Critique : Baaria

Alexandre Benhadid | 14 juin 2010
Alexandre Benhadid | 14 juin 2010

Après son magnifique Cinema Paradisio, Giuseppe Tornatore revient sur nos écrans avec un nouveau film « autobiographique » dans lequel il exprime son amour fou pour la Sicile, « sa Sicile ». Baarìa, petite ville perdue de la province de Palerme, est le théâtre d'un mélodrame familial qui s'étend des années 30 aux années 80 sur pas moins de 3 générations. C'est avec le fils de Cicco Torrenuova, Peppino, que s'ouvre le bal des festivités : ce dernier court aussi vite qu'il le peut dans les rues du village pour gagner les 20 lires promises par un groupe de joueurs de cartes. En grandissant, il sera confronté aux horreurs de la guerre et décidera alors de mener une vie de leader politique malgré ses origines modestes. Les premières images étonnent, puis, très vite, deviennent lassantes. Le réalisateur veut à tel point nous montrer ses racines siciliennes, qu'il use et re-use des vieux trucs consistants à filmer à tout-va la cohue et le vacarme ambiants comme s'il s'agissait d'une fin en soi. C'est bien là le problème.

Si l'idée est belle et le paysage idéal, pour ce genre d'épopée, le résultat est très décevant. On est abreuvé d'images et de scènes dans un fourre-tout très désagréable à la longue, à l'image de ces plans-séquences n'ayant pratiquement aucun rapport les uns aux autres et qui donnent au film un aspect général  très décousu et très dérangeant. Du coup, on n'a pas le temps de « ressentir » cette Sicile si chère au cinéaste ou à ses protagonistes. 

On se rend bien compte du travail onéreux pour recréer la ville de Barrìa à son époque, et de ses 15 millions de dollars dépensés. Mais un décor ne suffit pas à créer une oeuvre cinématographique en soi. Les scènes les plus « émotionnelles » entre Peppino et sa dulcinée Mannina qui méritaient un traitement particulier sont survolées à la manière d'un mauvais clip musical. Les acteurs ont « la gueule de l'emploi » : teint ensoleillé et sourire ultra bright enfoncent le clou du « made in toc ». 

On ressort de la séance fatigué de ces démonstrations lourdes et sans saveurs.  Le réalisateur tombe complètement à côté de son sujet. La bande originale du film, elle, signée Ennio Moriconne contraste totalement avec le film. D'une beauté saisissante, la musique seule émeut. Avec cette partition à la fois symphonique et pause délicate tant sur la forme que sur le fond, le maestro nous montre qu'à la différence de son réalisateur, on peut faire preuve d'un vrai travail d'artiste tout en remplissant le cahier des charges d'une grosse production. Tout est une question d'âme !

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