Critique : Le Complot des clans

Stéphane Argentin | 1 octobre 2004
Stéphane Argentin | 1 octobre 2004

Contrairement à L'Ombre du fouet, sorti quelques semaines plus tôt en DVD, Le Complot des clans est conçu autour d'une intrigue suffisamment soutenue et étoffée pour nous maintenir en haleine jusqu'à son terme. Ne s'embarrassant d'aucune antériorité narrative, le film entre directement dans le vif du sujet : plusieurs morts mystérieuses avec de l'eau magique dont un seul clan connaît le secret. Débute alors pour Chu Liu-xiang, connu de tous comme étant l'un des plus grands artistes martial, un long jeu de piste où il devra remonter un à un tous les indices.

Cette partie enquêtrice du complot fourbi dans l'ombre par un mystérieux commanditaire tient plutôt bien la route, à grands coups de vengeance, de coups de théâtres et autres révélations pour le moins surprenantes. Dans des décors grandioses et presque (trop) paradisiaques pour être vrais (le repère final, source de l'eau magique), notre fin limier en apprend chaque fois un peu plus sur une mystérieuse histoire qui remonterait à plusieurs années. C'est dans cette étiage de renseignements que réside toute la forme de l'intrigue, qui parvient ainsi à maintenir le spectateur en éveil à chaque nouvelle rencontre alors que l'on aurait pu craindre une sérieuse baisse de rythme après un départ aussi tonitruant.

Et si le ton général est plutôt au sérieux de l'enquête avec des thèmes d'une grande sagesse (des notions de bouddhisme omniprésentes), voire qui touchent à la culture chinoise même (l'art ninja faisant son entrée dans le pays), Le Complot des clans se permet quelques désinvoltures et autres pointes d'humour. Une légèreté que l'on doit surtout à Ti Lung, l'interprète de Chu Liu-xiang, perpétuellement confiant et souriant, et qui n'hésite pas à tourner en ridicule une princesse ou bien à se moquer d'elle lors de la scène du repas dans le cimetière. Une séquence qui laisse d'ailleurs entrevoir le dernier tiers du film, sitôt l'identité du comploteur connu, mais pas son visage.

Le Complot des clans s'installe alors pour les trente minutes restantes dans son petit nid douillet où les masques vont tomber. Si quelques saynètes de combats avaient bien eu lieu au cours du petit jeu de Sherlock Holmes de Chu Liu-xiang, la véritable virtuosité et originalité du réalisateur Chu Yuan n'explose en fait qu'au cours des dix dernières minutes. Au beau milieu de ce décor idyllique, le metteur en scène débute « tranquillement » les hostilités dans un style purement corporel (pieds et poings), puis monte d'un cran (sabre), avant de faire jaillir le sang jusque dans sa forme la plus poussée et la plus macabre (un bras arraché servant d'arme de jet !). Un parti pris que certains jugeront d'un goût douteux, mais voulu à l'image d'un film qu'il clôture en apothéose.

En l'espace de 90min, Le Complot des clans sera ainsi parvenu, tout en suivant son fil rouge d'enquête policière, à marier culture, croyance, humour et horreur, tout ça au sein d'un « simple » wu xia pan. Ne serait-ce que pour cette diversité et l'homogénéité avec laquelle tous ses thèmes sont brassés, Le Complot des clans vaut plus que la peine d'être découvert.

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