Critique : Les Marais criminels
« Tu connais Thelma et Louise ? », demande l'une des héroïnes des Marais criminels à sa compagne de route après avoir aperçu au loin un barrage de police. Alors, pour faire encore plus fort que le film de Ridley Scott, les voilà... qui font sagement demi-tour et repartent discrètement dans la direction opposée. C'est l'un des très nombreux problèmes du film d'Alexandre Messina : il voudrait bien faire, imiter ses glorieux modèles, procurer au spectateur de l'adrénaline et des frissons, mais est victime d'un amateurisme si envahissant qu'il frappe absolument tous les secteurs, de la technique à l'écriture en passant par l'interprétation. Après avoir cherché des jours et des semaines, on peut affirmer qu'il n'y a rien à sauver de ces marais dans lesquels s'enfoncer finit par ressembler à un pur calvaire.
C'est
dont l'histoire invraisemblable d'une fille qui entre dans un bar un
peu louche pour y postuler comme serveuse mais se retrouve 3 minutes
après avec sur les bras une strip-teaseuse, une affaire de meurtre, une
arme à feu et des méchants au cul. Les premiers doutes surviennent tout
de suite, de par la maladresse infinie d'une mise en scène absolument
aberrante. Il n'y a ici pas une scène convenablement découpée, par un
champ contrechamp réussi, presque uniquement des cadrages foireux - les
plans sur les marais sont tout de même corrects. Dans ces conditions, là
où Pialat ou Grandperret - on pense, et ça fait mal, à Meurtrières - auraient éventuellement
pu arrondir les angles d'un scénario trop clicheteux par le biais d'une
image irréprochable et aventureuse, Les
marais criminels se pose comme un très mauvais film de fin
d'études qui vaudrait à coup sûr à chacun de ses participants un
redoublement en bonne et due forme. Car la direction d'acteurs ne vaut
pas mieux : si les deux jeunes actrices font ce qu'elles peuvent mais le
font mal, le pire est à noter du côté des seconds rôles "prestigieux",
d'un Laurent Grévill anormalement mauvais à un Oscar Sisto (oui, le prof
d'expression scénique de feu la Star Ac) abracadabrantesque en
antiquaire pas orthodoxe.
On regarde sa montre en espérant que le road movie de nos deux fuyardes
se muera en quelque chose de plus crédible ou de moins désagréable.
Mais, d'un mariage catastrophe à une comparaison finaude entre les
juments et les femmes, le film ne cesse de s'enfoncer lui-même toujours
plus profond, sans se rendre compte de sa terrible et permanente
maladresse. Le plus drôle, c'est l'irruption soudaine des grands
méchants de l'affaire, qui parviennent régulièrement à retrouver la
piste des deux donzelles en utilisant une méthode consistant à... euh...
ah, non, sans méthode, juste par chance. Bref, passons.
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