Compte-rendu du festival de Dinard
Être l'invitée presse d'un festival de films : une première.
Inespérée aubaine. Plus habituée à galérer sévère pour assouvir ma
fringale cinéphile qu'à compter parmi les sous sommités gracieusement
conviées à ces sauteries entre professionnels de la profession
cinématographique, je saute sur l'occasion - trop belle - d'être reçue
en tant que journaliste aux frais de la princesse.. La mission, elle
est déjà tout acceptée, n'implique malheureusement pas un voyage aux
antipodes, - faut pas rêver à des latitudes inaccessibles non plus -
mais un week-end express à Dinard. Connais pas moi ce coin-là de
l'hexagone.. Hauts les curs ! L'aventure, c'est l'aventure. De toute
façon, tout ou presque vaut mieux qu'un dimanche passé sous la
grisaille parisienne, en cette arrière-saison bâtarde et pluvieuse.
Fissa, illico presto, le rendez-vous est donné gare Montparnasse aux
environs de midi.. L'heure de l'escapade est annoncée. À peine foulés
les couloirs envahis du lieu-dit de partance, que l'avenante voix de la
speakerine SNCF annonce aux honorables membres des festivités
dinardiennes qu'ils sont cordialement attendus voie 2. Jusque-là,
l'organisation de l'évènement frise l'exceptionnelle exception. À moins
que cela ne soit qu'une vue idéalisée émise par un esprit naïf en proie
à une toute première fois
S'ensuit un voyage imprégné d'une drôle
d'odeur de colonie de vacances où lon se sentirait comme une jeunette
pièce rapportée, avec trajet en bus à la clef, bienvenus enjoués des
gentils accompagnateurs, et charmante visite guidée des environs.. Même
le soleil est de la partie.
Dinard..
Comment dire ? C'est une bourgade charmante. Parfaite pour une
interlude romantique entre amoureux. Plus intimiste que Cannes, et
surtout, beaucoup moins tape-à-l'il
Voilà pour le plan d'ensemble..
On s'en arrêtera-là dans cette esquisse iodée de carte postale.. Une
bouffée d'air marin, et le rythme du festival à prendre. Horloge
interne à régler sur le tempo moderato cantabile
Car nulle frénésie ne
prend aux tripes ici-bas, et ce, en dépit d'une sélection bien fournie
et d'un laps de temps imparti étriqué.. La faute, de toute évidence, à
une programmation mal agencée, où tout arrive au même moment, obligeant
le pauvre passionné de cinéma à faire des choix cornéliens. Comme quoi,
trop de sollicitations simultanées réduit à peau de chagrin les occases
offertes aux grands consommateurs de pellicules que nous sommes.. C'est
dans ces cas-là que l'expression « avoir l'embarras du choix » prend
tout son sens, voyez-vous ? Consumérisme, quand tu nous tiens, même le
monde calfeutré des salles obscures ne tourne plus rond. Frustrations
Passons
ce bémol et zappons la case accréditation pour bondir d'un grand flash
forward vers le pot de bienvenue et la séance d'ouverture. Pour les
connaisseurs amateurs de ce type tout particulier de séminaire
d'entreprise filmique, il est possible de tracer un léger parallèle
entre Dinard et Deauville.. Consonne, voyelle, des jeux de lettres,
similarités des sites géographiques, plages, casino
Les beuveries
gargantuesques en moins. L'ambiance ne se prête sans doute pas à de
tels excès.. Bref, un simili de ressemblance mais pas mal de
dissemblances. Un simple tour d'horizon des réjouissances prévues au
programme suffit à s'en persuader. Les cocktails ressemblent plus à des
dégustations de grands crus du pays qu'aux orgies décadentes de rigueur
sur la côté d'Azur, la faune de notables qui s'y presse n'inspire pas
non plus à la franche camaraderie de comptoirs. Rien de très folichon.
La réception bât son plein au cliquetis d'un métronome lancinant. En
attendant, ne reste plus qu'à savourer les millésimes, le verre à la
main, et l'il aux aguets, histoire de vérifier si quelques visages
familiers daigneraient par miracle percer notre périmètre proche.
Panoramique à 380°, personne à se mettre sous la dent au moment
présent. Jusqu'à ce que
Tiens ! Arrêt sur image : Tom Novembre,
éminent membre du jury, entre en collision dans mon champ de vision
.
C'est
alors que l'heure des sermons officiels arrive. Silenzio ! Tout est de
bon ton : des discussions égrainant les politesses d'usage, au speech
calibré de madame la mairesse, en passant par les petits fours cent
pour cent pur sucre.. Et, lorsque la majorité de hautes sphères du coin
en vinrent à regagner leurs masures taillées dans la pierre, les
envoyés spéciaux bombardés sur les lieux s'interrogèrent quant à eux
sur les ressources dinardiennes en matière de fiesta. Où entamer la
soirée après cet amuse-gueule se demandèrent-ils à voix basse, histoire
de préserver le mythe.. Le tapage nocturne est-il autorisé dans
l'intimité toute relative de nos chambres d'hôtel ? Mystère.. Et
circonspection. En attendant que la nuit noire ne couvre nos instincts
de débauchés, pourquoi ne pas céder à la curiosité qui nous assaille en
assistant à la cérémonie d'ouverture ? Peut-être est-ce là l'occasion
ou jamais de prendre de bonnes résolutions avant l'heure.. Disons « oui
» à la rédemption par le cinéma, et vaille que vaille, allons voir Yes.
Le Bar Lounge Grand Marnier mis à la disposition des boit-sans-soif que
nous sommes attendra
Portée par cette élan de sagesse inespérée, je
traîne mes basques jusqu'au Palais du Festival, sorte de mini-moi
riquiqui du bunker qui domine la Croisette et du CID qui longe les
planches.
Ma
dévotion à la Bonne Attitude n'ayant plus aucune limite en cet instant,
je pousse la servitude jusqu'à obtempérer aveuglément aux directives
dispensées au sein du press-book qui nous a été distribué à notre
arrivée. (lequel précise bien alinéa 3 du paragraphe 7, je cite : «
qu'en ce qui concerne les séances d'ouverture et de clôture, les
heureux détenteurs des badges oranges (Présente !) devront
préalablement retirer leurs places à la billetterie, sans quoi tout
accès leur serait refusé »). Je me plante donc, sage comme une image,
devant l'entrée réservée à cet effet. À la vue de la file qui sétire
en dinfinies longueurs face à moi, une centaine de personnes doivent y
faire le pied de grue depuis belle lurette. D'une coolitude de maître
zen shooté à l'oxygène pure, je ronge mon frein, telle la dernière des
Mohicans cernée de toute une noria d'ardents cinéphages. Pour faire
passer le temps, je dresse une liste d'hypothèses susceptibles
d'expliquer la chose : c'est le premier jour, la machinerie n'a pas
encore pris son rythme de croisière ; les ouvreuses ont certainement
mal potassé les horaires des projections ; ou alors, la ponctualité ne
rentre peut-être tout simplement pas dans leur absolue priorité, voilà
tout.. Pas grave.. En de telles circonstances, ne reste plus qu'à
réajuster sa petite laine, s'en griller une, et attendre
De toute
façon, la faible dose d'alcool ingurgitée lors de l'apéro dinatoire
ayant précédé, a grandement eu le temps de faire son chemin, d'où lente
distillation dans le sang, ce qui a pour effet de me plonger dans le
doux flottement d'un comas où les notions d'espaces et de temps
prennent des mesures tout à fait relatives.
Pour tout dire, je
m'apprêtais à me laisser bercée par cette nonchalante vague éthylique
une poignée de minutes supplémentaires, lorsque soudain, un mouvement
de foule transie me sortit de ma torpeur. C'est l'anarchie. Las d'être
manuvré comme un troupeau de moutons dociles que l'on somme de se
parquer en rangs d'oignons sans qu'aucune information ne leur soit
délivrée, le peuple a décidé de prendre le pouvoir. C'est la
révolution. Les spectateurs revendiquent leur droit au divertissement,
et envoient copieusement balader ceux qui les en en privent. D'un élan
solidaire, le public a pris le parti de s'engouffrer dans la casemate
par la grande porte, et c'est ainsi que le capharnaüm régna, et que
Dinard trembla.. La déferlante humaine eût tôt fait de créer un bordel
monstre, et la punition divine ne tarda pas à tomber. Désirant mâter au
plus vite l'insolence de leurs assaillants, les membres de l'équipe du
festival opérèrent une sélection drastique. Au grand désespoir de tous
les autres, et à ma seule et égoïste satisfaction, seuls les accrédités
marqués au fer orange, purent bénéficier d'un passe-droit
et
s'infiltrer dans les lieux en priorité.. Les autres.. Et bien, les
autres décrocheront leurs sésames au prix d'une patience d'or.. C'est
trop injuste, je sais, mais bénie soit ma fulgurante ascension
hiérarchique...
Cafouillage...
S'il fallait qu'un terme résume cette séance plénière d'ouverture,
celui-ci serait sans aucun doute le mieux approprié... Car, en guise de
chaleureux applaudissements, Madame la mairesse et monsieur le
directeur artistique durent se contenter de huées de mécontentement
Rapport à la débandade ci-dessus mentionnée, une bonne partie de
l'audience fit entendre aux représentants des lieux leur profond
mécontentement... La pointe de gêne manifestée par les orateurs, suivie
des plates excuses de l'ordonnateur de la manifestation, ne suffisent
pas à calmer les esprits
La rixe menace
Et il est fort à parier que
si certains d'entre-nous avaient fait une visite express chez le
maraîcher avant de se rendre à cette projection des plus convoitée, une
pluie de tomates aurait alimenté le tableau d'une giclée d'un rouge
cinglant. Arrive alors Zorro, l'homme qui tombe à pic, j'ai nommé Lord
Charles Dance, président de 16e édition, charismatique en diable, qui
prend le parti d'arrondir les angles et d'apaiser les tensions en
faisant preuve d'une savante démonstration d'humour british
«
Bienvenus au tournoi de Golf de Dinard. Le temps est au beau fixe, mais
si jamais il vient à pleuvoir, l'équipe du festival met à votre
disposition une sélection de films britanniques qui vaut le coup d'oeil
».. L'ambiance se détend.
Yes
Romance
multiethnique, écrite en réaction immédiate au 11 septembre, YES
emprunte une esthétique brouillonne aux impulsions quasi-documentaires
pour capture le coup de cur d'une femme et d'un homme que tout sépare
si ce n'est la nature des sentiments qui les lient l'un à l'autre.
Elle, scientifique bon chic bon genre, irlandaise naturalisée
américaine, engoncée dans le décorum épuré d'un mariage de façade froid
comme une tombe. Lui, émigré venant du Moyen-Orient, ex-chirurgien
ayant troqué sa blouse blanche contre le tablier maculé d'un cuisinier.
Délaissée, transparente aux yeux de son politicard dragueur de mari,
l'épouse moribonde s'abandonne volontiers dans les bras de cet étranger
au charme exotique qui la traite comme une reine. Le grand écart, et
quelques siestes crapuleuses plus tard, l'idylle tourne fatalement au
vinaigre.. Le fossé se creuse, la tentative de métisser races, classes
et religions capote. Et les rancoeurs s'exacerbent. Ponctuée de
quelques beaux moments servant d'écrins à Joan Allen, toujours
impeccable, cette ritournelle abuse d'une logorrhée ampoulée qui
détonne du contexte contemporain abordé. Vraisemblablement incapable de
réfréner ses ardeurs poétiques, Sally Potter provoque un déphasage qui
nous fait décrocher. Et ses interprètes de nager vaillamment à
contre-courant de ces flots de paroles emphatiques, dans l'espoir
d'insuffler un tant soit peu d'homogénéité et de naturel à
l'entreprise. Pas facile de rester crédibles lorsque l'on a à entonner
des lignes et des lignes de dialogues maniérés..
Colour me Kubrick
Brodant sur la thématique rageusement en vogue de la quête de cette sacro-sainte célébrité qui semble obnubiler tout un chacun, Colour me Kubrick retrace l'histoire d'un escroc ayant trompé son monde en usurpant l'identité du réalisateur culte de Shining.
Dans le rôle de cet hurluberlu fantasque qui transforme son quotidien
en un vaste numéro de cirque, faute de jouir du statut tant convoité de
very important people, John Malkovich livre un grand spectacle. A la
quintessence de son art schizophrène, en doux dingo ravagé par l'alcool
et par sa faiblesse de cur pour les jeunes bellâtres intéressés, celui
qui a déjà prêté sa peau aux incarnations à répétition imaginées par
Spike Jonze, campe avec un plaisir manifeste ce pauvre hère
cyclothymique en permanente représentation. Inspiré des frasques d'un
personnage réel, ayant vécu une grande partie de son existence par
procuration, Colour Me Kubrick se construit comme un puzzle qui
accolerait l'une après l'autre les entourloupes les plus croustillantes
du gentleman flagorneur. Sauf qu'à force d'assembler ces coups
d'esbroufe qui se ressemblent, la mécanique du film tourne rapidement à
vide, et finit par se borner à reproduire à l'identique une situation
mensongère dont seuls les seconds couteaux changent.. A l'originalité
des premières séquences, succède donc bien vite un sentiment de
lassitude doublée de l'envie d'en savoir plus sur ce triste clown. Un
intérêt malheureusement laissé en suspens, Brian Cook continuant à se
répéter jusqu'à l'écoeurement. Et mon sentiment de frustration
redouble
.
Festival
A
la fatidique question « que voir parmi tous ces écrans disponibles ? »,
le commun des spectateurs vous répondra en fonction de ses centres
d'intérêts égotistes.. Dépourvu du moindre renseignement concernant le
panel d'option disponible, innocent, et vierge de tout a priori
critique, comme une page blanche en panne de commentaires, le cinéphile
aguerri se focalisera sur les rares éléments transitant jusqu'à lui..
Soit : le catalogue de la manifestation, le curriculum du réalisateur,
le nom des acteurs, et par défaut, l'ultime recours subjectif, la
photographie choisie pour illustrer l'objet visible non identifié. Dans
le cas de Festival,
c'est précisément cette vignette minimaliste qui a pesé sur ma
décision.. Les visages qui s'y dégagent rivalisent de loufoquerie, et
puis, une fiction axée sur un festival de comédie, soit le
faux-semblant de ma situation projetée dans un film - et savoureuse
mise en abyme - ne pouvait qu'attiser ma curiosité.. Nous voilà donc
partis pour visionner ce premier film, dans l'expectative évidente
d'une bonne surprise.. Pari exaltant, tenté pour le pire et pour le
meilleur.. Dans ce cas de figure, c'est quitte ou double, rarement
mi-figue, mi-raisin.. Soit on aime, et l'inconnu devient étrange objet
d'affection, soit on déteste, jurant ses grands dieux qu'on nous y
reprendrait jamais à se risquer à de telles découvertes filmiques. Le
goût du risque et de l'aventure n'aboutit pas ici à la découverte d'une
perle rare.. Pour la simple et bonne raison que ce film si singulier
nous apparaît toujours comme une espèce bête curieuse à l'issue de sa
projection. D'où l'impossibilité de trancher.. Il y a du pour et du
contre, comme une montagne russe, le wagon
dans lequel nous avons embarqué à l'aveugle, nous a brinqueballés entre
hauts et bas, infimes plaisirs et rejets pulsionnels, entre scènes
attachantes, éclairs désopilants, morceaux de bravoures débilitants et
visions trash qui ne servent à rien sinon à choquer pour le simple
plaisir de montrer ce qui ne se fait qu'à de très rares exceptions de
l'autre côté de la Manche, et pour ainsi dire jamais outre-Atlantique.
Pour sûr, ce long métrage donne libre court aux desideratas
antinomiques de sa réalisatrice Annie Griffin qui, forte de sa carrière
de one woman show, s'en donne à cur joie, trop heureuse de greffer à
ses élucubrations comiques un vécu sidérant. Seulement voilà, si son
comique de situation grotesque a fait rire à gorge déployée une frange
non négligeable de la salle, il ne m'a soutiré que quelques sourires en
coin.. Manque de compatibilité de nos sens respectifs de l'humour sans
doute
Festival m'a saoulée mais ses protagonistes m'ont attendrie
Va comprendre
.
Encore
un peu, et j'en déduirais qu'il y a toujours quelque chose à sauver
dans un film
Comme quoi, trop bonne, trop conne
Heureusement,
l'ultime projection du jour vient à point nommé infirmer cette idée
saugrenue
Malheureusement pour les franco-frenchies du genre patriote,
le long métrage servant d'antithèse à cette théorie idéaliste, porte
l'emblème souverain de Valérie Lemercier. Présenté en raison de ses
lointaines racines britanniques, Palais royal délivre une
satire à peine exagérée du tragique destin de Lady Di, avec la miss
Lemercier dans le rôle titre, Lambert Wilson en version physiquement
améliorée du Prince Charles, Catherine Deneuve dans la peau guindée de
la Reine Mère, Mathilde Seigner en Camilla Parker Jones un rien plus
glamoureuse, et Maurane en alter ego d'Elton John
Vaste programme !
Sauf qu'à l'exception des lecteurs arriérés de Feu Hola ! et autres
fanatiques de Point de vue, l'histoire de cette oie blanche nigaude qui
se métamorphose en monstre de perversion sous la pression médiatique
que lui inflige son nouveau rang de femme de
, ne passionnera pas grand
monde
Tiraillé dans toutes les langueurs, entre une exposition qui met
des lustres à installer son intrigue et des situations qui n'en
finissent plus de varier sur les mêmes thèmes pseudo comiques, Palais royal
fait la même impression que ces mariages princiers trop tape-à-l'il.
Chacun y va de ses effets de manche ostentatoires, dégainant la traîne
de dix mètres de long, les toilettes griffées, les pièces montées de la
stature de l'Himalaya, les pauses convenues et les rictus de
circonstance, pourtant l'avènement échoue à créer l'évènement
Et c'est
ainsi que le soufflé retombe lamentablement. Le roi est mort, vive le
roi !
Jusque-là,
ni coup de cur ni gueule de bois. L'électrocardiogramme balance en un
entre-deux mitigé. Nul affolement. Pourtant, à peine arrivé, qu'il faut
déjà songer à vider les lieux. La remise des prix est pour ce soir,
fixée à 18h30 pétantes. Déconcertante compression du temps
nous
entamons donc ce jour d'aboutissement, avec à l'esprit le but ultime de
cette escapade, celui qui ferait se damner n'importe quel gars
normalement constitué : l'interview des gazelles enragées du film
frisson The Descent.
Pour mener à bien cette mission, direction l'hôtel Thalassa, le havre
de paix hôtelier le plus retiré du centre-ville
Tandis que les membres
du jury sirotent une dernière coupe en terrasse avant de débattre des
films à récompenser, une poignée de photographes attendent en
frétillant que les bombes anatomiques castées par Neil Marshall se
prêtent à leur séance de pause. Notre heure arrivera après ce shooting.
Quelques minutes à observer le défilé de clients qui filent à leur
soins de thalasso emmaillotés dans leurs peignoir en pilou blanc, et
voici venu le temps de nous entretenir avec Shauna MacDonald, Saskia
Mulder et Nora- Jane Noone. Ces trois drôles de dames ne sont pas
avares de commentaires. Pour en savoir plus sur ce cette discussion
entre filles, furetez donc sur les liens du site (Pour vous aidez,
c'est ici ! -NDLR).
Vous entreverrez alors ce que ces trois apparitions auraient pu causer
de dommages cérébraux sur l'esprit fragile de tout mâle qui se
respecte.. L'entretien dans la poche, gravé par les miracles
technologiques d'un enregistreur flambant neuf, je file à la projection
du seul film qui soit en mesure de s'encastrer dans mon emploi du
temps, en croisant les doigts pour qu'il fasse partie du palmarès.
Parce que c'est bien joli cette programmation d'écrans simultanés qui
nous laisse toute la liberté de flâner faute d'un enchaînement
approprié
Mais bon, avec tout ça, moi je n'ai pu voir que la moitié
des films en compétition...
Alors, parions sur My father's den,
cette co-production néo-zélandaise de Brad McGann qui appelle au
voyage.. Les yeux grands fermés, les spectateurs qui s'y sont amassés
et laissés portés ont décroché la timbale.. Salué par les louanges du
public, l'unanime enthousiasme du jury et gratifié du Prix de la
meilleure photographie, ce premier film a raflé toutes les mises, y
compris l' Hitchcock dor, consécration des consécrations. A ce jour,
impossible de savoir si ce petit bijou trouvera un distributeur en
France. Ces questions de diffusion et de visibilité des films étrangers
sur les territoires nationaux furent d'ailleurs longuement débattues
lors de la conférence de presse que Régis Wargnier et ses comparses
jurés donnèrent à l'issue du festival. Comment parler de MY My father's den
à sa juste valeur ? Si par miracle, quelques copies de cet opus
marginal, merveilleusement interprété par des visages inconnus, passent
la douane Française, à quels trésors de nuances grammaticales faut-il
avoir recours pour promouvoir ses qualités à leur juste valeur ?
Mystère
et boules de papier chiffonnées à force de s'escrimer sur cet
exercice de style pour le moins délicat.. Allez, jetons-nous à l'eau,
Dressons une liste aléatoire de ses multiples pouvoirs d'attraction..
De prime abord, My father's den nous fait miroiter un secret,
pierre de touche d'une histoire de famille dont on dira un minimum, car
qui dit secret, dit obligation pour le journaliste de tenir sa langue,
sous peine de se faire lapider par les spectateurs pour avoir oser
prononcer un malheureux mot de trop.. Le port de la muselière étant
obligatoire, on se contera
d'évoquer les retrouvailles de deux frères sur fond d'un paysage
ensorcelant, lesquelles font remonter à la surface tout un méli-mélo de
ressentiments, partagés entre nostalgie, règlements de compte,
révélations et l'espoir d'un renouveau qui pointe à l'horizon.. Rien
n'y est linéaire. Chaque protagoniste conserve sa part d'opacité. Le
flou artistique plane, et nous sombrons envoûtés. Moralité : ne vous
fiez pas aux apparences, dans le cas de ces deux heures d'une obscure
expédition néo-zélandaise où le linge sale se rince à l'eau claire le
prouvent, laventure mérite dêtre vécue. Satisfaction garantie.
Belle façon de terminer ce Festival
Récapitulons : je n'ai pas pu
assister a l'étude comparative des courts métrages pondus par les
élèves des deux plus prestigieuses écoles de cinéma franco-britanniques
mais, connaissant la tendance nombriliste des chères têtes blondes de
la FEMIS, la préférence accordée à la loufoquerie des protégés anglais
de la National Film and Television School ne m'étonne guère.. Et, mis à
part le Prix du scénario accordé à Festival en raison de son
ton éminemment subversif, mon humble avis concorde presque parfaitement
avec les choix affûtés de décisionnaires.
Toutes mes félicitations mademoiselle, vous commencez à bien intégrer les rouages du métier. Encore un petit peu d'efforts, continuez à gravir les échelons, tous les espoirs sont permis.. Sait-on jamais, sur un malentendu, votre pourriez compter parmi les invités du Festival de Marrakech .