Critique : Cendres et sang

Thomas Messias | 10 septembre 2009
Thomas Messias | 10 septembre 2009

S'il avait fallu prévoir à quoi ressemblerait le premier long-métrage réalisé par Fanny Ardant, beaucoup seraient sans doute tombés à mille lieues de ce Cendres et sang violent et tourmenté, s'éloignant bien vite de la France pour aller poser ses valises du côté d'un pays sans nom. A posteriori, on réalise cependant à quel point le film ressemble à ce qu'a pu montrer sa réalisatrice lors de ces dernières années : ampoulé, un rien factice, usant et abusant de son étrangeté pour un résultat finalement assez plat. Ces histoires de famille et d'honneur sont aussi difficiles à suivre que peu intéressantes, d'autant que le sang promis dans le titre tarde un peu à être versé.


Cendres et sang ressemble de temps à autres à un condensé des meilleures sagas téléfilmesques proposées par la télévision publique française en période estivale : des familles qui ne peuvent pas se blairer et se disputent un morceau de terre, des garçons proprets qui en viennent aux mains en serrant leurs jolies dents et leurs petits poings, des mères éplorées qui hurlent à la mort devant la dissolution progressive de leur tribu. Ça n'est jamais vraiment ennuyeux, mais c'est tout de même très loin d'être passionnant, en dépit de l'investissement indéniable de Fanny Ardant, qui semble avoir bossé son scénar et réfléchi sa mise en scène. Malheureusement, de très bonnes idées ne mènent pas toujours à de grands résultats, et le film ne fait que zigzaguer entre des scènes relativement correctes et des moments salement ratés, parce que mal mis en images ou juste invraisemblables.


Mais voilà : Cendres et sang a aussi, et il faut s'y raccrocher coûte que coûte, ce joli charme qui caractérise parfois les films ratés. Si aucun élément n'est pleinement convaincant, il y a tout de même une ambiance, quelques beaux personnages, une poignée d'interprètes intéressants, et une certaine classe dans le tragique - ce qui n'étonne guère de la part de Fanny Ardant. Le film peut se voir sans déplaisir pour peu qu'on le considère comme une succession de tableaux, parfois expérimentaux, parfois en cours d'élaboration. Et puis il y a Ronit Elkabetz, pas vraiment belle mais franchement magnifique, dont le style unique et captivant est une formidable machine à gommer les défauts des films. Sa présence en ces lieux peut suffire à donner envie de tenter le voyage.

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