Les Chroniques de Riddick : critique spatiale

Julien Welter | 30 août 2004 - MAJ : 22/03/2020 15:51
Julien Welter | 30 août 2004 - MAJ : 22/03/2020 15:51

La conclusion de Pitch Black aurait pu être : « Les vrais monstres étaient donc David Twohy et Vin Diesel ». Cela est maintenant évident puisque, de ce « monster movie spatial » sorti à l'été 2000, seuls la mise en scène limpide du premier cité et le charisme bodybuildé du second ont pu créer une fascination digne d'une séquelle. Exit les aliens à tête de requin-marteau, l'ensemble s'orchestrera désormais autour du baroudeur crooner Riddick.

Après une rêverie k. dickienne (adaptation du méconnu Impostor) et une parenthèse aquatique (réalisation du brillant Below), David Twohy s'est détourné de la petite série B d'angoisse pour emprunter le chemin plus large de l'épique façon Flash Gordon. À l'aridité oppressante, il a substitué un vaste univers aux étendues mythiques et à l'esthétique baroque (pour les méchants) ou bédouine (pour les opprimés). Les voyages intersidéraux, les planètes en bord de système et les armées millénaires finissent de dessiner l'ambiance du premier blockbuster affiché du réalisateur. L'inflation de budget consécutif à la mise en place d'un tel projet aurait pu contraindre David Twohy à ancrer sa caméra dans le ciment. Il n'en est rien.

 

photo, Vin Diesel, , Alexa Davalos

 

Ce dernier n'a pas perdu sa capacité à amplifier l'espace scénique. Si les plans généraux en images de synthèse ne révèlent qu'une joliesse de « space opera », le cadrage qu'il effectue dans les décors en dur restituent entièrement le côté « heroïc fantasy » de l'aventure. Le réalisateur promène sa caméra avec fluidité et fulgurance, d'une traque au-dessus d'un dédale de glace jusqu'à un combat devant l'entrée embrasée d'une prison, en innovant constamment la représentation de l'action et du héros.

 

photo, Thandie Newton

 

[img_left]riddick7.jpg [/img_left]Ce qui réjouit donc encore plus que les retrouvailles avec cet authentique artisan, c'est la position de franc-tireur qu'il réussit à conserver jusque dans l'intrigue. Le cinéaste ne se plie pas aux canons hollywoodiens et préserve l'intégrité sombre du personnage principal, celle-là même qui électrisait le premier opus. Il suit très précisément le cheminement que la logique propre à cet anti-héros induit à l'histoire. Celle-ci se détourne alors ingénieusement d'une route moralisatrice et symbolique d'une ingérence américaine intempestive, pour emprunter un chemin traversant en oblique les combats, les morts et les invasions. En cela, il donne une juste représentation de l'aspect temporel d'une chronique. Rien n'importe plus ici que l' « action hero » détaché des conflits qu'incarne Vin Diesel.

 

photo, Alexa Davalos

 

Sa présence, sa voix chaude et son austère comportement ressuscitent un personnage tombé en désuétude à force de Steven Seagal. L'acteur revêt la parure trop grande pour The Rock, cligne de l'œil à Arnold Schwarzenegger dans une conclusion rappelant l'épilogue de Conan le Barbare, et s'impose comme une force capable de restituer le magnétisme qu'exercent les héros mythologiques. Il ne reste alors plus qu'à ronger notre frein, puisque le tandem a annoncé récemment qu'il envisageait de construire une trilogie dans la grande tradition des serials d'antan en partant de cet opus.

 

Affiche française

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