Critique : Écoute le temps

Erwan Desbois | 8 mai 2007
Erwan Desbois | 8 mai 2007

Et si le film d'horreur que vous allez voir cette année à la fête du cinéma était français, pour changer ? Les incursions nationales dans ce genre sont en effet suffisamment rares pour laisser sa chance à l'ambitieux - et globalement réussi - premier long-métrage de fiction de Alanté Kavaïté, Écoute le temps. Le passage aux Beaux Arts de la jeune réalisatrice se retrouve dans les méthodes qu'elle emploie pour créer un univers aussi personnel qu'efficace sur la base d'un argument rebattu. L'aventure de Charlotte (Émilie Dequenne), l'héroïne qui va enquêter sur le meurtre non résolu de sa mère dans un petit village perdu dans la campagne, fait en effet appel à toute une mythologie de l'opposition ville - campagne, entre secrets inavouables, inquiétant idiot du village et puissances occultes.

 

Très vite, c'est ce dernier sillon que va creuser Kavaïté, à partir d'une idée assez géniale : faire capter par Charlotte, via son matériel d'ingénieur du son, des voix issues du passé de la maison maternelle. Exit alors Délivrance (pour l'aspect survival dans les bois) et Calvaire (pour le développement psychologique « à la française » des rôles secondaires), c'est dans les traces de Shyamalan que marche la cinéaste en plongeant son héroïne et le spectateur avec elle dans un espace coupé du reste du monde, où le surnaturel règne en maître et ne se discute pas. Que ce choix soit la conséquence de lacunes dans les autres domaines effleurés par le récit ou d'un désir artistique fort, la conviction mise par Kavaïté et les qualités plastiques de sa mise en scène - la bande-son est excellente, tout comme le sens du cadre - confèrent à Écoute le temps une efficacité bien réelle. Laquelle débouche sur un film solide, captivant et parvenant à afficher une singularité toujours appréciable.

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