Alors, que cachait donc tout ce mystère entourant la production du film ? Et bien finalement ni plus ni moins qu’une énorme baudruche gorgée d’eau, et certainement pas bénite pour deux sous, en dépit des moyens mis en uvre (il serait question d’un budget de 125 millions de dollars) avec un tournage entre Londres et Paris et notamment au musée du Louvre, l’un des sites les plus onéreux qui soit. Au moins, les producteurs et les spectateurs en auront pour leur argent car les 30 premières minutes s’y déroulant sont, pour ainsi dire, les plus « passionnantes » entre une présentation des premières énigmes à mi-chemin entre sciences, arts et religions qui laisse augurer un petit thriller des plus sympathiques, et celle des différents protagonistes en quête d’un même Graal.
Ces chasseurs de trésors plutôt austères et convaincants dans l’ensemble (et tant pis pour notre Bezu Jean Reno et la légendaire (in)compétence policière, toujours les derniers arrivés sur les lieux) sont d’ailleurs la seule vraie bonne note du film, celles du compositeur Hans Zimmer à grand renfort de violons (au sens propre comme figuré) finissant par nous endormir profondément mais ont néanmoins le mérite d’être en parfaite osmose avec l’ensemble. Car, effectivement, sitôt la pyramide du Louvre loin derrière, point de salut dans ce jeu de pistes entre rébus, charades et autres casses têtes chinois à mi-chemin entre 24 heures chrono (l’action se déroule sur une seule journée, les pauses casse-croûtes, pipis et dodos étant interdites, le salut du monde chrétien étant en jeu) et Indiana Jones.
Mais là où l’archéologue au feutre mou nous entraînait dans des aventures palpitantes, son alter ego de la symbolique (et sans chapeau, ceci expliquant peut-être les idées en l’air) nous enivre d’explications verbeuses mêlant sans vergogne Saint Graal, Templiers (Benjamin Gates passerait presque pour un film réussi et pédagogique en comparaison, c’est tout dire), Opus Dei, Marie-Madeleine et autres Jésus-Christ entrecoupées d’innombrables petits flash-backs qui alourdissent plus qu’ils n’éclaircissent la narration (le montage et le cadrage épileptique n’aidant guère là encore). Car le dernier point néfaste, et non des moindres, du Da Vinci Code n’est certainement pas le sérieux avec lequel tout ce méli-mélo nous est déclamé, finissant par rendre l’ensemble un peu plus comique à chaque nouvelle résolution d’énigme (le must : l’explication du tableau dit de La Cène, soit un brillant cours de catéchisme revue et corrigée en 10 minutes top chrono).