Critique : Palais royal !

Aurélie Mayembo | 19 novembre 2005
Aurélie Mayembo | 19 novembre 2005

Vous rêviez d'un film sur Lady Di ? Valérie Lemercier l'a fait. Non pas une biopic pesante et hagiographique, mais plutôt une relecture bien sentie du personnage et du mythe. Une référence omniprésente qui constitue le point fort du film en même temps que sa propre limite. Palais Royal ! relate le destin d'une femme lambda mariée à un prince qui accède au trône par un concours de circonstances. Absolument pas préparée à sa fonction, Armelle va découvrir en même temps que le spectateur cet univers familier bien qu'imperméable.

Immersion savoureuse dans l'univers des têtes couronnées, le film de Valérie Lemercier a le souci de montrer l'envers du décor, en imaginant ce que les rois et reines se disent sur les balcons lors de saluts à la foule… Cet envers des choses est d'autant plus appréciable qu'il met au grand jour les intrigues, les coups bas et les piques d'une famille finalement très ordinaire. Il faut dire que le casting est particulièrement efficace, bien que prévisible : si l'on peut regretter que Lambert Wilson nous resserve grosso modo ses rôles de bourgeois hédonistes et que Catherine Deneuve soit une reine mère un peu trop évidente, la présence de Mathilde Seigner avec la panoplie serre-tête / Cyrillus est une très bonne idée tout comme le rôle de frère aigri joué par Michel Vuillermoz.

Face à cette galerie de personnages répondant à des archétypes (la belle-mère vacharde, la belle-fille soumise, le frère aîné responsable et le cadet immature), il y a Armelle, poil à gratter involontaire dans le fonctionnement de la royauté. Rôle en or, écrit et joué par Valérie Lemercier, Armelle permet, en premier lieu, à l'humoriste de se glisser dans son personnage bien connu de bourgeoise coincée. Ne s'épargnant aucune humiliation (un briquet est coincée entre les deux fesses lors d'une séance de musculation !!!), l'actrice-réalisatrice réserve quelques scènes hilarantes où son personnage se cogne brutalement à la rigidité de l'étiquette et à ses dommages collatéraux…

Laissant de côté le choc des cultures, le film prend une tournure différente à partir du moment où Armelle s'aperçoit que son mari la trompe. Décidée à se venger, elle se métamorphose en manipulatrice sournoise et clone vachard de Lady Di. Multipliant les clins d'œil appuyés, Valérie Lemercier montre la naissance d'une idole des temps modernes. Son analyse de la machine médiatique est très pertinente. Cela lui donne l'occasion de montrer son personnage sous un nouveau jour et de signer une très réjouissante « revanche d'une brune ».

Cette montée en puissance d'Armelle éclipse malheureusement les autres personnages (que deviennent Mathilde Seigner et Bruno Podalydès dans la deuxième partie du film ?). À trop copier/coller la vie de Lady Di, le scénario perd toute force et s'achève comme un pétard mouillé (ou comme une voiture sortant du Ritz, c'est à voir!). Au délire maîtrisé, succède une mégalomanie assumée qui tend à faire de Palais Royal ! un immense one-woman-show… et une bonne idée qui ne tient pas toutes ses promesses.

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