Goodbye : critique qui n'aime pas les adieux

Déborah Lechner | 18 janvier 2023
Déborah Lechner | 18 janvier 2023

L'exportation du cinéma d'animation japonais en France continue, dernièrement avec Goodbye, un film plus confidentiel pour le grand public et malheureusement moins abouti qu'un Makoto Shinkai ou qu'un Mamoru Hosoda. Cependant, il marque le retour du célèbre Studio Madhouse dans nos salles après l'adorable Okko et les Fantômes.

ROAD TRIP

Autant le dire d'entrée de jeu : Goodbye ne révolutionne en rien le genre du teen movie et les thématiques récurrentes qui l'entourent, notamment la fin de l'enfance (par extension le passage à l'âge adulte), sans oublier l'amitié et l'amour. Pour autant, le nouveau film d'Atsuko Ishizuka (No Game, No Life : ZeroA Place Further than the Universe) est une tranche de vie estivale bienvenue (surtout en janvier), qui sent bon la crème solaire et la guimauve grillée.

L'histoire s'articule autour de trois adolescents marginaux qui se lancent dans un périple foireux en forêt pour retrouver le drone qui leur permettrait d'être disculpés de l'incendie qu'on les accuse à tort d'avoir déclenché. Ce premier objectif, totalement terre-terre, se transforme progressivement en chasse au trésor, et permet au récit de renouer avec une ambiance old-school plutôt entrainante. 

 

Goodbye : photoComment sceller une amitié : se perdre en forêt

 

S'il n'a rien de particulièrement transcendant, ce road trip est assez énergique pour tenir la route et peut compter sur la dynamique entre les trois personnages et bras cassés pour maintenir un rythme cadencé. Chaque protagoniste possède une personnalité suffisamment riche et bigarrée pour être décortiquée en chemin sans qu'il finisse par sonner creux.

Leur déroute est aussi l'occasion de mettre une nouvelle fois en valeur le savoir-faire du studio avec un autre tour de force visuel : animation fluide, characters design raffinés, beau travail sur la lumière et palette de couleurs chatoyantes. Entre les saillies comiques (faciles, mais toujours efficaces) et les instants plus contemplatifs, le film ne manque pas de relief et soutire facilement quelques sourires complices. 

 

Goodbye : photoRira bien qui rira le dernier

 

SUMMERTIME SADNESS

L'ambiance bon enfant et le ton espiègle permettent également de dépasser les facilités de l'intrigue et sa prévisibilité, car comme on peut le déduite à la lecture du pitch, le vrai trésor est bien évidemment celui de l'amitié et ce n'est pas la destination qui importe, mais le chemin parcouru (autrement dit, des adages déjà bien éculés et des leçons de vie plutôt quelconques). Goodbye aurait ainsi pu être un film chaleureux et sans grandes prétentions, du moins si le récit ne basculait pas en milieu de course. 

 

Goodbye : photoSymbolique de plus en plus lourde et confuse

 

Si  la simplicité de Goodbye est sa plus grande force, sa volonté de transcender son récit pour quelque chose d'inutilement grandiloquent est à l'inverse sa plus grande faiblesse. En mettant une tragique révélation au coeur de son récit, le film tente de devenir une quête existentielle qui tourne à vide et ne parvient pas à pallier son artificialité. 

Surtout que le film peine déjà à explorer tous les chemins qu'il dégage dans son premier acte. Il se contente ainsi d'effleurer le harcèlement scolaire des Donglees (qui sert pourtant de point de départ à l'intrigue), la fracture entre la vie rurale et urbaine ou encore la passion de la photographie. Même la relation avec Tivoli sert des accents lyriques dispensables et peu pertinents, d'autant plus que le personnage et sa relation avec un des protagonistes sont sous-exploités.

Le dénouement, avec son onirisme forcé, finit d'ampouler l'intrigue, qui aurait gagné à rester sur un sentier, certes balisé, mais direct et sans détour alambiqué.

 

Goodbye : affiche

Résumé

Dans un premier temps, Goodbye est touchant dans sa simplicité, avant de devenir ronflant à mesure qu'il tente maladroitement d'élever (trop haut) son propos.

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commentaires
GTB
19/01/2023 à 14:05

@Cidjay > Si on retire ceux que vous dites il reste : Violet Evergarden, Psycho-pass, Yasuke, Vinland Saga, Spy Family, Le Sommet des Dieux, La Tortue Rouge, Blame!, Ojisan Isekai, Dorohedoro, Steins;Gate, One Punch Man, Space Brothers, Nikuko, Inu-Oh, Trigun Stampede...donc la majorité de la liste.
Et ce ne sont que quelques noms d'animes sans ados qui me sont venus. Comme je le disais on peut continuer longtemps. Mais il y a aussi les animes avec des jeunes dont le traitement et les thématiques sont mature, universels. Chainsaw Man, s'il y a Denji qui a 16ans c'est à la limite du shonen (d'ailleurs le 2ème arc n'est plus publié en tant que shonen) et traite de choses tout à fait adulte. Shingeki No Kyojin, s'il y a quelque personnages mineurs, c'est pas le sujet et c'est également à thématiques adultes. Ou encore Parasyte. J'ai découvert il y a peu Made In Abyss, où on a beau suivre des enfants de 12ans, on est clairement sur du seinen bien bien dark.
Mais on pourrait citer également : Banana Fish, Barakamon, Cells at Work, Death Parade, Dororo, Fate/Zero, Sing Yesterday For Me, Japan Sink, Great Pretender etc...

Loin de moi l'idée de prétendre que les adulescents ne sont pas extrêmement présents dans la japanime. C'est clairement le cas. Cependant, il y a aussi pas mal sans. Et parfois, même s'ils sont présent c'est pas du tout le sujet de l’œuvre.

Cidjay
19/01/2023 à 08:16

@GTB : OK, mais si tu enlèves les films de satoshi kon (des chefs d'oeuvres) les shonen/seinen d'avant 2010, il ne reste plus grand chose dans la liste. (One punch man je deteste).
(Et Lastman, cest français).
A la rigueur il y a les animés horrifique (type les Junji ito) mais on baigne souvent dans lunivers collégien aussi.
Et jai l'impression que tous les films animés récents sont toujours centrés sur les mêmes types de personnages. Je suis admirateur de l'animation traditionnelle, mais les personnages et les thèmes des animes récents ne reflètent que très rarement des thématiques plus adultes. Cyberpunk sur netflix etait pas mal.

GTB
18/01/2023 à 19:55

@Cidjay > Berserk, Violet Evergarden, Psycho-pass, Yasuke, Vinland Saga, Claymore, Monster, Spy Family, Lastman, Le Sommet des Dieux, La Tortue Rouge, Perfect Blue/Tokyo Godfather/Millennium Actress/Paprika, Blame!, Ojisan Isekai, Ghost in the Shell, Dorohedoro, Black Lagoon, Samourai Champloo, Cowboy Bepop, Steins;Gate, Hellsing, One Punch Man, Space Brothers, Mushishi, Nikuko,Inu-Oh, Trigun, Jojo, etc...on peut continuer comme ça très longtemps.
Quand on veut pas suivre de l'ado (très présents, clairement), il y a largement de quoi piocher quand même.

Cidjay
18/01/2023 à 15:25

plus le temps passe, et plus je suis hermétique aux animés japonais...
à 40 piges, marre de ne voir que des histoires centrées sur des collégiens.

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