Critique : Terreur sur la ligne

Etes-vous allée voir les enfants ?

Si cette phrase vous glace le sang, c'est qu'un jour vous avez vu ce qui constitue l'un des sommets du cinéma de terreur, un certain Terreur sur la ligne. Film totalement méconnu tout comme son auteur qui n'a jamais su retrouver l'inspiration géniale qui lui permit en 1979 de signer ce modèle d'effroi. Terreur sur la ligne (titre plus évocateur que le mystérieux titre original, When a Stranger calls) propose tout simplement les vingt premières minutes les plus éprouvantes jamais vues sur un écran (on exagère à peine).

Le mieux est de ne rien savoir sur ce qui va se passer et de voir comment Fred Walton arrive à faire monter la tension à son paroxysme avec un décor unique (une maison de banlieue), une seule personne à l'écran (une jeune baby-sitter venue garder deux enfants), un téléphone, sa sonnerie et enfin une voix calme et étrange. Avec un sens du cadrage et du tempo inouïs (tout est ici dans l'art de prolonger les moments de suspense afin de les transformer en angoisse pure), le cinéaste nous offre un condensé de peur prodigieux qui marque tous ceux qui ont eu la « chance » de le voir et ce n'est pas Wes Craven et Kevin Williamson qui diront le contraire, au vu du prologue de Scream.

La suite n'est malheureusement pas du même acabit car bien plus classique et conventionnelle. Jusqu'au final où de nouveau, Fred Walton s'autorise une séquence de terreur dans la lignée (en moins fort tout de même) de son ouverture mémorable, histoire de boucler la boucle. Une triste métaphore avant-gardiste pour un réalisateur qui ne retrouvera qu'une partie de son talent en remekant purement et simplement son oeœuvre maîtresse en 1993 pour les besoins de la télé (When a stranger calls back - Appel dans la nuit, suite efficace mais sans saveur). Qu'importe finalement puisqu'avec ce coup d'essai, Walton est parvenu à signer un film mémorablement effrayant qui changera à jamais votre rapport avec la sonnerie du téléphone.