Critique : Le Temps des porte-plumes

Un étrange phénomène est apparu il y a peu dans le paysage cinématographique français. Bouleversant les spectateurs et les plus précises prévisions du box-office, on s'est soudain surpris à s'emballer pour un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Des Choristes ouvrirent la voie alors que des Fautes d'orthographe s'y engouffrèrent. La nostalgie s'empare de la France et de Daniel Duval.

Pippo, bonhomme haut comme trois pommes, fort d'un caractère déterminé, découvre des parents de substitution en Gustave et Cécile, dans une campagne qui lui est totalement étrangère. Son appropriation du monde extérieur, sa familiarisation avec une famille donnée d'office, forgent les 9 ans de ce petit garçon secret et sauvage. Comme un livre, on suit au fil des pages-images l'évolution de ce héros en culotte courte, Raphaël Katz, habilement choisi. Un casting réadapté après un premier choix il y a vingt ans, lorsque est née l'idée du Temps des porte-plumes. Là où Jean Carmet et Jacques Villeret devaient passer, Jean-Paul Rouve réussit à trouver son ton en se vivifiant d'une telle pression.

Annie Girardot, Anne Brochet, Lorant Deutsch et Denis Podalydès viennent compléter une bien riche distribution. Les anecdotes se multiplient, empreintes d'une authenticité directement issue de l'enfance du cinéaste. Une histoire simple, fraîche, que l'on suit sans ennui mais sans non plus l'émotion et le bouleversement que l'on espérait. La froideur de Cécile-Anne Brochet déroute, même si l'instituteur Podalydès amuse. Alors si l'engouement pour ce temps d'antan peut participer au succès du film, il risque également de le desservir. L'étonnement laisserait place au déjà-vu bien que le projet de Barratier soit né après celui de Duval. Est-ce à dire que ce Temps de porte-plumes souffre d'un mauvais timing ?