Project X-Traction : critique du Mad Max au rabais de Netflix

Vieille traction

Les temps sont difficiles pour les admirateurs de Jackie Chan. Entre ses prises de position publiques plutôt indéfendables et la qualité toute relative (c'est le moins que l'on puisse dire) de sa filmographie depuis une bonne décennie (Vanguard, Police Story : Lockdown, Kung-Fu Yoga), il est de plus en plus délicat d'espérer un nouveau coup d'éclat de la part du roi de la comédie kung-fu.

Pourtant, l'annonce de Project X-Traction et la perspective d'une association avec John Cena nous poussait à anticiper avec curiosité la sortie du nouveau film réalisé par Scott Waugh (Need for Speed et bientôt Expendables 4),

Il faut dire que l'ex-catcheur semble avoir trouvé son rythme de croisière en exploitant tout son potentiel comique chez James Gunn, dans The Suicide Squad et la série Peacemaker. La sympathie candide de Cena, même associée à un Chan en perte de vitesse, laissait présager de la viabilité d'un buddy movie fonctionnel, au minimum.

Allez, on y croyait un peu. Et alors ? Notre enthousiasme nous perdra.

Un duo qui ne pouvait pas se râter

Mad Max : Wish Road

Situant son action dans un futur relativement proche, Project X-Traction suit la mission de Dragon Luo (incarné par Chan, donc), commandant d'un convoi devant amener les ouvriers d'une raffinerie de pétrole vers un havre de paix connu sous le nom de "zone verte". Mais pour l'atteindre, Luo doit sillonner la route de la mort, repère de mercenaires roulants sans foi ni loi. Evidemment, rien ne se déroulera comme prévu, et le soldat chinois devra s'allier avec l'ancien officier des forces spéciales américaines Chris Van Horne pour atteindre son objectif.

Dans un contexte de guerre de l'eau et du pétrole, avec une expédition motorisée aux maigres chances de réussite, Project X-Traction rappelait à nos bons souvenirs la simplicité de façade de Mad Max : Fury Road (toutes proportions gardées, restons raisonnables). Du moins, on pouvait espérer un terrain de jeu assez épuré pour laisser l'alchimie Chan-Cena opérer.

Juste un mauvais stand-up

Malheureusement, il ne faudra que quelques minutes pour comprendre que le potentiel du duo ne sera que légèrement effleuré. Et pour cause, les deux acteurs ne développent jamais leur connivence au travers de l'action, à l'exception d'une séquence de dégoupillage de grenades assez réussie.

Le reste du temps, le réalisateur Scott Waugh, pas aidé par le scénario d'Arash Amel (The Expatriate, le biopic Grace de Monaco), illustre la relation entre ses deux personnages au travers de scènes comiques désolidarisées de l'intrigue, ou de vannes lubriques de Cena destinées à la fille de Luo, qui n'en demandait pas tant. Pas souvent drôle, régulièrement gênant.

Illustration de l'humour du film

What a lovely day

Cependant, tout n'est pas à jeter dans Project X-Traction, et l'action se révèle à plusieurs reprises plutôt enthousiasmante. L'une des premières séquences, au coeur d'une tempête de sable (suivez mon regard), alors que le convoi est attaqué par des buggys (suivez encore mon regard), fait même figure de véritable réussite.

Coproduction sino-américaine dotée d'un budget de 80 millions de dollars, le film lorgne clairement du coté du modèle chinois, en affichant une superficialité esthétique assumée, doublée de mouvements de caméra aussi excessifs que jouissifs.

Buggy dans la matrice

Malheureusement, Scott Waugh ne tire pas les leçons du modèle dont il semble s'inspirer, et Project X-Traction est sans cesse alourdi par ses sous-intrigues accessoires. En voulant absolument caractériser ses protagonistes pour leur offrir un background solide, le film ne réussit rien d'autre que des cassures rythmiques, oubliant ses enjeux majeurs. Et l'on se prend à attendre la prochaine tranche de spectacle en regardant sa montre.

On avait signé pour un aller simple, on obtient un circuit touristique en douze étapes.

Project X-Traction est disponible en exclusivité sur Netflix depuis le 28 Juillet 2023.