Capricorn One : critique
Après l'assassinat de Kennedy ou encore le Watergate, la théorie du complot est devenue l'une des composantes essentielles de la culture américaine des années 1970. Le cinéma en témoigne particulièrement bien et nombreux sont les cinéastes efficaces à cette époque, qui réalisèrent des films ingénieux sur ce thème avant de faiblir dans les décennies suivantes. Peter Hyams en est un bel exemple. Mauvais réalisateur de manière général, avec Capricorn One il réalise sa meilleure œuvre, de très loin.
Tout part de la conquête de l'espace, événement encore jeune à l'époque et présent dans tous les esprits. Déjà, juste après l'alunissage d'Armstrong, Aldrin et Collins, en 1969, les théories farfelues fusaient : non, jamais ils n'avaient déposé le pied sur la lune, tout avait été filmé en studio. En 2002, dans un magnifique faux documentaire, Opération lune, William Karel reprenait ironiquement cette position. C'est la même idée, couplée à celle de la conspiration et de la toute puissance médiatique sur le contrôle du peuple, de son hypocrisie et de celle du gouvernement qui a donné lieu à Capricorn One. Seule différence, le voyage se fait sur Mars.
Malgré quelques points scénaristiques qui laissent perplexes comme le fait que personne ne se rende compte que le Dr Kelloway puisse être encore dans la fusée quelques minutes avant son décollage, qu'il n'ait fallu qu'aussi peu de temps pour faire descendre les trois hommes et les amener dans un avion sans que nul ne s'en aperçoive, ni que cela ne retarde l'envol de la fusée ; ou encore les loopings en avion sans que Bru, même épuisé, ne soit projeté en dehors, le film est efficace de bout en bout.
Dès les premières minutes et la rencontre avec le vice président, l'enjeu est clair : tout sera politique. Alignant avec efficacité la critique de l'image spectacle, le complot impliquant l'effacement complet d'une vie et toutes les peurs et angoisses d'une Amérique qui n'a plus confiance en ses dirigeants, le film reste aujourd'hui l'un des fleurons du genre. En outre la longue séquence de la marche dans le désert ou encore la voiture folle d'Elliott Gould restent des moments d'anthologie qui n'ont pas pris une ride.
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