Critique : Cabaret équestre

Par Eric Dumas
31 août 2004
MAJ : 28 octobre 2018
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Fondateur du théâtre Zingaro, Bartabas, depuis 1984, mêle avec habileté et intuition chevaux, musiciens, danseurs et acrobates. Il a inventé une nouvelle forme théâtrale, alliance subtile de chorégraphies équestres et de musiques du monde : le théâtre équestre. Après avoir édité les deux longs métrages de Bartabas, Mazeppa et Chamane, MK2 sort l’intégrale des spectacles du théâtre Zingaro en DVD.

Plus qu’une captation de l’œuvre telle qu’elle a été présentée entre 1984 et 1990 au fort d’Aubervilliers, Cabaret équestre (dans son format film et DVD) est un mélange de théâtre filmé et de fiction. Avec des travellings qui semblent plonger le spectateur dans le quotidien de la troupe, des ralentis somptueux mettant en valeur l’effort, un véritable travail de montage et de raccords dans les mouvements, Jacques Malaterre et Bartabas ne se contentent pas de retranscrire les « numéros » tels qu’ils pourraient être perçus, mais offrent une seconde personnalité au spectacle.

Entre ambiance feutrée (où la douceur et l’âpreté du velours rouge enveloppent le spectateur) et clinquant, piquant les yeux d’éclats lumineux d’un lustre-encensoir de cristal, la représentation mélange les éléments. Religion et matérialisme, roulottes et fauteuils moelleux, bar et corbillard, musiques tziganes, hongroises et cornemuses irlandaises, les paradoxes façonnent un noyau aux racines pluridisciplinaires. En revendiquant une identité nouvelle, cet art mêle luxe et brocante baroque, au sens noble du terme.

Ce qui fait la force du spectacle, c’est sa puissance, son côté brut. Dans la sciure, dans le foin, dans le vin et dans la fumée, hommes et bêtes se rencontrent pour se confronter et s’apprécier. La relation nouvelle n’est pas une opposition, mais un rapport respectueux qui fait perler la sueur de la difficulté et de la lutte. Comme le rappelle si bien Bartabas, un art devient majeur lorsqu’il véhicule des émotions. Le dressage est un art à part entière.

Dernière raison de ce succès, la proximité avec le public. Hommes, femmes, jeunes et vieux se retrouvent si proches de l’action que le souffle chaud des animaux, le bruit des respirations et l’air déplacé abolissent la frontière du spectacle et ramènent au contact immédiat des présences physiques.

Moins poétique que les autres œuvres, mais plus authentique dans l’activité, Cabaret équestre fascine par sa propre découverte de nativité et ses « numéros » poético-comiques. La magie reste intacte et continue à fasciner.

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