Compte-rendu du festival de Dinard

Audrey Zeppegno | 18 octobre 2005
Audrey Zeppegno | 18 octobre 2005

Être l'invitée presse d'un festival de films : une première. Inespérée aubaine. Plus habituée à galérer sévère pour assouvir ma fringale cinéphile qu'à compter parmi les sous sommités gracieusement conviées à ces sauteries entre professionnels de la profession cinématographique, je saute sur l'occasion - trop belle - d'être reçue en tant que journaliste aux frais de la princesse.. La mission, elle est déjà tout acceptée, n'implique malheureusement pas un voyage aux antipodes, - faut pas rêver à des latitudes inaccessibles non plus - mais un week-end express à Dinard. Connais pas moi ce coin-là de l'hexagone.. Hauts les cœurs ! L'aventure, c'est l'aventure. De toute façon, tout ou presque vaut mieux qu'un dimanche passé sous la grisaille parisienne, en cette arrière-saison bâtarde et pluvieuse. Fissa, illico presto, le rendez-vous est donné gare Montparnasse aux environs de midi.. L'heure de l'escapade est annoncée. À peine foulés les couloirs envahis du lieu-dit de partance, que l'avenante voix de la speakerine SNCF annonce aux honorables membres des festivités dinardiennes qu'ils sont cordialement attendus voie 2. Jusque-là, l'organisation de l'évènement frise l'exceptionnelle exception. À moins que cela ne soit qu'une vue idéalisée émise par un esprit naïf en proie à une toute première fois… S'ensuit un voyage imprégné d'une drôle d'odeur de colonie de vacances où l‘on se sentirait comme une jeunette pièce rapportée, avec trajet en bus à la clef, bienvenus enjoués des gentils accompagnateurs, et charmante visite guidée des environs.. Même le soleil est de la partie.

Dinard.. Comment dire ? C'est une bourgade charmante. Parfaite pour une interlude romantique entre amoureux. Plus intimiste que Cannes, et surtout, beaucoup moins tape-à-l'œil… Voilà pour le plan d'ensemble.. On s'en arrêtera-là dans cette esquisse iodée de carte postale.. Une bouffée d'air marin, et le rythme du festival à prendre. Horloge interne à régler sur le tempo moderato cantabile… Car nulle frénésie ne prend aux tripes ici-bas, et ce, en dépit d'une sélection bien fournie et d'un laps de temps imparti étriqué.. La faute, de toute évidence, à une programmation mal agencée, où tout arrive au même moment, obligeant le pauvre passionné de cinéma à faire des choix cornéliens. Comme quoi, trop de sollicitations simultanées réduit à peau de chagrin les occases offertes aux grands consommateurs de pellicules que nous sommes.. C'est dans ces cas-là que l'expression « avoir l'embarras du choix » prend tout son sens, voyez-vous ? Consumérisme, quand tu nous tiens, même le monde calfeutré des salles obscures ne tourne plus rond. Frustrations…

Passons ce bémol et zappons la case accréditation pour bondir d'un grand flash forward vers le pot de bienvenue et la séance d'ouverture. Pour les connaisseurs amateurs de ce type tout particulier de séminaire d'entreprise filmique, il est possible de tracer un léger parallèle entre Dinard et Deauville.. Consonne, voyelle, des jeux de lettres, similarités des sites géographiques, plages, casino… Les beuveries gargantuesques en moins. L'ambiance ne se prête sans doute pas à de tels excès.. Bref, un simili de ressemblance mais pas mal de dissemblances. Un simple tour d'horizon des réjouissances prévues au programme suffit à s'en persuader. Les cocktails ressemblent plus à des dégustations de grands crus du pays qu'aux orgies décadentes de rigueur sur la côté d'Azur, la faune de notables qui s'y presse n'inspire pas non plus à la franche camaraderie de comptoirs. Rien de très folichon. La réception bât son plein au cliquetis d'un métronome lancinant. En attendant, ne reste plus qu'à savourer les millésimes, le verre à la main, et l'œil aux aguets, histoire de vérifier si quelques visages familiers daigneraient par miracle percer notre périmètre proche. Panoramique à 380°, personne à se mettre sous la dent au moment présent. Jusqu'à ce que… Tiens ! Arrêt sur image : Tom Novembre, éminent membre du jury, entre en collision dans mon champ de vision….

C'est alors que l'heure des sermons officiels arrive. Silenzio ! Tout est de bon ton : des discussions égrainant les politesses d'usage, au speech calibré de madame la mairesse, en passant par les petits fours cent pour cent pur sucre.. Et, lorsque la majorité de hautes sphères du coin en vinrent à regagner leurs masures taillées dans la pierre, les envoyés spéciaux bombardés sur les lieux s'interrogèrent quant à eux sur les ressources dinardiennes en matière de fiesta. Où entamer la soirée après cet amuse-gueule se demandèrent-ils à voix basse, histoire de préserver le mythe.. Le tapage nocturne est-il autorisé dans l'intimité toute relative de nos chambres d'hôtel ? Mystère.. Et circonspection. En attendant que la nuit noire ne couvre nos instincts de débauchés, pourquoi ne pas céder à la curiosité qui nous assaille en assistant à la cérémonie d'ouverture ? Peut-être est-ce là l'occasion ou jamais de prendre de bonnes résolutions avant l'heure.. Disons « oui » à la rédemption par le cinéma, et vaille que vaille, allons voir Yes. Le Bar Lounge Grand Marnier mis à la disposition des boit-sans-soif que nous sommes attendra… Portée par cette élan de sagesse inespérée, je traîne mes basques jusqu'au Palais du Festival, sorte de mini-moi riquiqui du bunker qui domine la Croisette et du CID qui longe les planches.

Ma dévotion à la Bonne Attitude n'ayant plus aucune limite en cet instant, je pousse la servitude jusqu'à obtempérer aveuglément aux directives dispensées au sein du press-book qui nous a été distribué à notre arrivée. (lequel précise bien alinéa 3 du paragraphe 7, je cite : « qu'en ce qui concerne les séances d'ouverture et de clôture, les heureux détenteurs des badges oranges (Présente !) devront préalablement retirer leurs places à la billetterie, sans quoi tout accès leur serait refusé »). Je me plante donc, sage comme une image, devant l'entrée réservée à cet effet. À la vue de la file qui s‘étire en d‘infinies longueurs face à moi, une centaine de personnes doivent y faire le pied de grue depuis belle lurette. D'une coolitude de maître zen shooté à l'oxygène pure, je ronge mon frein, telle la dernière des Mohicans cernée de toute une noria d'ardents cinéphages. Pour faire passer le temps, je dresse une liste d'hypothèses susceptibles d'expliquer la chose : c'est le premier jour, la machinerie n'a pas encore pris son rythme de croisière ; les ouvreuses ont certainement mal potassé les horaires des projections ; ou alors, la ponctualité ne rentre peut-être tout simplement pas dans leur absolue priorité, voilà tout.. Pas grave.. En de telles circonstances, ne reste plus qu'à réajuster sa petite laine, s'en griller une, et attendre… De toute façon, la faible dose d'alcool ingurgitée lors de l'apéro dinatoire ayant précédé, a grandement eu le temps de faire son chemin, d'où lente distillation dans le sang, ce qui a pour effet de me plonger dans le doux flottement d'un comas où les notions d'espaces et de temps prennent des mesures tout à fait relatives.
Pour tout dire, je m'apprêtais à me laisser bercée par cette nonchalante vague éthylique une poignée de minutes supplémentaires, lorsque soudain, un mouvement de foule transie me sortit de ma torpeur. C'est l'anarchie. Las d'être manœuvré comme un troupeau de moutons dociles que l'on somme de se parquer en rangs d'oignons sans qu'aucune information ne leur soit délivrée, le peuple a décidé de prendre le pouvoir. C'est la révolution. Les spectateurs revendiquent leur droit au divertissement, et envoient copieusement balader ceux qui les en en privent. D'un élan solidaire, le public a pris le parti de s'engouffrer dans la casemate par la grande porte, et c'est ainsi que le capharnaüm régna, et que Dinard trembla.. La déferlante humaine eût tôt fait de créer un bordel monstre, et la punition divine ne tarda pas à tomber. Désirant mâter au plus vite l'insolence de leurs assaillants, les membres de l'équipe du festival opérèrent une sélection drastique. Au grand désespoir de tous les autres, et à ma seule et égoïste satisfaction, seuls les accrédités marqués au fer orange, purent bénéficier d'un passe-droit…et s'infiltrer dans les lieux en priorité.. Les autres.. Et bien, les autres décrocheront leurs sésames au prix d'une patience d'or.. C'est trop injuste, je sais, mais bénie soit ma fulgurante ascension hiérarchique...

Cafouillage... S'il fallait qu'un terme résume cette séance plénière d'ouverture, celui-ci serait sans aucun doute le mieux approprié... Car, en guise de chaleureux applaudissements, Madame la mairesse et monsieur le directeur artistique durent se contenter de huées de mécontentement… Rapport à la débandade ci-dessus mentionnée, une bonne partie de l'audience fit entendre aux représentants des lieux leur profond mécontentement... La pointe de gêne manifestée par les orateurs, suivie des plates excuses de l'ordonnateur de la manifestation, ne suffisent pas à calmer les esprits… La rixe menace… Et il est fort à parier que si certains d'entre-nous avaient fait une visite express chez le maraîcher avant de se rendre à cette projection des plus convoitée, une pluie de tomates aurait alimenté le tableau d'une giclée d'un rouge cinglant. Arrive alors Zorro, l'homme qui tombe à pic, j'ai nommé Lord Charles Dance, président de 16e édition, charismatique en diable, qui prend le parti d'arrondir les angles et d'apaiser les tensions en faisant preuve d'une savante démonstration d'humour british… « Bienvenus au tournoi de Golf de Dinard. Le temps est au beau fixe, mais si jamais il vient à pleuvoir, l'équipe du festival met à votre disposition une sélection de films britanniques qui vaut le coup d'oeil ».. L'ambiance se détend.

Yes
Romance multiethnique, écrite en réaction immédiate au 11 septembre, YES emprunte une esthétique brouillonne aux impulsions quasi-documentaires pour capture le coup de cœur d'une femme et d'un homme que tout sépare si ce n'est la nature des sentiments qui les lient l'un à l'autre. Elle, scientifique bon chic bon genre, irlandaise naturalisée américaine, engoncée dans le décorum épuré d'un mariage de façade froid comme une tombe. Lui, émigré venant du Moyen-Orient, ex-chirurgien ayant troqué sa blouse blanche contre le tablier maculé d'un cuisinier. Délaissée, transparente aux yeux de son politicard dragueur de mari, l'épouse moribonde s'abandonne volontiers dans les bras de cet étranger au charme exotique qui la traite comme une reine. Le grand écart, et quelques siestes crapuleuses plus tard, l'idylle tourne fatalement au vinaigre.. Le fossé se creuse, la tentative de métisser races, classes et religions capote. Et les rancoeurs s'exacerbent. Ponctuée de quelques beaux moments servant d'écrins à Joan Allen, toujours impeccable, cette ritournelle abuse d'une logorrhée ampoulée qui détonne du contexte contemporain abordé. Vraisemblablement incapable de réfréner ses ardeurs poétiques, Sally Potter provoque un déphasage qui nous fait décrocher. Et ses interprètes de nager vaillamment à contre-courant de ces flots de paroles emphatiques, dans l'espoir d'insuffler un tant soit peu d'homogénéité et de naturel à l'entreprise. Pas facile de rester crédibles lorsque l'on a à entonner des lignes et des lignes de dialogues maniérés..

Colour me Kubrick
Brodant sur la thématique rageusement en vogue de la quête de cette sacro-sainte célébrité qui semble obnubiler tout un chacun, Colour me Kubrick retrace l'histoire d'un escroc ayant trompé son monde en usurpant l'identité du réalisateur culte de Shining. Dans le rôle de cet hurluberlu fantasque qui transforme son quotidien en un vaste numéro de cirque, faute de jouir du statut tant convoité de very important people, John Malkovich livre un grand spectacle. A la quintessence de son art schizophrène, en doux dingo ravagé par l'alcool et par sa faiblesse de cœur pour les jeunes bellâtres intéressés, celui qui a déjà prêté sa peau aux incarnations à répétition imaginées par Spike Jonze, campe avec un plaisir manifeste ce pauvre hère cyclothymique en permanente représentation. Inspiré des frasques d'un personnage réel, ayant vécu une grande partie de son existence par procuration, Colour Me Kubrick se construit comme un puzzle qui accolerait l'une après l'autre les entourloupes les plus croustillantes du gentleman flagorneur. Sauf qu'à force d'assembler ces coups d'esbroufe qui se ressemblent, la mécanique du film tourne rapidement à vide, et finit par se borner à reproduire à l'identique une situation mensongère dont seuls les seconds couteaux changent.. A l'originalité des premières séquences, succède donc bien vite un sentiment de lassitude doublée de l'envie d'en savoir plus sur ce triste clown. Un intérêt malheureusement laissé en suspens, Brian Cook continuant à se répéter jusqu'à l'écoeurement. Et mon sentiment de frustration redouble….

Festival
A la fatidique question « que voir parmi tous ces écrans disponibles ? », le commun des spectateurs vous répondra en fonction de ses centres d'intérêts égotistes.. Dépourvu du moindre renseignement concernant le panel d'option disponible, innocent, et vierge de tout a priori critique, comme une page blanche en panne de commentaires, le cinéphile aguerri se focalisera sur les rares éléments transitant jusqu'à lui.. Soit : le catalogue de la manifestation, le curriculum du réalisateur, le nom des acteurs, et par défaut, l'ultime recours subjectif, la photographie choisie pour illustrer l'objet visible non identifié. Dans le cas de Festival, c'est précisément cette vignette minimaliste qui a pesé sur ma décision.. Les visages qui s'y dégagent rivalisent de loufoquerie, et puis, une fiction axée sur un festival de comédie, soit le faux-semblant de ma situation projetée dans un film - et savoureuse mise en abyme - ne pouvait qu'attiser ma curiosité.. Nous voilà donc partis pour visionner ce premier film, dans l'expectative évidente d'une bonne surprise.. Pari exaltant, tenté pour le pire et pour le meilleur.. Dans ce cas de figure, c'est quitte ou double, rarement mi-figue, mi-raisin.. Soit on aime, et l'inconnu devient étrange objet d'affection, soit on déteste, jurant ses grands dieux qu'on nous y reprendrait jamais à se risquer à de telles découvertes filmiques. Le goût du risque et de l'aventure n'aboutit pas ici à la découverte d'une perle rare.. Pour la simple et bonne raison que ce film si singulier nous apparaît toujours comme une espèce bête curieuse à l'issue de sa projection. D'où l'impossibilité de trancher.. Il y a du pour et du contre, comme une montagne russe, le wagon dans lequel nous avons embarqué à l'aveugle, nous a brinqueballés entre hauts et bas, infimes plaisirs et rejets pulsionnels, entre scènes attachantes, éclairs désopilants, morceaux de bravoures débilitants et visions trash qui ne servent à rien sinon à choquer pour le simple plaisir de montrer ce qui ne se fait qu'à de très rares exceptions de l'autre côté de la Manche, et pour ainsi dire jamais outre-Atlantique. Pour sûr, ce long métrage donne libre court aux desideratas antinomiques de sa réalisatrice Annie Griffin qui, forte de sa carrière de one woman show, s'en donne à cœur joie, trop heureuse de greffer à ses élucubrations comiques un vécu sidérant. Seulement voilà, si son comique de situation grotesque a fait rire à gorge déployée une frange non négligeable de la salle, il ne m'a soutiré que quelques sourires en coin.. Manque de compatibilité de nos sens respectifs de l'humour sans doute… Festival m'a saoulée mais ses protagonistes m'ont attendrie… Va comprendre….

Encore un peu, et j'en déduirais qu'il y a toujours quelque chose à sauver dans un film… Comme quoi, trop bonne, trop conne… Heureusement, l'ultime projection du jour vient à point nommé infirmer cette idée saugrenue… Malheureusement pour les franco-frenchies du genre patriote, le long métrage servant d'antithèse à cette théorie idéaliste, porte l'emblème souverain de Valérie Lemercier. Présenté en raison de ses lointaines racines britanniques, Palais royal délivre une satire à peine exagérée du tragique destin de Lady Di, avec la miss Lemercier dans le rôle titre, Lambert Wilson en version physiquement améliorée du Prince Charles, Catherine Deneuve dans la peau guindée de la Reine Mère, Mathilde Seigner en Camilla Parker Jones un rien plus glamoureuse, et Maurane en alter ego d'Elton John… Vaste programme ! Sauf qu'à l'exception des lecteurs arriérés de Feu Hola ! et autres fanatiques de Point de vue, l'histoire de cette oie blanche nigaude qui se métamorphose en monstre de perversion sous la pression médiatique que lui inflige son nouveau rang de femme de…, ne passionnera pas grand monde… Tiraillé dans toutes les langueurs, entre une exposition qui met des lustres à installer son intrigue et des situations qui n'en finissent plus de varier sur les mêmes thèmes pseudo comiques, Palais royal fait la même impression que ces mariages princiers trop tape-à-l'œil. Chacun y va de ses effets de manche ostentatoires, dégainant la traîne de dix mètres de long, les toilettes griffées, les pièces montées de la stature de l'Himalaya, les pauses convenues et les rictus de circonstance, pourtant l'avènement échoue à créer l'évènement… Et c'est ainsi que le soufflé retombe lamentablement. Le roi est mort, vive le roi !

Jusque-là, ni coup de cœur ni gueule de bois. L'électrocardiogramme balance en un entre-deux mitigé. Nul affolement. Pourtant, à peine arrivé, qu'il faut déjà songer à vider les lieux. La remise des prix est pour ce soir, fixée à 18h30 pétantes. Déconcertante compression du temps… nous entamons donc ce jour d'aboutissement, avec à l'esprit le but ultime de cette escapade, celui qui ferait se damner n'importe quel gars normalement constitué : l'interview des gazelles enragées du film frisson The Descent. Pour mener à bien cette mission, direction l'hôtel Thalassa, le havre de paix hôtelier le plus retiré du centre-ville… Tandis que les membres du jury sirotent une dernière coupe en terrasse avant de débattre des films à récompenser, une poignée de photographes attendent en frétillant que les bombes anatomiques castées par Neil Marshall se prêtent à leur séance de pause. Notre heure arrivera après ce shooting. Quelques minutes à observer le défilé de clients qui filent à leur soins de thalasso emmaillotés dans leurs peignoir en pilou blanc, et voici venu le temps de nous entretenir avec Shauna MacDonald, Saskia Mulder et Nora- Jane Noone. Ces trois drôles de dames ne sont pas avares de commentaires. Pour en savoir plus sur ce cette discussion entre filles, furetez donc sur les liens du site (Pour vous aidez, c'est ici ! -NDLR). Vous entreverrez alors ce que ces trois apparitions auraient pu causer de dommages cérébraux sur l'esprit fragile de tout mâle qui se respecte.. L'entretien dans la poche, gravé par les miracles technologiques d'un enregistreur flambant neuf, je file à la projection du seul film qui soit en mesure de s'encastrer dans mon emploi du temps, en croisant les doigts pour qu'il fasse partie du palmarès. Parce que c'est bien joli cette programmation d'écrans simultanés qui nous laisse toute la liberté de flâner faute d'un enchaînement approprié… Mais bon, avec tout ça, moi je n'ai pu voir que la moitié des films en compétition...

Alors, parions sur My father's den, cette co-production néo-zélandaise de Brad McGann qui appelle au voyage.. Les yeux grands fermés, les spectateurs qui s'y sont amassés et laissés portés ont décroché la timbale.. Salué par les louanges du public, l'unanime enthousiasme du jury et gratifié du Prix de la meilleure photographie, ce premier film a raflé toutes les mises, y compris l' Hitchcock d‘or, consécration des consécrations. A ce jour, impossible de savoir si ce petit bijou trouvera un distributeur en France. Ces questions de diffusion et de visibilité des films étrangers sur les territoires nationaux furent d'ailleurs longuement débattues lors de la conférence de presse que Régis Wargnier et ses comparses jurés donnèrent à l'issue du festival. Comment parler de MY My father's den à sa juste valeur ? Si par miracle, quelques copies de cet opus marginal, merveilleusement interprété par des visages inconnus, passent la douane Française, à quels trésors de nuances grammaticales faut-il avoir recours pour promouvoir ses qualités à leur juste valeur ? Mystère… et boules de papier chiffonnées à force de s'escrimer sur cet exercice de style pour le moins délicat.. Allez, jetons-nous à l'eau, Dressons une liste aléatoire de ses multiples pouvoirs d'attraction.. De prime abord, My father's den nous fait miroiter un secret, pierre de touche d'une histoire de famille dont on dira un minimum, car qui dit secret, dit obligation pour le journaliste de tenir sa langue, sous peine de se faire lapider par les spectateurs pour avoir oser prononcer un malheureux mot de trop.. Le port de la muselière étant obligatoire, on se contera d'évoquer les retrouvailles de deux frères sur fond d'un paysage ensorcelant, lesquelles font remonter à la surface tout un méli-mélo de ressentiments, partagés entre nostalgie, règlements de compte, révélations et l'espoir d'un renouveau qui pointe à l'horizon.. Rien n'y est linéaire. Chaque protagoniste conserve sa part d'opacité. Le flou artistique plane, et nous sombrons envoûtés. Moralité : ne vous fiez pas aux apparences, dans le cas de ces deux heures d'une obscure expédition néo-zélandaise où le linge sale se rince à l'eau claire le prouvent, l‘aventure mérite d‘être vécue. Satisfaction garantie.

Belle façon de terminer ce Festival… Récapitulons : je n'ai pas pu assister a l'étude comparative des courts métrages pondus par les élèves des deux plus prestigieuses écoles de cinéma franco-britanniques mais, connaissant la tendance nombriliste des chères têtes blondes de la FEMIS, la préférence accordée à la loufoquerie des protégés anglais de la National Film and Television School ne m'étonne guère.. Et, mis à part le Prix du scénario accordé à Festival en raison de son ton éminemment subversif, mon humble avis concorde presque parfaitement avec les choix affûtés de décisionnaires.

Toutes mes félicitations mademoiselle, vous commencez à bien intégrer les rouages du métier. Encore un petit peu d'efforts, continuez à gravir les échelons, tous les espoirs sont permis.. Sait-on jamais, sur un malentendu, votre pourriez compter parmi les invités du Festival de Marrakech….

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