Critique : No et moi

Sandy Gillet | 15 novembre 2010
Sandy Gillet | 15 novembre 2010

Lou est une pré-ado très éveillée pour ne pas dire précoce du haut de ses 13 ans. Lou n'a pour ainsi dire pas d'amis dans sa classe. Lou se sent un peu en dehors de ce monde qui ne semble pas vouloir l'accueillir tout à fait. Lou admire en secret le culot de Lucas qui ne s'embarrasse pas lui avec de tels problèmes existentiels. La mère de Lou (Zabou égale à elle-même) reste devant la télé toute la journée et n'arrive pas à surmonter sa dépression. Le père (Bernard Campan bien entendu) de Lou fait ce qu'il peut pour que la famille n'explose pas totalement. Alors Lou s'évade... à la gare Saint-Lazare où elle peut observer le flot perpétuel des voyageurs. À chacun son histoire qu'elle peut modeler selon ses envies et son humeur du moment. Et puis au-delà il y a ceux qui ne bougent pas ou qui reviennent au quotidien, ceux que l'on appelle en détournant la tête, les SDF. À l'école, Lou doit bientôt rendre un exposé. Lou décide qu'il portera sur cette population qui fait partie de notre paysage urbain mais que, pour la plupart, l'on évite sciemment de voir. Et Lou de rencontrer Nora. No en fait.  

Lou c'est Nina Rodriguez que Zabou a « déniché » au détour d'un énième casting sans se souvenir qu'elle avait déjà été sa fille dans Le premier jour du reste de ta vie. Et Nina de faire exister Lou avec une persévérance que l'on croirait innée qui touche finalement au cœur. Mais Nina ne serait rien sans son alter ego à l'écran : Julie-Marie Parmentier que l'on a déjà vu cette année dans Les petits ruisseaux de Rabaté. C'est bien simple, elle bouffe l'écran et on a vraiment l'impression d'avoir affaire à une écorchée vive que ses 18 ans d'errances ont exacerbé au point d'en faire une sorte de fleur qui peut pousser même sur le fumier. Et Zabou de développer alors (plus que dans le livre éponyme de Delphine de Vigan) le troisième larron (Lucas donc) joué par son propre fils à la ville qui apporte au couple le recul nécessaire et une vitalité forcément ambiguë.

No est pour Lou le détonateur qui va l'aider à passer du côté de l'adolescence. No est pour les parents de Lou, l'élément fondateur d'un nouveau départ. No permet à Lucas de sortir de sa posture de petit bourgeois faussement en marge. Julie-Marie Parmentier balaye de sa gouaille ce personnage qui tient à l'énergie un film paradoxalement assez sage dans sa réalisation comme si Zabou avait tout donné dans ses intentions de départ et dans sa direction d'acteurs. Le film n'en prend pas ombrage et certains pourront même y voir l'assurance et le déterminisme d'une mise en scène qui ne laisse de surcroît rien au hasard. Un univers certes codifié donc mais qui permet à chacun de s'y exprimer et d'y révéler une nature formidable teintée d'un talent évident.

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