Jean-Philippe : Critique

George Lima | 20 mars 2006
George Lima | 20 mars 2006

On a tous en nous quelque chose de Johnny. Les spectateurs de Jean-Philippe ne sauraient démentir. Que votre connaissance en Johnny soit très limitée ou sans failles, que vous soyez fan du monsieur ou non, la comédie de Laurent Tuel activera vos zygomatiques et titillera le fan inavoué qui sommeille en vous. Et ce dès la scène d'ouverture. Luchini, fan très habité de Jojo, y vit «L'envie», le casque de son baladeur sur les oreilles et les fourmis dans les jambes. Et le film de démarrer sur les chapeaux de roue et de nous installer dans un rythme et un dynamisme effrénés qui ne subiront aucune baisse de régime 1h30 durant. Rares sont les comédies françaises qui dernièrement avaient relevé le pari.

Exempt d'un humour franchouillard lourdingue, de toute vulgarité et de grosses ficelles gagesques, Jean-Philippe redonne espoir en un genre que l'on croyait très essoufflé dans l'Hexagone. Sa méthode: le clin d'oeil et la mise en abîme. Johnny la star et Jean-Philippe Smet (son nom de baptême) se confondent et se confrontent pour révéler des parcelles de vérité sur chacun. Jonglant avec l'image médiatique et le statut d'idole de Johnny, le film de Laurent Tuel met à bas les préjugés en parodiant vie privée et publique de la star. Sans méchanceté ni jugement mais avec beaucoup de subtilité et une parfaite maîtrise du comique de situation. Jean-Philippe déteste ainsi le cuir, collectionne les mini Harley et rêve de rencontrer Nathalie Baye, son actrice préférée.

Fort d'un naturel et d'un second degré qu'on ne lui connaissait pas, Johnny s'amuse et nous bluffe dans la peau de ce patron de bowling dont la ringardise vestimentaire n'a d'égal que ses talents cachés de chanteur. De son premier contrat dans une maison de retraite au grand show final, son apprentissage est d'une incroyable drôlerie. Rythmé par le thème de Rocky, la séquence de métamorphose physique (coiffure, fringues, musculature...) s'inscrit dans la droite lignée des comédies américaines dans lesquelles Mr tout le monde devient quelqu'un. Une influence qui semble s'expliquer par le choix du sujet (Johnny est un grand admirateur des States).

 

 

Mais Jean-Philippe ne saurait devenir légende sans son révélateur. Inattendu puisqu'issu d'une autre sphère artistique et intellectuelle, Fabrice Luchini aura pourtant rarement été aussi juste que dans la peau ordinaire de ce cadre moyen fan de l'artiste. Doté de la verve naturelle et du décalage lunaire de l'acteur, le personnage n'en reste pas moins lambda et humain. Débarrassé des névroses et atermoiements inhérents à la plupart de ses rôles, Luchini met tout le monde d'accord en s'écartant de son registre habituel. Fini les grandes envolées rhétoriques et la masturbation psychologique. Aujourd'hui, Fabrice aveuglé à l'écran par la déconcertante ressemblance de Jean Philippe avec Johnny, lui pisse dessus lors de leur première rencontre et lui récite amoureusement les paroles de Que je t'aime en simulant un micro avec le pied d'une chaise.

Admirateur de Johnny à la ville, Luchini s'investit à corps perdus dans ses morceaux chantés. Dans les leçons de Johnny comme dans les séquences d'ouverture dans lesquelles son personnage est légèrement imbibé d'alcool, le comédien prend un plaisir non dissimulé à réinterpréter le répertoire de la légende. Le faisant ainsi redécouvrir avec plaisir et hilarité au spectateur, même le plus allergique. Ce talent d'interprète, l'acteur aussi célèbre pour son amour de Céline que pour celui de la variété française, l'aura d'ailleurs prolongé en enregistrant un des titres du générique avec Johnny Hallyday.

 

Résumé

Pour lui comme pour son compère, Jean-Philippe est le film du déclic. Celui qui révèle au grand public Fabrice le chanteur et Johnny l'acteur.

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commentaires
piafo
12/12/2017 à 02:11

j'ai adoré

ll
07/12/2017 à 16:07

bof

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