Vanguard : critique Jackie tunning sur Amazon
Avec Stanley Tong, Jackie Chan a trouvé chaussure à son pied. Dès les années 1990, le réalisateur signait quelques-uns des plus gros succès populaires du professionnel de l'action burlesque, comme Police Story 3 et 4 ou le bien nommé Jackie Chan dans le Bronx. Désormais, les compères ont bien vieilli, mais ils tiennent à rester deux des plus joyeux lurons du genre. La preuve avec ce semi-blockbuster chinois lorgnant sur le Chan des années 1980 et les Mission : Impossible : Vanguard, disponible sur Amazon Prime Video.
rush hour
29 % sur Rotten Tomatoes, 34/100 sur Metacritic, 3,6/10 sur notre SensCritique national : c'est peu de dire que cette nouvelle aventure ne convainc pas le public occidental. Et pour cause : dès ses premières minutes, on sent le mercantilisme s'installer, à travers une photographie si convenue qu'elle ferait passer un clip de campagne du MoDem pour le prochain Darius Khondji, une musique qu'on jurerait échappée d'une compilation libre de droits (et on ne vous parle même pas de la chanson du film, interprétée par Chan lui-même), un sound design aux fraises et un montage pas audacieux pour un sou.
Tout est calculé pour garantir à une vedette prospère, qui aurait d'ailleurs empoché une grosse partie du budget pour sa participation, une place importante, mais confortable, et introduire une relève bien plus jeune et fringante. C'est donc Yang Yang, bellâtre issu de la télévision, qui assure le premier rôle, laissant à son estimé ainé la fonction de sage patron musclé, à la tête d'une organisation de gardes du corps ne se souciant guère du code du travail ou de ses clauses de pénibilité.
Et j'compte même pas la sécurité de l'emploi
Il n'est pas nécessaire de s'étendre plus que ça sur le scénario de Vanguard, lequel tiendrait sur une note de bas de page. Dénué du moindre enjeu narratif ou émotionnel, incapable de discerner ses propres personnages, il n'est qu'un prétexte pour enchainer les scènes d'action et une obligatoire romance insérée aux tractopelles. Le long-métrage semble s'être inspiré de certains blockbusters des années 1980, ou de la saga Misson : Impossible. Les séquences d'action et leur localisation ont clairement été pensées en amont, puis raccordées maladroitement entre elles grâce à un fin fil narratif.
L'artifice crève presque autant les yeux que la direction artistique, tant l'intrigue est en pilote automatique. Les défauts d'écriture qui résultent de cet exercice de rajustement permanent amènent certaines scènes aux frontières du nanardesque. De la séduction africaine perchée dans le nid du Marsupilami à l'épisode des bagnoles toutes plaquées or... sauf celle que le héros utilisera, les absurdités défilent entre chaque money-shot. Et ne parlons même pas des antagonistes, dont la débilité n'a d'égale que leur manque de caractérisation.
Des flingues, des bagnoles et des gros flingues
Last action hero
Et les scènes d'action, alors ? Si Vanguard s'est fait dégommer par des légions de cinéphiles, il propose pourtant un spectacle fort généreux. Certaines scènes restent assurément en tête, telles que la fameuse poursuite finale ou la descente du fleuve, un classique ici bien dépoussiéré. Certes, les affrontements sont dynamisés par des CGI qui vont du correct (les lions) au désastreux (les voitures), mais on ne peut pas leur reprocher une quelconque faignantise. Ça se flingue, se tabasse, se soulève et se relève à tout va, dans un feu d'artifice aussi bancal que divertissant.
Reste tout de même une impression de retenue, héritée du manque de folie du réalisateur, qui ne gâche pas les cascades de son casting, mais ne les magnifie pas non plus. La faute au montage coupant un peu l'herbe sous le pied d'une mise en scène tout juste efficace. L'entreprise est bien trop mécanique pour correspondre au carcan du Chan-movie dont il souhaite recopier les ambitions. Par exemple, l'action est largement plus au rendez-vous que la comédie, puisque la narration ne laisse jamais le temps et l'espace aux comédiens de démontrer leur talent comique.
De plus, il vaut mieux prévenir les inconditionnels du héros du maître Chinois qu'en dépit de la promotion, il ne reste qu'un second rôle de luxe, ironisant sur sa gloire passée pour mieux laisser de la place à une nouvelle génération loin d'être aussi charismatique. Comme Bruce Willis, Jackie Chan rentre désormais dans la case de l'action star "trop vieille pour ces conneries", et sa filmographie s'adapte en conséquence.
À force de vouloir draguer les fans de l'acteur tout en composant à la fois avec son âge et les impératifs d'une telle production, Vanguard finit par paraître bien anonyme, un divertissement convenu qui n'aurait pas perdu grand-chose sans lui. Il a donc complètement sa place sur Amazon Prime Video, où s'accumule ce genre de séries B au budget disproportionné, complètement boiteuses, quoique parfaites pour un dimanche soir pluvieux.
Vanguard est disponible sur Amazon Prime Video depuis le 15 mars 2021 en France
Lecteurs
(3.3)23/04/2021 à 23:25
Je viens de le voir, c’est degueulasse, rien à sauver...
17/03/2021 à 22:17
Arrêtez de critiquer
Au moins on passe un bon moment de détente, on en a bien besoin....
17/03/2021 à 20:15
Film moyen, qui tient essentiellement grâce à ses scènes d'action.
17/03/2021 à 09:39
Déception....
16/03/2021 à 22:29
Très bon film
16/03/2021 à 14:06
Coïncidence que ça tombe en plein dossier Ouïghours ? Perso c'est la premiére fois je vois un film chinois s'attaqué au ce sujet^^
16/03/2021 à 11:31
@Benbad Boy
En effet, mais cela dépasse largement nos compétences en théorie capillaire.
15/03/2021 à 19:48
Vous auriez pu parler de la magnifique teinture de Jackie Chan quand même.