Critique : L'Affaire Farewell

Sandy Gillet | 21 septembre 2009
Sandy Gillet | 21 septembre 2009

Le thriller historique n'est pas un genre qui court les rues dans le cinéma français. Le film historique contemporain encore moins d'ailleurs. Le dernier qui nous vient en mémoire est Le promeneur du champ de Mars où Robert Guédiguian s'y frottait pour mieux prolonger une filmographie profondément militante. Un angle, un genre et une vision cinématographique qu'il réitère au demeurant avec L'armée du crime qui comme L'Affaire Farewell sort quasi au même moment. Mais là s'arrête la comparaison.

C'est que pour Christian Carion les faits historiques relatés ne sont qu'un alibi pour réaliser un film qui n'a d'autres ambitions que de divertir. Et si par la même occasion on peut réviser son histoire, c'est toujours bon à prendre, même si pour cela il aura fallu l'arranger un peu à sa sauce... Le problème c'est qu'à l'arrivée on a un film tout mou du genou desservit entre autre par un Guillaume Canet jouant encore une fois un paumé, manipulé du début jusqu'à la fin, bref à baffer comme souvent.

Mais là s'arrête les griefs car L'Affaire Farewell bénéficie aussi de deux atouts majeurs : une reconstitution d'époque qui si elle lorgne outrageusement du côté de La vie des autres (entendre par là sans originalité) n'en demeure pas moins réussie avec sa photo verdâtre et/ou grise, ses décors crédibles... Et l'interprétation époustouflante d'un Emir Kusturica en agent du KGB par qui tout arrive à savoir le passage à l'Ouest en 1983 d'un nombre considérable de secrets soviétiques qui permirent à l'Occident de prendre un avantage définitif dans la guerre froide.  

L'ours mal léché du cinéma européen s'en sort en effet ici d'une façon remarquable marquant durablement la pellicule par son phrasé atypique et sa silhouette imposante pour faire de son personnage un condensé d'homme aux motivations déchirantes. Si L'Affaire Farewell repose ainsi beaucoup trop sur ses épaules, il n'en demeure pas moins qu'il permet à Carion de sauver son film du marasme et des écueils que pour beaucoup il n'a pas su éviter comme l'ennui et un manque certain d'humilité face à l'Histoire... Quid d'un Kusturica derrière la caméra ?

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