Critique : Douches Froides

Sandy Gillet | 20 juin 2005
Sandy Gillet | 20 juin 2005

Fils d'ouvrier et ancien de la FEMIS, Anthony Cordier réalise avec Douches froides son premier long-métrage qui se veut une radioscopie moderne de la lutte des classes ou plutôt ce qu'il en reste. Pour ce faire il use d'un modèle éculé dans le cinéma français, à savoir poser sa caméra sur le monde de l'adolescence tout en se défendant de faire un film naturaliste à la Pialat voire à la Rohmer. Et pourtant, Douches froides n'évite que très peu d'écueils à tel point que l'on en vient à compter les cadavres dès le milieu du film. Constat d'autant plus dommageable que la première partie laissait présager quelque chose de beaucoup plus léger et de plus fin.

Mickael a dix-sept ans. Il est issu d'une famille qui doit se battre au jour le jour pour arriver à boucler les fins de mois. Une adversité qui l'a conduit à se surpasser dans les études et le sport, domaine où il excelle puisqu'il est devenu capitaine de l'équipe de judo. À ses côtés, depuis l'enfance, se trouve Vanessa qui est devenue depuis sa petite amie. Son monde serait parfait si ce n'était ces douches froides répétées que lui font subir ses parents dans le but d'économiser sur l'électricité. Anthony Cordier est ici très à l'aise pour nous décrire ce quotidien ordinaire d'un adolescent qui ne l'est pas moins. Par petites touches non dénuées d'humour, il arrive à nous faire sentir l'équilibre apparent d'un monde où tout est encore possible, du moment que l'on s'en donne la peine, où le mot tabou n'a pas de sens propre et où le mal n'est qu'un terme d'adulte. Débarque alors à l'école Clément, un gosse de riche dont le père devient très rapidement le sponsor de l'équipe de judo. Ce que l'on avait deviné en voyant l'affiche arrive donc avec la matérialisation à l'écran de ce ménage à trois que le réalisateur décide d'amener en utilisant toujours sa « caméra impressionniste ». Le ton reste donc léger et personne ne semble réaliser ce qui lui arrive, chacun prenant les choses comme elles viennent.

Le problème c'est que l'on n'y croit plus. La faute à une mise en scène qui repose essentiellement sur ses acteurs alors que ceux-ci ont du mal à endosser un costume visiblement trop large pour eux. Du coup les intentions initiales tombent très vite à l'eau. À ne pas vouloir marcher sur les pas d'un cinéma balisé par Truffaut depuis Les 400 coups ou Pialat avec À nos amours, Anthony Cordier ne peut s'empêcher d'y revenir oubliant au passage ce qui faisait la réussite de ces films : la spontanéité. Chose que ses acteurs n'ont pas (à l'exception notable de Salomé Stevenin, lumineuse dans son personnage de véritable naïve au grand cœur), sensation qui manque cruellement et qui finit par plomber irrémédiablement la volonté louable de montrer cette jeunesse qui se fait et se défait. Celle-ci n'a pas besoin de tant de « mise en scène » pour en rendre compte et encore moins pour se livrer. Juste un peu d'honnêteté et encore même pas intellectuelle.

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