par la multiplicité des lieux traversés, splendides, ils abasourdissent souvent le spectateur devant leur majesté. Mais leur beauté ne suffit pas à faire oublier la répétitivité d'enjeux trop connus du spectateur (le manque d'eau, de provisions, les prédateurs...). De même, le casting peut laisser dubitatif. Si Ed Harris confirme qu'il est un monstre de charisme, Jim Sturgess est inégal, et Colin Farrell nous rappelle qu'il fut cabot avant d'être acteur. Sans compter qu'il n'existe pas de véritable suspense quant à l'identité de ceux qui survivront, le spectateur devinant sans mal qui sera laissé de côté, qui abandonnera et qui aura droit à une disparition tragique.

 

 

Quoi qu'il en soit, Peter Weir a encore du talent à revendre. Sa mise en scène fait preuve d'une maîtrise trop rare de nos jours, allant jusqu'à nous rappeler les auteurs classiques, David Lean en tête. Dans sa volonté de ne pas trop en faire dans l'épique redondant, il s'attache à des détails parfois forts de symbolique et de poésie (la confection des masques dans le blizzard). Ici, point d'effets numériques à tout crin, de violence outrée et déplacée, Les Chemins de la liberté trace une route déjà sillonnée par de glorieux aînés. Ce soin et cette foi apportés dans un cinéma à l'ancienne, qu'on à presque envie de qualifier d'artisanal, sont bienvenus.

Au final, le film de Peter Weir est loin d'être un échec. On regrettera simplement que la structure narrative et le casting ne jouissent pas des mêmes qualités que la mise en scène soignée du réalisateur. Espérons qu'il saura nous surprendre davantage, et que nous n'aurons à attendre encore huit ans !

 

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