The Cursed : critique des légions mortes maudites

Mathieu Jaborska | 6 octobre 2022 - MAJ : 06/10/2022 10:25
Mathieu Jaborska | 6 octobre 2022 - MAJ : 06/10/2022 10:25

Scénariste et réalisateur des deux pépites animées The King of Pigs et The FakeYeon Sang-Ho était passé avec brio au cinéma en prises de vue réelles. Son très inventif Dernier train pour Busan lui avait valu une reconnaissance internationale et un statut d'artiste à surveiller, confirmé par le prequel Seoul Station. Depuis, outre deux longs-métrages reçus tièdement (Psychokinesis et Peninsula), il s'est laissé tenter par la petite lucarne. C'est l'adaptation cinématographique de son drama The Cursed, réalisée par Kim Yong-wan, qui nous arrive via The Jokers en France.

Oh, the drama

Diffusée en mars 2022 sur Netflix chez nous, la série coréenne The Cursed racontait en douze épisodes l'histoire d'Im Jin Hee, journaliste confrontée à plusieurs phénomènes surnaturels. Le long-métrage qui nous intéresse ici prolonge les aventures de l'héroïne, laquelle a écrit un livre sobrement intitulé Haine & Sorcellerie. Tandis qu'elle le promeut à la radio, elle reçoit l'appel d'un homme qui prétend avoir commis un meurtre et exige de s'expliquer dans un entretien en direct. Plus étrange encore, le meurtre auquel il fait référence aurait été perpétré par un cadavre vieux de plusieurs mois.

Comme la série, The Cursed : Dead Man's Prey (titre américain) allie environnement urbain contemporain et chamanisme. Un mélange de fantastique frontal (il s'agit bel et bien de meurtres commis par des morts) et d'enjeux politiques qui hantait déjà Psychokinesis, pour le meilleur et pour le pire. Sauf que Yeon Sang-Ho n'a pas brigué une place de metteur en scène et s'est contenté de rester au scénario. Non seulement le film doit composer avec les limites du format épisodique, mais son réalisateur, Kim Yong-wan, qui occupait déjà cette fonction sur la série, n'essaie même pas de s'en extraire.

 

The Cursed : Le Film : photo"Tuons le caméraman"

 

Télévisuel à souhait, à cause notamment d'une photographie à peu près aussi terne que les murs de l'entreprise prise pour cible par le Dukun et d'une musique recyclant le pire du scoring américain, il se contente de suivre les rails du thriller surnaturel sans oublier de ressasser les codes de son modèle. Il n'en dévie que très rarement, la mise en scène très académique ne se consacrant jamais à un quelconque suspense, y compris dans la deuxième partie, a priori plus sombre. Non pas que le long-métrage soit techniquement à la ramasse – d'ailleurs les effets spéciaux sont très corrects –, mais il fait de son mieux pour rester dans le domaine de l'oubliable. Heureusement, il en sort le temps d'une séquence ou deux.

 

The Cursed : Le Film : photoL'ascenseur est en panne

 

Seoul stationnaire

En effet, aux alentours du milieu du métrage, histoire de donner à l'action une ampleur qu'elle ne retrouvera jamais, la menace chamanique se transforme en vague mortifère, dévastatrice et purulente. On ne saurait attribuer à Yeon Sang-Ho tout le mérite, même si l'idée de hordes de morts-vivants déferlant sur les pouvoirs en place rappelle forcément son magnum opus et que la caméra de Kim Yong-wan se borne à rendre les évènements lisibles. Calmons-nous tout de suite : rien à voir avec les marées humaines de Dernier train pour Busan. Juste un petit shoot d'action bienvenu, par ailleurs largement mis en avant dans la promo.

Le temps d'un assaut féroce, le récit s'affranchit enfin du carcan télévisuel et tient sa promesse : adapter le folklore flippant au divertissement bourrin moderne, non sans se jouer, au passage, du spectateur. On se prend alors à espérer que la séquence donne le ton du reste du film. La déception n'en est que plus grande lorsqu'on constate qu'il ne s'agit en réalité que d'une fulgurance. La dernière demi-heure revient à son postulat initial, au grand dam du spectateur non familier du drama et par conséquent bien en mal de lui trouver un quelconque intérêt.

 

The Cursed : Le Film : photoUn film entier de ça, s'il vous plait

 

Car ne tournons pas autour du pot : l'intrigue de The Cursed n'est pas particulièrement palpitante, y compris lorsqu'elle se penche sur les magouilles de ses antagonistes secondaires, simples prétextes à l'enquête des personnages principaux. Ni chargé en tension ni véritablement critique des grosses entreprises coréennes, il ne lui reste plus que ses rares envolées furieuses, qui vaudront pour certains à elles seules le visionnage. Pour les autres, il ne restera qu'un aperçu frustrant de ce que The Cursed aurait pu être, à savoir un réjouissant mélange des genres.

The Cursed est disponible en DVD, Blu-ray et VOD depuis le 5 octobre 2022 en France

 

The Cursed : affiche

Résumé

Un thriller fantastique ronflant qui gagne en intérêt lorsqu'il tourne à l'actionner bourrin. Malheureusement, ça n'arrive qu'à deux reprises.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(2.5)

Votre note ?

commentaires
Thor
17/02/2023 à 16:28

Bon film, j'ai passé un bon moment ! Heureusement que je ne tiens pas compte des mauvaises critiques !

Darkanka
08/10/2022 à 10:38

J au bien aimé la série, y a mieux quand même, et j aurais être près pour une deuxième saison. Je n est pas vu le film mais au vu de ce que j'ai pu lire a droite et à gauche... Ça ne me donne pas vraiment envie, même si je le regarderai pour avoir un avis!! Mais je suis pas vraiment pressé l!.

Danysparta
06/10/2022 à 20:29

La bande annonce donne envie mais pas l'article. Autant le TRAIN POUR BUSAN était bon autant PENNINSULA était nul donc je verrais ça plus tard (ou pas)

ElProgramator
06/10/2022 à 13:00

La série d'origine était déjà très chiante, ils avaient de la matière pour faire un bon film de 2h, ils en ont tiré 10 épisode d'une heure. J'ai du me forcer pour regarder jusqu'au bout en espérant que ça démarre à un moment. Le film se fera sans moi


06/10/2022 à 12:52

Film inutile déjà vu 100 fois, scénario inexistant, juste 2 bonnes scènes d'actions c'est maigre pour un film coréen, pas à la hauteur.

votre commentaire