Halloween 2 : Critique version cinéma vs director's cut

Ilan Ferry | 29 mars 2010
Ilan Ferry | 29 mars 2010

Version  cinéma

Déjà disponible en DVD Z1, et chez nous en mars prochain chez Wildside, Halloween 2 avait fort à faire lors de sa présentation à Gérardmer. Faire la nique au bad buzz qui agite le net et la communauté des fans du genre. D'ailleurs, Rob Zombie ne voulait pas à l'origine réaliser cette suite, et plusieurs réalisateurs (dont Alexandre Bustillo et Julien Maury d'A l'intérieur) se sont frottés au projet et aux Weinstein, avant q'il ne revienne derrière la caméra et qu'il fasse ce qu'il veut. A savoir n'importe quoi. En effet, si Michael Myers est de retour pour traumatiser sa sœur Laurie Strode et la ville de Haddonfield, Rob Zombie ne compte pas donner aux spectateurs ce qu'ils attendent. Ou du moins, pas totalement.

 

 

Ainsi, dans une sortie de remake officieux du Halloween 2 original, il donne rendez-vous à Laurie et Michael dans un hôpital pour que le massacre continue. Mais un twist foutage de gueule / mort de rire révèle bien vite qu'il en a rien à foutre, et que ne voulant plus avoir le cul entre deux chaises comme dans le premier, il fera un film 100% Rob Zombie. Il avait réussi à faire du jeune Michael un personnage qui avait tout à fait sa place dans le bestiaire de ses Devil's Rejects. Que dire alors du sort réservé Laurie, véritable personnage principal de Halloween 2. Redneck, gothique, antipathique, toute la mise en scène est acquise à sa folie, que cela soit les visions, les possessions, les révélations ou les meurtres. Halloween 2 demande ainsi un accord tacite, un investissement pervers pour être apprécié pour ce qu'il est : un film (de) malade. Avec un theatrical cut plus convaincant que le director's cut, c'est dire ! (Note 4/5) Vincent Julé

 

 

Director's cut

 Lorsque Rob Zombie s'est attelé au remake du chef d'œuvre de John Carpenter, les ayatollahs du cinéma de genre on tôt fait d'aiguiser leurs couteaux pour en découdre avec le metaleux devenu cinéaste. Et si au final on peut reprocher beaucoup de choses à sa relecture de Halloween, il faut bien reconnaître que l'ami Rob a parfaitement réussi à intégrer la mythologie au sein de son univers. Un pari couillu et pas gagné d'avance qui fit illusion durant une première partie au doux parfum de scandale. Pour ce second opus, Zombie s'affranchit totalement du joug carpenterien et nous gratifie d'un métrage plus que jamais frappé de son indéfectible sceau. Une impression confirmée par ce director's cut qui prolonge (parfois inutilement) certaines séquences tout en modifiant radicalement un final ridicule dans sa version ciné mais autrement plus intéressante ici, tant dans son twist que dans son dernier plan qui se conclut sur un « love hurts » chargé de sens là où le theatrical cut reprenait platement le thème de John Carpenter. Un « détail » qui met en évidence la profonde dualité d'un film tiraillé entre œuvre d'auteur et de commande, l'un peinant parfois à prendre l'ascendant sur l'autre. Pris en étau, Zombie accouche d'un métrage malade et tellement déterminé à déconstruire le mythe pour mieux le reconstruire qu'il va forcément faire grincer des dents et créer deux clans bien distincts.

 

 

Ainsi, à l'image de son prédécesseur, Halloween 2 opte à nouveau pour une approche psychanalytique et n'hésite pas à aller très loin dans son délire iconoclaste. Les figures allégoriques s'enchaînent de manières pas très finaudes tandis que Rob commet le blasphème ultime en dévoilant le visage de Myers. Un parti pris casse gueule puisqu'il démystifie (voire décrédibilise selon les points de vue) totalement une figure iconisée à mort par son légendaire masque. En faisant de Myers un curieux alter ego au look très « ZZ Top sur le retour », Zombie ne se contente plus de se réapproprier le mythe, il l'accepte définitivement comme un membre de sa famille de cinéma, une sorte de croisement improbable entre Otis et Tiny Spaulding. Toutefois, aussi personnel soit -il Halloween 2 peine à se hisser au niveau de ses précédentes œuvres auxquels il ne cesse pourtant de faire de l'œil. C'est bien que le bât blesse tant le cinéaste semble plus que jamais condamné à reproduire les mêmes gimmicks.

 

 

Sauf qu'ici le cœur ne semble pas vraiment y être. Si l'occasion lui est donné d'offrir un beau rôle à Brad Dourif en approfondissant un peu plus son personnage de shérif dépassé, les autres protagonistes sont bien moins lotis tant le cinéaste semble s'en foutre totalement (Loomis en tête) quand il le ne les méprise pas ouvertement. Bordélique, le film part dans tous les sens et se voit pris en sandwich entre velléités auteurisantes et respect du cahier des charges propre à tout slasher qui se respecte. Un point sur lequel Zombie s'est apparemment beaucoup amusé via des meurtres très graphiques et sauvages. Déconcertant et étrange, Halloween 2 creuse un peu plus un sillon initié par Devil's Rejects sans toutefois être aussi fascinant que ce dernier dans son exploration somme toute personnelle de la cellule familiale au sein de l'american way of life. On se met alors à rêver au chef d'œuvre ultime qu'aurait pu nous pondre Zombie s'il avait su allier des éléments de son diptyque en une seule et même œuvre. (Note 3/5)

Ilan Ferry

 

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