Starship Troopers : critique militaire

Laurent Pécha | 21 janvier 2005 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Laurent Pécha | 21 janvier 2005 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Sous ses airs de film de divertissement plus grand que nature, Starship Troopers élève le second degré au rang d'art et permet à Paul Verhoeven, cinéaste malin et constamment sur le fil du rasoir de la provocation gratuite, de signer un pamphlet anti-militaire des plus corrosifs et le film de SF le plus jouissif de la planète. 

 

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En transportant l'univers aseptisé des sitcoms américains (Beverly Hills) dans celui de la guerre, Verhoeven s'éclate dans une parodie désopilante où l'humour est constamment présent. N'ayant aucune sympathie pour ces personnages plus débiles les uns que les autres, le réalisateur organise un grand jeu de massacre d'une violence rarement vue à un tel niveau de production (on rappelle que c'est une major qui finance ce projet de fou). Il se fout tellement de ses héros présumés qu'on en vient finalement à préférer que les insectes remportent la guerre, ou du moins massacrent le plus possible ces imbéciles heureux tout content d'aller au combat.

 

photo, Casper Van Dien


N'étant pas à une ânerie près, les critiques américaines de l'époque ont vu l'ombre du fascisme planer sur Starship Troopers. On croit rêver devant de tels propos, tant le film de Verhoeven va loin dans la dénonciation de la guerre tout en s'en prenant également, une habitude chez lui, au mode de fonctionnement de la société américaine. Seulement, l'art de la provocation chez le cinéaste est de justement parvenir à le faire sous le couvert en apparence d'un simple blockbuster spectaculaire, laissant aux spectateurs non décervelés apprécier le mordant de la satire.

 

Photo Casper Van Dien


Et quand bien même on reste réfractaire à l'aspect satirique de son film, Verhoeven possède un énorme atout avec lui. Son nom : Phil Tippett. Génie des effets spéciaux, ce dernier a atteint avec Starship Troopers le nirvana de son art. D'un réalisme et d'une virtuosité époustouflants, les attaques des insectes sont des moments d'anthologie rares qui donnent ses lettres de noblesse au mot jubilatoire. Plus de sept ans après sa sortie, on cherche encore un film ayant réussi ne serait-ce qu'à approcher l'impact visuellement inoubliable qu'a procuré la découverte de ces hordes sauvages d'insectes déferlant de toutes parts.

 

Affiche officielle

Résumé

Dans l'histoire récente du cinéma, il n'existe qu'une petite poignée de films qui supporte le multi-visionnage sans que jamais le plaisir n'en soit altéré : Starship Troopers en fait partie.

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commentaires
Andarioch
15/01/2019 à 08:17

@ben
Rien à voir avec l'intelligence. J'ai des potes que je considère comme très au-dessus intellectuellement qui sont incapables de second degré. On est plus sur une façon de voir les choses (du psychologique donc) qui détermine l'appréhension de ce genre de film.
Ceci dit je peux comprendre que tu trouve mon commentaire prétentieux, je m'en rend compte en le relisant. Mais ce n'est pas le cas.
Juste une constatation.
D'ailleurs fais le test, montre le à des amis et fais les commenter, tu verras que c'est flagrant.

funkyben
08/11/2018 à 17:24

@Andarioch : Quel commentaire plein d'humilité.
Alors, " à l'aune de leur appréhension du film", as-tu trouvé des gens de ton niveau intellectuel ?

Andarioch
11/09/2018 à 16:16

Grand film! Son ironie mordante qui suinte d'un spectacle très premier degré en fait un parfait test de personnalité. Je m'amusais à l'époque de sa sortie à analyser la psychologie des gens avec qui j'en parlais à l'aune de leur appréhension du film. 3 catégories: Ceux qui comprenaient pleinement le propos du film, ceux qui s'outraient et criaient au fascisme, et ceux, et c'est plus inquiétant, qui gobaient benoîtement l'habile propagande dénoncée par Verhoeven, et applaudissaient au dézingage des bestioles sans trop se poser de questions.
Je vous laisse en tirer les conclusions qui s'imposent.

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