Sans Issue : critique qui enfonce des portes ouvertes sur Disney+

Clément Costa | 25 février 2022 - MAJ : 25/02/2022 09:57
Clément Costa | 25 février 2022 - MAJ : 25/02/2022 09:57

Adapté du best-seller acclamé de Taylor Adams, le thriller anxiogène Sans Issue débarque sur Disney+. Avec Damien Power (Killing Ground) aux commandes et Scott Franck (Le Jeu de la Dame) à la production, il y avait de quoi espérer une belle surprise. Mais si le récit part sur de bonnes bases, fort d’un concept simple et efficace, le résultat final est bien moins enthousiasmant. Attention spoilers !

LES 5 SALOPARDS

Une tempête de neige, une enfant kidnappée, cinq personnages enfermés et au moins un coupable dans le lot. C’est sur ce concept fort que Sans Issue pose les bases de sa narration. La promesse d’un thriller enneigé en huis clos, avec comme héroïne une jeune femme en fuite d’un centre de désintox. Sans aller jusqu’à espérer une version thriller adolescent de Les 8 Salopards, il y avait de quoi attendre une vraie bonne surprise. D’autant qu’à la réalisation on retrouvait l’Australien Damien Power, auteur de Killing Ground, un thriller horrifique en rien révolutionnaire, mais plutôt plaisant.

Et l’entrée en matière accroche immédiatement le spectateur. On se trouve face à un récit qui pose ses enjeux sans perdre de temps. Cette envie d’aller droit au but et de tenir le suspense sur une narration courte et tenue d’environ 1h30 est clairement à saluer. D’autant que Sans Issue est également très efficace lorsqu’il s’agit de caractériser son héroïne. En quelques plans, on comprend qui est Darby et ce qu’elle doit surmonter.

 

Sans Issue : photoLe début des ennuis

 

Avec ce personnage principal fragile et imparfait, la voie semblait toute tracée pour un parcours initiatique émotionnellement fort. Sans oublier la portée symbolique du récit. Notre héroïne quitte l’enfermement du centre et de la dépendance pour trouver un nouveau confinement forcé. Au milieu de ce parcours chaotique, elle doit s’émanciper, résoudre une enquête et tenter de rejoindre sa mère mourante. Triompher de tous ses démons en un seul coup.

Et bien que l’on perçoive dès les premières images une mise en scène plutôt scolaire, en retrait, le concept peut très bien s’épanouir sans artifices. Un bon départ des plus trompeurs.

 

No Exit : photo, Havana Rose LiuVous ne passerez pas 

 

LES HOMMES QUI N’AIMAIENT PAS LES DRAMES

Si l’adaptation du livre à l’écran n’est jamais un exercice facile, force est de reconnaître que le duo de scénaristes Andrew Barrer et Gabriel Ferrari peine à s'en sortir. Les compères ont déjà œuvré sur des genres différents (Ant-Man et la Guêpe, Die in a Gunfire), mais ils semblent ne jamais comprendre quel parti pris assumer avec Sans Issue.

Premier point qui semble toucher à la base même du genre, ce huis clos n’est jamais clos. Le récit semble incapable de se poser plus de cinq minutes dans une même pièce. En bougeant constamment d’une pièce à l’autre, puis de l’intérieur vers l’extérieur, toute la tension inhérente à l’enfermement est automatiquement annihilée. Plus incapables de rester en place qu’une classe de collégiens hyperactifs, les personnages en deviennent avant tout fatigants au lieu d’être inquiétants.

 

No Exit : photo, Havana Rose LiuC'est par où l'enfermement ?

 

L’autre incompréhension concerne le public cible. À aucun moment, Sans Issue ne semble savoir à qui il s’adresse. La communication autour du film et l’esthétique adoptée veulent draguer un public d’adolescents et de jeunes adultes. Cependant, jamais le film n’est assez clinquant ou glamour pour avoir le côté pulp régressif d’un Riverdale. À l’inverse, là où le récit tend peu à peu vers un jeu de massacre potentiellement jubilatoire, la mise en scène et l’écriture manquent cruellement de méchanceté pour passer le cap.

On appréciera bien quelques sursauts gores rappelant que Damien Power vient bien du cinéma horrifique à l’origine. Mais quand le reste du récit relève plus du téléfilm policier poliment banal que du plaisir bis assumé, le décalage ne prend pas. Restent alors les nombreux twists pour éviter de somnoler. Du moins en théorie, car le film n’est jamais aussi malin qu’il le croit. Même un Shyamalan sous acide et en roue libre totale ménagerait mieux ses effets à ce stade.

 

No Exit : photo, Havana Rose LiuLa tête du public au bout du troisième twist

 

PRENDRE UN ENFANT PAR LA MAIN

Que Sans Issue ne comprenne ni son genre ni son public, passe encore. Restait tout de même l’espoir de voir un travail technique qui tient la route sur la forme ou le fond. Voire les deux, rêvons un peu. Pour la technique, on repassera. Lorsque près d’un tiers du film se passe de nuit, en extérieur, le minimum serait d’éclairer convenablement.

En l’état, on assiste à une relecture de l’attaque du Roi de la Nuit dans la saison 8 de Game Of Thrones tant les actions sont souvent illisibles. Tout est visuellement si fade qu’il est difficile de savoir comment Simon Raby, directeur de la photographie et fidèle collaborateur de Peter Jackson, s’est laissé embarquer dans cette aventure.

Côté casting, Havana Rose Liu tire son épingle du jeu. Malgré des dialogues qui ne l’aident pas toujours, elle campe une héroïne crédible à laquelle on s’attache facilement, quand le toujours charismatique Dennis Haysbert fait comme il peut avec ce qu’on lui donne.

 

Sans Issue : photoÉteins la lumière, montre-moi ton côté sombre

 

En revanche, le trio restant a de quoi laisser perplexe. Tout droit sortis d’une parodie de Scream, Danny Ramirez et David Rysdahl cabotinent au possible. Au passage, le duo maléfique qu’ils forment est l’exemple typique d’un twist qui se prend beaucoup trop au sérieux alors qu’il arrive avec 26 ans de retard. Dale Dickey essaie de s’en sortir, mais le changement de cap de son personnage la condamne à un final que l’on préfèrera oublier. 

Sur le fond, difficile de retenir plus qu’un polar finalement très classique. On se surprendra tout de même d’un choix osé lors du dernier acte : rendre la fillette kidnappée hautement antipathique. L’idée a du génie : amputer ce qui est censé être le cœur émotionnel du récit pour ôter l’envie de voir qui que ce soit s’en sortir. Peut-être au final que Sans Issue est un grand film nihiliste incompris.

Et pour couronner le tout, on a le droit à une toute dernière pirouette qui transforme le kidnapping classique en pseudo analyse sur le trafic d’enfants. Une tentative qui a de quoi rappeler ce que tentait The Secret, mais sans le savoir-faire de Pascal Laugier. On achève ainsi ce voyage nocturne très loin des belles promesses initiales.

Sans Issue est disponible sur Disney+ depuis le 25 février 2022

 

Sans Issue : Affiche française

Résumé

Jamais efficace, mais jamais honteux, Sans Issue a le niveau d’un téléfilm policier qu’on regarde sans trop s’ennuyer, mais qu’on oublie aussitôt. Au moins a-t-il la politesse de s’en tenir à un récit très court.

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Lecteurs

(3.3)

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commentaires
Benoit1967
27/02/2022 à 00:39

Pardon pour la coquille : "en raison de toute la période de temps"

Benoit1967
27/02/2022 à 00:38

Désolé, mais pour quiconque a déjà connu la moindre tempête de neige, si petite soit-elle, la quasi totalité du contexte de l'intrigue est à ce point improbable que ça en devient rapidement risible.

Ne serait-ce qu'en de toute la période de temps où la petite fille est ligotée dans la camionnette, sans chauffage, il est impossible qu'elle soit encore en vie.

La suspension de l'incrédulité devient ici impossible à maintenir et ce, à peine après 3 minutes de visionnement. J'ai poursuivi le visionnage par curiosité, pour voir si le traitement s'améliorerait, mais rien à faire. Et je ne parle même pas de l'accumulation des clichés.

Kelso
26/02/2022 à 23:51

Je ne comprend pas cette critique si négative... Pour moi ce film est une très très bonne surprise, du début à la fin on est tenu en haleine, il n'y a pas un temps mort, on est pris par l'histoire dès le débuts, il y à plusieurs retournements de situations (qu'on ne voit pas venir, c'est rare) et le huis clos est bien rendu contrairement à ce qui est écrit dans la critique, oui ils ne restent pas dans la pièce principale, oui il y a un petit passage dehors dans les bois, mais du fait qu'il y a la tempête de neige et que c'est au milieu de nulle part le sentiment d'enfermement et d'isolement est bien présent. Et je trouve aussi la réalisation très bonne, l'image est très belle, le cadrage souvent très réussi, l'ambiance super bien retransmise, rien à redire de ce côté là, du très bon boulot. Autre point important tous les acteurs sont bons et bien dans leur rôle. On est vraiment deux ou trois crans au dessus des thrillers Netflix qui ressemblent plus à des téléfilms de luxe. Bref si vous aimez le genre, foncez les yeux fermés vous aurez je pense une bonne surprise. Pour moi c'est un 4/5

Benoit1967
26/02/2022 à 23:42

Le plus grand problème du film est que l'action se déroule en hiver au cœur d'une tempête de neige où un froid glacial est supposé régné, accompagné de bourrasques extrêmement fortes. Clairement, le film n'a pas été tourné dans cet environnement et je doute que les comédiens aient jamais expérimenté une tempête de neige.

Dès le départ, lorsque l'héroïne s'endort dans sa voiture, elle devrait littéralement être gelée. Ce n'est cependant pas le cas et pas la moindre buée ne s'échappe de la bouche des personnages lorsque les personnages parlent alors qu'ils marchent dehors, le manteau ouvert et sans gants (???) comme si la tempête était un léger désagrément.

La victime qui est prisonnière dans la camionnette devrait, quant à elle, être morte ou à tout le moins inconsciente depuis longtemps.

N'est pas John Carpenter qui veut. Lorsqu'il a tourné The Thing, les scènes extérieures furent tournées dans le nord de la Colombie-Britannique et les scènes intérieures dans des décors construits dans un environnement réfrigéré, ce qui donne un aspect convaincant à l'oppression météorologique.

Je réside au Québec et lorsque mon ami et moi avons visionné le film, nous étions mort de rire devant l'impossibilité flagrante de la plupart des scènes. Ce n'est pas tourné dans de la neige, mais bien plutôt dans du riz.

Moixavier58
25/02/2022 à 21:20

Rien que le pitch est ennuyeux. Pas d'argent, alors ne faite pas de film. Pauvre Disney a par Marvel, les films d'animation et serie merdique. Ils ne savent rien faire d'autre

Nathan Lane
25/02/2022 à 19:54

Tout le contraire.
Franchement une belle surprise. Que ça soit la mise en scène ou le rythme, je le suis pas ennuyé une seconde.

La vous joué les difficile je trouve (souvent). Bref laisser une chance au film.

Euh
25/02/2022 à 16:40

Si c'est pire que The secret qui était une belle daube, ça promet

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