Spider-Man : No Way Home - critique du multi-Marvel sans spoilers

Alexandre Janowiak | 9 septembre 2022 - MAJ : 12/09/2022 18:37
Alexandre Janowiak | 9 septembre 2022 - MAJ : 12/09/2022 18:37

Marvel a eu du mal à relancer sa franchise avec ce début de Phase 4 entre le minuscule Black Widow, l'arrivée timide de Shang-Chi et la légende des Dix Anneaux et le trop ambitieux Les Éternels au cinéma, et ses séries aux niveaux aléatoires entre WandaVision, Falcon et le Soldat de l'Hiver, Loki, What If...? et Hawkeye. Les espoirs se portaient donc sur le très attendu retour de l'Homme-Araignée de Tom Holland avec Spider-Man : No Way Home pour exploser le MCU et ouvrir les portes du Multivers. Alors, mission réussie ?

l'ascension de spider-man

Une grande philosophe du nom de Michelle Jones, aka MJ, ne cesse de répéter une phrase tout au long de Spider-Man : No Way Home : "Je m'attends toujours à être déçu, pour que je ne le sois jamais". Et les paroles du personnage de Zendaya sont peut-être celles qui correspondent le plus à l'état d'esprit avec lequel il faut se lancer dans ce troisième opus des aventures de l'homme-araignée dans le MCU.

Après plus de deux ans et demi d'attente de la part des fans et plusieurs reports de la date de sortie à cause de la pandémie, la promotion du film Marvel est devenue complètement ingérable à cause des multiples fuites (vraies ou fausses) sur les réseaux sociaux, des théories infinies des fans de l'univers et des nombreux couacs sur les bandes-annonces dévoilées, alimentant l'espoir des fans. Et en même temps, il y avait de quoi être plein d'espoir devant ce Spider-Man : No Way Home.

 

Au fil des mois de promotion et des révélations de Kevin Feige, Amy Pascal et autres pontes derrière la production, le film était incontestablement plein de promesses. D'abord, avec la présence de Doctor Strange pour aider Peter Parker dans sa mission, mais surtout grâce aux retours confirmés de plusieurs antagonistes des anciennes versions du Tisseur. Dans un premier temps, le Docteur Octopus et Electro, puis au fil des trailers balancés, les spectateurs ont très vite pu s'assurer des présences du Lézard, de l'Homme-Sable et évidemment du Bouffon Vert de Willem Dafoe.

La hype a donc très vite grimpé en flèche et le potentiel de Spider-Man : No Way Home a littéralement explosé avec tous les atouts qu'il semblait avoir dans sa poche. Des atouts indéniables qu'il n'arrive malheureusement jamais à exploiter dignement.

 

Spider-Man : No Way Home : photo, Alfred MolinaCoucou Peter

 

chaos crying

Avant toute chose, écrire une critique de Spider-Man : No Way Home sans spoiler quoi que ce soit de l'intrigue est presque mission impossible tant le film joue évidemment sur l'idée de surprise entre petits caméos et grands retours, mais on va tâcher d'en dire le moins possible. Spider-Man : No Way Home reprend donc exactement là où s'était terminé Spider-Man : Far from Home avec un Peter Parker en plein chaos, sa véritable identité étant révélée aux yeux du monde entier. Une révélation qui va gâcher la vie de ses proches et notamment MJ et Ned, ses deux amis se voyant refuser les bancs du MIT à cause des "récents événements".

Se sentant coupable, Peter décide donc d'aller voir Doctor Strange, pour lui demander de jeter un sort afin que le monde entier oublie qui est Spider-Man et qu'il puisse régler la situation. Mais comme le sort est bâclé à cause d'un Spidey perturbant, la réalité est déchirée juste assez de temps pour que quelques méchants s'y engouffrent et que le multivers rentre en jeu.

 

Spider-Man : No Way Home : photo, Tom Holland, Benedict Cumberbatch"Hé, hé, je peux faire des blagues pendant le sort ? Hé steuplait, steuplait"

 

Sauf que pour être honnête, même si les fans vont indéniablement s'extasier lorsque ces méchants feront leur première apparition dans le MCU, tout ce qui tourne autour d'eux est plus qu'une douche froide. Même si l'idée de relier les anciens univers de l'Homme-Araignée (ceux de Sam Raimi et Marc Webb) au MCU pour voir le nouveau Tisseur affronter les antagonistes d'antan est aguicheuse, à l'écran, l'exécution est absolument laborieuse. C'est bien simple, aucun des cinq méchants ne semble avoir envie de porter le lourd fardeau du passé nostalgique.

Vu sa notoriété, Docteur Octopus d'Alfred Molina est probablement la plus grosse déception des cinq tant il est sous-exploité par le récit et devient surtout très vite une marionnette dirigée par les simples envies des scénaristes. De leurs côtés, l'Homme-sable jouit d'effets spéciaux moins réussis que dans Spider-Man 3, le Lézard reste camouflé dans le noir 95% de son temps et n'a absolument aucun arc d'évolution, quand Electro n'a plus rien du super-vilain qu'il était devenu dans The Amazing Spider-Man 2 avec son nouveau look et un Jamie Foxx flambant neuf.

Seul Willem Dafoe a l'air de vraiment s'éclater dans la peau du Bouffon Vert, son personnage de Norman Osborn étant toujours tiraillé par sa double personnalité. Il est d'ailleurs le seul des antagonistes qui a un vrai rôle à jouer dans la partie, Jon Watts laissant libre cours au génie de comédien de Dafoe pour intensifier le personnage tout en lui donnant les actions les plus impactantes pour Spider-Man.

 

Spider-Man : No Way Home : photoHeureusement qu'il est là notre bon bouffon

 

a strange strange world

En parlant de Jon Watts, il faut tout de même souligner qu'il y a du mieux chez le metteur en scène. On ne sait pas ce qu'il s'est passé depuis Spider-Man : Far From Home, mais il a indéniablement progressé derrière la caméra, en témoigne un plan-séquence savamment orchestré dans les premières minutes du film. Et d'ailleurs, même si le long-métrage ne regagne jamais une mise en scène aussi affinée et précise pour raconter les péripéties de ses personnages, l'action y est plus soignée.

L'assemblage du climax n'est pas forcément plus inventif ou simplement plus qualitatif que dans les précédents films, d'autant plus que l'action se déroule une fois de plus dans le noir quasi-complet. Cependant, le film délivre quelques jolis tours de montagne russe (presque littéralement) notamment dans une séquence impressionnante entre Doctor Strange et Spider-Man, où les jeux de miroirs, de perspectives et de profondeurs donnent une vraie identité à leur duel chevronné.

Mieux encore, il vient surtout offrir une vraie poigne de fer au personnage incarné par Tom Holland dans une confrontation lourde de sens, certes au découpage très déficient, mais plus brutal, net et vif qu'à l'accoutumée.

 

Spider-Man : No Way Home : photo, Benedict Cumberbatch, Tom HollandQuelques secondes avant l'un des moments les plus cools visuellement

 

Malheureusement, l'enjeu est trop grand pour le cinéaste et finalement, c'est peut-être la plus grande tare de ce Spider-Man : No Way Home au milieu de son ride nostalgique, le film déçoit surtout à cause de son Multivers. Alors qu'il aurait pu être totalement fou, le Multivers se révèle un immense bordel sans réelle valeur ajoutée et régi par la loi du fan-service.

À moins que son but soit simplement de faire vibrer les fans de la première heure et les moins exigeants d'entre eux, il a davantage la gueule d'un hyper-gadget reposant sur pas grand-chose, n'ayant rien de particulièrement fascinant, entraînant ou même amusant. Non seulement, il devient la source de comportements complètement incohérents de la part de certains personnages, agissant régulièrement en dépit du bon sens (Docteur Strange sérieux), mais il est aussi construit autour de trous scénaristiques abyssaux (quid du procès de Peter ?).

Pire, il ressemble à un énorme poids que le long-métrage n'arrive jamais à porter sur ses épaules, tant il encombre énormément le scénario et le vrai fil émotionnel du long-métrage : Spider-Man lui-même.

 

Spider-Man : No Way Home : photo, Tom HollandQuand tu t'accroches trop à ton multivers

 

marvel resurrections

En effet, au milieu de cette histoire sans véritable surprise, de ses caméos plaisants, mais jamais transcendants, de ses blagues toujours aussi mal-dosées et d'une action plus soignée, mais jamais extraordinaire, il se cache pourtant une superbe idée autour de Peter Parker dans ce Spider-Man : No Way Home. Durant les 2h28 du film - beaucoup trop long pour son propre bien d'ailleurs -, Peter Parker connaît une véritable évolution, passant du jeune garçon complètement naïf et puéril au super-héros "aux grands pouvoirs impliquant de grandes responsabilités'.

Ainsi, alors que le long-métrage joue la carte de la nostalgie un peu facile, il dissimule en son fond un jeu beaucoup plus séduisant sur la figure même du super-héros, de son impact sur ses proches et son rôle dans la société. Et véritablement, le personnage est enfin confronté à l'héritage comics qu'il n'a cessé de délaisser depuis son introduction dans le MCU.

 

Spider-Man : No Way Home : photo, Tom Holland, ZendayaLe duo Zendaya-Tom Holland, sans doute la meilleure chose du film

 

Il y a donc quelque chose de déchirant, voire d'exaspérant, à voir le long-métrage se concentrer en grande majorité sur son exploitation bancale du multivers alors que son coeur émotionnel se trouve ailleurs, dans quelque chose de plus simple et plus humain. Car oui, Peter Parker, MJ (et aussi Ned) sont indiscutablement l'âme de cette trilogie Spider-Man. Le trio offre les moments les plus émouvants de ce troisième volet, notamment dans le dernier tiers du film, voyant à la fois Peter Parker s'effondrer et grandir vers d'autres horizons.

Se dégage alors une désagréable sensation à la fin de Spider-Man : No Way Home : derrière ce grand délire de Multivers spectaculaire, Marvel a gâché un joli film intime et délicat sur l'Homme-Araignée. Gageons qu'avec sa conclusion plus inspirée et excitante, le MCU nous offrira probablement un Peter Parker (et donc un Spider-Man) plus exaltant, plus familier, à l'avenir. Reste à savoir si c'est vraiment ce qu'on attendait du MCU, criant depuis toujours sa singularité, sans jamais la prouver.

 

Spider-Man : No Way Home : Affiche US

Résumé

Spider-Man : No Way Home sera peut-être un grand film pour les fans du MCU, mais il restera un tout petit film pour le cinéma.

Autre avis Simon Riaux
Un film aussi techniquement rabougri et artistiquement rachitique que ses prétendues ambitions étaient grandes. Ou comment traiter un fantasme de fans avec la déférence d'un nourrisson pour une couche sale.
Autre avis Arnold Petit
En dépit de la douce nostalgie qu'il suscite en allant directement chercher dans le cœur des fans, Spider-Man : No Way Home ne dépasse malheureusement jamais son statut de sympathique divertissement, même s'il essaie désespérément d'apporter de l'émotion à son scénario ésotérique et surchargé.
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commentaires
Tom Ward
09/09/2022 à 19:54

La première chose que je me suis dite à la fin de ce film, c'est : "Bordel mais il est où le Spider-Man 4 de Sam Raimi ?"

Le monde a grand besoin de revoir de bons films de super-héros au cinéma...

Rico
28/04/2022 à 20:16

Je l’ai vu récemment en avion, j’ai passé un bon moment même si parfaitement oubliable. Au moins grâce à la fraîcheur de Tom Holland j’ai pu mettre de côté mes angoisses à chaque trou d’air et ça c’est plutôt cool.

Marvelleux
28/04/2022 à 19:36

@Kyle Reese
Bon résumé

Gregdevil
28/04/2022 à 19:30

@Kyle

Quel parfait résumé

Kyle Reese
28/04/2022 à 17:18

Le pire Spider-man tout studio confondu. Scénario prétexte bidon avec multi-incohérences, non respect du travail de caractérisation des méchants, mise en scène plate, scènes d'actions totalement oubliable, sfx pas au niveau, fan service inutile, humour crétin niveau primaire, Tom Hollande tête à claque, Dr Stange irresponsable, seuls Dafoe, Garfield et Zendaya surnagent dans ce film totalement insipide. Comment faire pire que Far from home avec pourtant un matériel en or ? La quantité n'a jamais été gage de qualité, ce film en ai la preuve la plus flagrante.

Morcar
28/04/2022 à 15:09

Quand j'ai découvert les critiques des gens à l'époque de la sortie, je me suis dit que les gens étaient encore une fois sans doute un peu dur avec le film, qu'il était peut-être moyen sans plus mais pas si catastrophique que ça. Et puis j'ai regardé le film hier soir...
D'abord c'est moyen sans plus, voir sans trop d'intérêt même, puis c'est même incohérent, et quand arrivent les anciens Spiderman, ça vire vraiment au ridicule. J'avais lu que l'humour autour de ces scènes avait déplu, mais je pensais encore une fois c'était là les dire de vieux ronchons. Mais en découvrant le film, je n'ai pas du tout retrouvé les personnages de la trilogie de Raimi et des films de Webb. L'humour qu'ils font n'ont rien à avoir avec le ton des films de l'époque, donc c'est en total décalage.
La fin est plus réussie, avec ce choix que doit faire Peter qui ferme la trilogie et laisse imaginer la possibilité d'une suite partant sur de nouvelles bases. Mais le bilan global du film à la fin n'est pas bon.

Joe Staline
28/04/2022 à 08:02

Je l'ai vu. Au milieu du film, j'ai dû sortir de la pièce, tellement je n'en pouvais plus de voir les circonvolutions du scénario et le niveau de bêtise des personnages, ma réaction a choqué mes gamins qui trouvaient tout génial dans le film. Plus jamais de ce Spiderman pour moi. Je garde foi dans la version animée.

Kelso
27/04/2022 à 23:54

Je l'ai loué la semaine passée car quand même curieux de voir la réunion des spiderman, et bon on passe un "bon" moment ça va mais c'est un des plus mauvais scénarios que j'ai vu, on dirait qu'il à été écrit par un enfant de 10 ans, actes et réactions de certains personnages vraiment absurde et risible, de ce point de vue là, c'est le plus mauvais des 3 avec Tom Holland .

Zapan
27/04/2022 à 20:14

Me suis endormi devant au ciné. Heureusement que c'était sur invitation.

Sanchez
27/04/2022 à 19:07

Je l’ai vu dans l’avion et c’était très sympa finalement , malgré cette patte Marvel industrielle

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