Critique : Illégal
Tout d'abord le lieu de l'action : la Belgique, rappelant ici même un point souvent omis par les médias, à savoir que la France n'a pas le « monopole » de ce genre de problématiques sociales. Puis, bien sûr, le traitement en lui-même. À l'image du très réussie (et politisée) Welcome de Philippe Lioret, Olivier Masset-Depasse a opté pour une approche au cœur même de son sujet, à savoir suivre le parcours d'une de ces « persona non grata », depuis son arrestation (musclée) en pleine rue suite à un banal contrôle de police jusqu'à son éviction par avion en passant par tous les yoyos administratifs. Durant 90 minutes, la caméra va donc coller aux basques de cette mère d'origine russe entourée de femmes dans la même situation qu'elle, toutes parquées dans une sorte de Oz version fémina et qui n'aspire qu'à une seule chose : s'extirper coûte que coûte de cet imbroglio et retourner à une vie ordinaire aux côtés de son fils.
Filmé et interprété à fleur de peau mais sans jamais sombrer pour autant dans le sordide où la lacrimo-sentimental, Illégal nous livre ainsi un parcours d'une grande justesse sur les conditions de déportation des sans-papiers... jusqu'à la dernière scène où, à trop vouloir sensibiliser le public, le cinéaste nous inflige une ultime séquence en forme de prise de conscience collective. De film politique engagé, Illégal est alors à deux doigts de sombrer dans le récit moralisateur. Dommage car tout ce qui avait précédé sonnait pourtant si juste.
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