Critique : Driller killer

Sandy Gillet | 1 septembre 2004
Sandy Gillet | 1 septembre 2004

Film culte s'il en est, Driller Killer est le premier long métrage « classique » signé Abel Ferrara (il n'avait réalisé jusqu'à présent que des courts métrages et un film X). En partant de l'histoire minimaliste d'un peintre marginal qui finit par se transformer en serial killer, arpentant les rues de New York armé d'une perçeuse, Ferrara s'essayait déjà à dresser le portrait sans concessions d'une société bouffée en son sein par la corruption, et uniquement soudée par l'apologie de l'individualisme. C'est en comprenant ce constat que son héros se réfugie dans une forme de folie logique, lui qui élimine tout ce qui lui rappelle son échec social (les clochards étant la forme ultime de sa projection dans l'avenir), ne supportant plus la vision de ce qu'il considère être notre destin collectif.

Souvent comparé à Taxi Driver pour son côté lente descente aux enfers, Driller Killer n'est finalement avec le temps qu'un film assez mal fichu aux compositions scéniques malhabiles. On y sent l'influence omniprésente de Cassavetes que Ferrara ne régurgite ici que partiellement, oubliant au passage que même dans le cinéma vérité l'action conjuguée scénario-acteurs reste essentielle.

Finalement, les seuls intérêts, au demeurant non des moindres, de Driller Killer, résident aujourd'hui dans sa propension à annoncer les futures intentions du cinéaste (un rapport direct peut en effet être établi entre Driller Killer et l'incontestable chef-d'œuvre qu'est Bad Lieutnant), ainsi que d'énoncer les règles de ce qui deviendra le sous-genre le plus populaire des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix dans le cinéma américain. Un comble en forme d'épitaphe pour un cinéaste dont la volonté d'être toujours en marge a fini par devenir une norme mercantile.

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