The Man From Toronto : critique qui attend la mort sur Netflix

Simon Riaux | 24 juin 2022 - MAJ : 24/06/2022 18:40
Simon Riaux | 24 juin 2022 - MAJ : 24/06/2022 18:40

Toute existence humaine est émaillée de son lot d'épreuves. Le visionnage de The Man From Toronto sur Netflix en fait partie. Quelques semaines après que les dirigeants du géant de la SVoD aient annoncé vouloir recadrer leur politique d'acquisition aussi bien que de production, le film de Patrick Hughes vient amèrement illustrer la nécessité pour la plateforme d'amender son mode de fonctionnement.

MON VOISIN LA SUEUR

Avec son canevas de buddy movie, réunissant un raté bruyant et un professionnel professionnant, The Man from Toronto assume de ne pas réinventer la machine à masturber le hanneton. Et sitôt son intrigue lancée sur les rails balisés qu’elle ne quittera plus, le métrage paraît faire directement référence à un récent succès de la comédie américaine. En effet, nous suivrons un entrepreneur en mal de succès, contraint de faire alliance à la faveur d’un quiproquo avec un improbable tueur à gages/interrogateur à la réputation terrifiante, véritable légende des bas-fonds criminels de la planète entière.  

Un attelage improbable, qui amènera ces deux personnalités antagonistes à apprendre l’une de l’autre, entre bourre-pifs, éclats de rire, larmichettes, le tout saupoudré de quelques pets volatiles. Les plus pointus de nos lecteurs auront, entre ces quelques lignes et la bande-annonce, reconnu la subtile équation de Hitman’s bodyguard ainsi que de sa suite. Et pour cause, tous deux ont été mis en scène par le réalisateur de The Man from Toronto. Malheureusement, ce dernier paraît avoir abandonné toute velléité de cinéma ou tout simplement de mise en scène. 

 

 

The Man From Toronto : photo, Woody Harrelson, Kevin HartY-a-t-il des pleurotes dans l'avion ?

 

Patrick Hughes s’était pourtant fait remarquer avec l’excellent Red Hill, trhiller australien aux relents de western âcre, dur, tranchant, plastiquement accompli, presque formaliste dans le soin apporté tant à son découpage qu’à sa photographie spectrale. Hélas, après cette entrée en matière, Hollywood lui imposa une lobotomie à coups de prothèse de la hanche en lui confiant le sinistre Expendables 3. Depuis lors, la carrière de l’intéressé se poursuit, nous gratifiant ça et là de productions de moins en moins mémorables. 

Une exploration du néant qui atteint de nouveaux sommets négatifs avec a présente comédie, qui n’a même pas le panache d’être assez laide pour rayer le cristallin du spectateur aventureux. C’est bien simple, strictement rien n’attire l’oeil durant les 111 minutes de ce récit pachydermique. Aucun plan qui n’ait été vu ailleurs mille fois, pas une articulation narrative qui ne soit complaisamment éprouvée. The Man from Toronto ne fait pas le vide, il rappelle qu’avec un peu d’acharnement, la division par zéro demeure un horizon possible de l’humanité. 

 

 

The Man From Toronto : photo, Woody HarrelsonThe Grey Men

 

MAIS QUE FAIT LA POLICE ?

Jusqu’à aujourd’hui, affirmer que l’essentiel du travail de Kevin Hart consistait à vomir sur un public innocent des vannes logorrhéiques relevait de l’exagération. Grâce à l’interminable séquence d’interrogatoire au cours de laquelle l’électron libre de l’humour pas drôle se transforme en gerbo-canon, il est désormais possible d’affirmer littéralement l’aspect gastrique du jeu de l’artiste, qu’on n’aura jamais connu aussi peu inspiré. Sa prestation réussit tout de même l’exploit contre-intuitif d’être à la fois d’une mollesse trépanée et d’une nervosité exténuante. Précipitant chaque gag, confondant vitesse et éparpillement, Hart réussit l'exploit de faire oublier par moment la laideur endémique de la photographie, ou le ridicule montage des rares empoignades, dopées au numérique de fonds de cuve.

 

 

The Man From Toronto : photo, Kevin Hart, Ellen BarkinLe plus beau plan du film (non)

 

On ne pourra pas en dire autant du poireau défraîchi dont la promotion voudrait nous faire croire qu’il partage le patrimoine génétique de Woody Harrelson. Hommage vivant à la pratique de l’orthodontie, il est à ce point absent qu’il ne tentera jamais de pousser l’interprétation plus loin que son tic bien connu de crispation maxillaire. Le comédien n’en est certes pas à son premier rôle alimentaire, loin s’en faut, mais jamais on ne l’avait senti si peu investi. Et comment blâmer les deux compères, tant ce grand condensé de rien refuse, jusque dans son climax convenu, toute possibilité de nous satisfaire.  

Après nous avoir répété ad nauseam combien son mystérieux gus canadien était une invincible force létale, Hughes feint de nous offrir un condensé de baston rigolarde... pour mieux achever le film. The Man from Toronto achève de se désagréger lors de son morceau de bravoure final, faux plan séquence atrocement mal réglé, jamais spectaculaire, sacrifiant tout aux modes de son époque. Mais à émuler le Matthew Vaughn de Kingsman avec la grâce d’une chèvre sous anxiolytique, il ne fait que donner le coup de grâce à un film dont la mission n’est pas tant de nous débrancher le cerveau, que de le garnir de pus.  

 

The Man From Toronto : affiche officielle

Résumé

Le film laisse son spectateur avec un maigre espoir, celui que les responsables de cette sinistre mascarade aient passé un meilleur moment que lui. Rien n'est moins sûr.

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Lecteurs

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commentaires
Pat Rick
02/07/2022 à 12:16

Ca se laisse regarder grâce à des scènes d'action efficaces mais pour le reste en effet ce n'est pas fameux. Et c'est beaucoup trop long.

Meryl strip
29/06/2022 à 18:55

Indigeste

Hey gio
29/06/2022 à 18:47

Vous ne pouvez pas écrire normalement ??? Comme tout le monde ???

Matrix R
29/06/2022 à 16:29

Ça aurait pu être un excellent WTF, mais Kevin a fait du Hart, et l'ambiance glaçante du début à directement laissé à de la comédie nauséeuse. Mais, j'ai bien aimé comparé à l'autre dérive cinématographique qui était spiderhead

GTB
28/06/2022 à 15:14

@Kelso > Votre façon de présenter les choses est étrange. Il y aurait donc d'un côté les films "sérieux", les chef-d’œuvres "prise de tête" et de l'autre le cinéma "non prise de tête" pour lequel on peut tout passer?

Non. Le genre et l'objectif du film n'ont rien à voir avec sa qualité. Ça n'est pas parce qu'un film souhaite simplement divertir qu'il a le droit de ne pas être soigné, fait avec le respect du temps du public, fait avec talent et minutie.
Et tant qu'on y est, il y a tout une échelle de valeur qualitative. Un film n'est pas forcément soit un chef d'oeuvre soit une bouse. La plupart sont imparfaits, ratent des choses, mais en réussissent d'autres; il y a souvent du bon à piocher quelque part...une scène, un propos, un jeu d'acteur, une idée de mise en scène, une photographie etc...
Bon, pour ce film là, Simon n'a pas trouvé grand chose de bon à piocher de tout évidence.

Pi> Si je ne me trompe pas c'est un film de chez Sony, destiné à la salle à la base, que Netflix distribue dans le cadre de leur accord partenaire privilégié signé l'année dernière je crois (mauvaise pioche pour Netflix pour le coup). Il faut arrêter de croire que seules les plateformes proposent ce genre de film. Les salles en ont leur lot.

Salut
28/06/2022 à 14:17

Super film écouter pas l’autre commentaire

Kelso
26/06/2022 à 23:15

@Pi
Tu va me faire croire que toi tu regarde uniquement des chef-d'oeuvres et que de temps en temps tu n'aime pas un film sans prises de têtes juste pour passer une bonne soirée ? Ce film en fait partie (film moyen mais sympathique pour passer une soirée) mais évidemment en confier la critique à quelqu'un qui n'apprécie pas ça, cela donne une critique qui ne tient pas compte du film pour ce qu'il est mais juste car il ne correspond pas aux attentes de la personne qui écrit son texte et il va se défouler et essayer de sortir quelques bon mots juste pour se crédibiliser. Moi perso ça me saoule j'aime autant les films sérieux et où il faut réfléchir et se faire sa propre opinion, mais j'aime aussi les comédies qui ne se prennent pas au sérieux et pourtant de ce côté là je suis assez difficile aussi, il y en a un paquet qui sont nulles et que je vais pas tenir 10 min devant, ce film là je l'ai trouvé correct avec de bon passages et j'ai bien aimé. Faudrait arrêter de tout critiquer pour rien, chaque film à son genre et dans chaque genre il y du bon et du moins bon, et franchement j'ai vu nettement pire dans le style. Et regarde du porno si ça te chante, apparemment ça t'apporte du plaisir ;)

Pi
26/06/2022 à 11:11

@Mickael
Si ton seul but dans la vie est de passer un bon moment sans te préoccuper un minimum de qualité, tu peux aussi te taper une vidéo porno et utiliser ta main.

Hitman & bodyguard 2 était si putassier que je n'ai pas tenu 10 minutes. Ce The man from Toronto est un produit de contenu qui sert, comme de nombreuses "choses" sur les plateformes de SVOD à avoir une enrée supplémentaire dans le catalogue.

Woody Harrelson a vraiment un carrière de merde et son crédit obtenu avec True detective est proche de zéro.

Nulflix
26/06/2022 à 10:33

Est il possible de mettre des étoiles négatives ?

turokk
25/06/2022 à 23:01

Bon le film est un peu pourri ok..
Par contre, juste une remarque: ce n’est pas un film Netflix mais un film Sony que Netflix a racheté (et comprend Sony…).

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