Critique : Vive la vie

Ilan Ferry | 5 octobre 2005
Ilan Ferry | 5 octobre 2005

Malgré son titre crétin et son slogan neuneu (qu'attendez vous pour être heureux ?) digne d'une pub pour une agence de voyage, Vive la vie avait tout de la petite comédie inoffensive mais néanmoins sympathique, grâce notamment à un casting de choix et à des teasers pour le moins alléchants. On fait pourtant le douloureux constat d'une réalité tout autre au terme de plus d'une heure et demie de bons sentiments dégoulinants. Premier constat : malgré les apparences, le film n'a rien d'une comédie et se rapproche plus du bon vieux mélo de base contenant son lot de déceptions sentimentales et de situations plus ou moins larmoyantes. Ainsi l'histoire s'articule autour d'un triangle amoureux formé par Richard (Didier Bourdon), PDG en pleine instance de divorce, Rachid (Zinedine Soualem) meilleur ami de Richard et comédien fauché jouant les clowns auprès des enfants malades et enfin Maud (Alexandra Lamy) top model à la dérive persuadée d'être moche. Tout ce petit monde s'assemble et se désassemble sous l'œil bienveillant de Colombe (Armelle Deutsch) jeune fille en attente d'une greffe cardiaque et qui ne désire qu'une chose avant de mourir : s'envoyer en l'air !

Ce qui aurait pu donner un gentil petit marivaudage sans prétention se transforme très rapidement en téléfilm sentimental aux rebondissements prévisibles et aux personnages caricaturaux (le businessman au grand cœur, le clown triste, la top model dépressive). Rien ne nous est épargné et le film avance avec la subtilité d'un pachyderme en rut allant même jusqu'à utiliser de la métaphore grossière (le bonzaï qui s'effiloche comme symbole de la vie du personnage principal). Ainsi tout au long du récit, les protagonistes ne cessent de s'analyser mutuellement et d'échanger des généralités sur la vie et l'amour, provoquant de ce fait une totale indifférence de la part d'un public qui a déjà quelques longueurs d'avance. Un constat fort dommageable pour un long-métrage s'articulant principalement autour de l'identification avec les personnages principaux.

Le réalisateur joue tellement la carte du cliché qu'au lieu de nous rapprocher de cet intéressant quatuor, il nous en éloigne désamorçant ainsi tout intérêt pour le film. Didier Bourdon surjoue dans le rôle trop sérieux d'un millionnaire souffrant de solitude, Alexandra Lamy n'arrive jamais à nous faire croire à son complexe d'infériorité tant elle paraît magnifique dans chaque plan et Zinedine Soualem est sous exploité malgré le potentiel que représentait son rôle. Seule Armelle Deutsch arrive à être touchante en jeune femme débordante de vie insufflant ainsi au film le minimum syndical en cette occurence. Et malgré de belles intentions (faire un film profondément optimiste), Vive la vie peine à convaincre et demeure trop plat dans son traitement. En voulant bien faire, le réalisateur Yves Fajnberg fait mal, prenant par la main un spectateur agacé d'être pris pour un demeuré. En résulte une œuvre impersonnelle et sans saveur, un comble pour un film censé redonner goût à la vie.

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