Critique : Otage

Damien Vinjgaard | 2 mars 2005
Damien Vinjgaard | 2 mars 2005

Récemment, le cinéma nous a apporté une bonne nouvelle avec Assaut sur le central 13 de Jean-François Richet. Le français a réussi à ne pas se fourvoyer en menant de main de maître ce remake, effaçant par la même occasion le piètre rôle d'habilleurs d'histoires qu'avait tenu à Hollywood, Matthieu Kassovitz (Gothika) et Pitof (Catwoman, grand vainqueur des derniers Razzies avec notamment le prix du pire réalisateur). La toute dernière nouvelle est pourtant mauvaise puisque Otage nous prouve que rien n'est jamais gagné d'avance.

Tout commence après Nid de guêpes. Le film qui montrait une réalisation intéressante et un art certain d'accommoder les restes du cinéma américain pour en faire des thrillers carrés, permet à Florent Siri (il a perdu son Emilio en traversant l'Atlantique) d'être dépêché sur la nouvelle machine de Bruce Willis. Inutile de rappeler que la star est ici l'acteur qui cherche à remonter sa côte en baisse depuis ses derniers bidons. Bandits en 2001, Mission évasion en 2002, Les larmes du soleil en 2003, Mon voisin le tueur 2 en 2004, une telle régularité dans la poisse méritait d'être exorcisée. Ainsi, Willis s'appuie sur un talent étranger tandis que Siri s'appuie sur l'acteur. Échange de bons procédés pour amadouer le studio tandis qu'ensemble, ils argumentent pour faire exister leurs identités respectives dans le film. Bien malheureusement d'ailleurs puisque ces négociations interminables constituent la mise en scène du film là où il aurait fallu être intransigeant pour narrer au mieux cette histoire.

Car cette dernière s'appuie sur un script poussif qui reposent sur un nombre rarement vu de coïncidences : Willis ancien négociateur se retrouve par hasard sur une prise d'otage mené par hasard par un psychopathe et impliquant un comptable par hasard véreux dont le fils s'avère par hasard connaître l'ensemble des systèmes d'aération de la maison. Branlant, l'édifice aurait pu tenir s'il l'avait paradoxalement été par une seule personne (le cinéma, ce n'est pas toujours du bâtiment). Au lieu de cela, chacun semble s'être mis en valeur quitte à faire écrouler la structure.
Cela commence pourtant bien avec cette ouverture énergique qui met en place un personnage un peu moins creux que ce qui est proposé habituellement à l'acteur. Rien de trop pointue, juste un action hero plus accueillant que de coutume. Son calme par téléphone et ses coups de gueule envers ses collègues permettent au réalisateur français de se chauffer doucement. Quelques plans bien sentis et un montage tendu sur cette prise d'otage dramatique parfont gentiment la traditionnelle scène du trauma.
Par la suite, les choses se gâtent et chacun tire la couverture à soi. Siri, dans une course-poursuite à l'intérieur des conduits d'aération, prouve son audace à défaut de respecter la direction de son script ; écart similaire pour Willis qui se permet quelques scènes mélodramatiques qui plongent le film dans le ridicule (voir le grand dialogue sur le capitaine Xeno). À ce petit jeu, le studio, dont les désirs sont plutôt simples, s'offre sa séquence d'assaut à grand renfort de pyrotechnie ; elle ne rime à rien si ce n'est à emballer un peu le rythme qui risquait de traîner.

Entre, le film n'est qu'une série de compromis cédée et de négociations non abouties qui rendent le divertissement franchement poussif. Dérapage de voiture façon Starsky et Hutch, règlement de compte façon western, Willis éclairé par les projecteurs des hélicoptères voyant son ombre grandir sur le portail comme le plus grand des héros. Rien ne va et rien n'est plaisant dans ce blockbuster du samedi soir qui ne remontera sûrement pas la côte de Willis, ne fera pas un pont d'or à Siri et qu'Hollywood reniera rapidement. Trop d'ambitieux et trop peu d'ambition.

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