Critique : Les Marais criminels

Thomas Messias | 4 mars 2010
Thomas Messias | 4 mars 2010

« Tu connais Thelma et Louise ? », demande l'une des héroïnes des Marais criminels à sa compagne de route après avoir aperçu au loin un barrage de police. Alors, pour faire encore plus fort que le film de Ridley Scott, les voilà... qui font sagement demi-tour et repartent discrètement dans la direction opposée. C'est l'un des très nombreux problèmes du film d'Alexandre Messina : il voudrait bien faire, imiter ses glorieux modèles, procurer au spectateur de l'adrénaline et des frissons, mais est victime d'un amateurisme si envahissant qu'il frappe absolument tous les secteurs, de la technique à l'écriture en passant par l'interprétation. Après avoir cherché des jours et des semaines, on peut affirmer qu'il n'y a rien à sauver de ces marais dans lesquels s'enfoncer finit par ressembler à un pur calvaire.


C'est dont l'histoire invraisemblable d'une fille qui entre dans un bar un peu louche pour y postuler comme serveuse mais se retrouve 3 minutes après avec sur les bras une strip-teaseuse, une affaire de meurtre, une arme à feu et des méchants au cul. Les premiers doutes surviennent tout de suite, de par la maladresse infinie d'une mise en scène absolument aberrante. Il n'y a ici pas une scène convenablement découpée, par un champ contrechamp réussi, presque uniquement des cadrages foireux - les plans sur les marais sont tout de même corrects. Dans ces conditions, là où Pialat ou Grandperret - on pense, et ça fait mal, à Meurtrières - auraient éventuellement pu arrondir les angles d'un scénario trop clicheteux par le biais d'une image irréprochable et aventureuse, Les marais criminels se pose comme un très mauvais film de fin d'études qui vaudrait à coup sûr à chacun de ses participants un redoublement en bonne et due forme. Car la direction d'acteurs ne vaut pas mieux : si les deux jeunes actrices font ce qu'elles peuvent mais le font mal, le pire est à noter du côté des seconds rôles "prestigieux", d'un Laurent Grévill anormalement mauvais à un Oscar Sisto (oui, le prof d'expression scénique de feu la Star Ac) abracadabrantesque en antiquaire pas orthodoxe.


On regarde sa montre en espérant que le road movie de nos deux fuyardes se muera en quelque chose de plus crédible ou de moins désagréable. Mais, d'un mariage catastrophe à une comparaison finaude entre les juments et les femmes, le film ne cesse de s'enfoncer lui-même toujours plus profond, sans se rendre compte de sa terrible et permanente maladresse. Le plus drôle, c'est l'irruption soudaine des grands méchants de l'affaire, qui parviennent régulièrement à retrouver la piste des deux donzelles en utilisant une méthode consistant à... euh... ah, non, sans méthode, juste par chance. Bref, passons.

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