LA TÊTE A TOTO
Étrange objet que Les Blagues de Toto, adaptation d’une bande-dessinée elle-même basée moins sur un univers ou un personnage qu’une vieille tradition orale, un corpus de blagues, depuis longtemps désolidarisé de ses origines. Si le personnage est d’abord apparu dans les Farces de Toto, publié en 1892 par Emile Durafour, puis dans On Purge bébé de George Feydeau (courte pièce de boulevard au texte survitaminé et au tempo hallucinogène), le personnage s’est mué en une vague incarnation de l’enfance impertinente, puis en surface blagueuse.
Assez étonnamment, le film de Pascal Bourdiaux, s’il n’a jamais affiché l’ambition de retrouver cette veine patrimoniale, ressuscite un peu ses ancêtres surannés. En effet, ce qui aurait pu se muer en lourdeur, à savoir le ton désuet de l’ensemble, son écriture parfois vieillotte, joue petit à petit en sa faveur. À force de calembours antédiluviens, de plaisanteries hors d’âge et de canulars bien macérés dans leur jus, le film parvient justement à s’extraire de l’époque et se différencier du tout-venant de la comédie française. Jamais les dialogues ou la narration ne cherchent l’air du temps, et pour poussiéreux que soient certains de leurs ressorts, ils ont la bonne idée de nous extraire d’un certain marasme humoristique contemporain.
Son amour du burlesque offre à Les Blagues de Toto une patine plus nostalgique qu’attendue, comme le film, derrière ses airs de Denis la malice sous Lexomil, dissimulait une ambition souterraine. Ici on tombe, on se déséquilibre, et toutes les occasions sont bonnes pour toujours voir les adultes trébucher, leurs corps se ridiculiser. Et si le métrage ne manquait pas souvent de rythme ou d’aboutissement dans la construction de ses séquences de démolition, il aurait même des airs d’hommage à tout un pan du cinéma muet, de Keaton en passant par Chaplin.
« Les enfants sont merveilleux » (non)
ZERO + ZERO
Malheureusement, l’ensemble trahit souvent sa nature de produit quasi-télévisuel, dont la photographie, les cadres et le montage témoignent plus du souci de ne pas déranger la digestion d’un spectateur se remettant d’une récente lobotomie, que de faire œuvre de cinéma. Pour quelques morceaux de bravoure enfantins, tendres et inventifs, il faut ainsi se fader des dialogues oscillant entre indigence et platitudes, mettant les nerfs du spectateur (et manifestement ceux d’une partie du casting) à rude épreuve. Et devant le peu d’éclat visuel de l’ensemble, difficile de ne pas piquer du nez pour les adultes.
C’est pas très beau mais c’est plutôt drôle
Et cette mollesse généralisée est d’autant plus désolante quand elle prend les commandes du récit, qu’on se réjouissait de retrouver ici Daniel Prévost, dont la malice illumine quelques plans, à défaut de trouver un véritable terrain de jeu. Même constat pour Ramzy Bedia, dont on sent souvent affleurer le délirant potentiel comique, mais dont l’énergie est le plus souvent étouffée par un programme bienveillant, mais beaucoup trop sage.
C’est d’autant plus rageant que jusqu’au bout, Les Blagues de Toto distille ici et là de charmantes idées visuelles (la visite de la pension carcérale témoigne bien du potentiel inexploité du projet), mais ne transforme jamais l’essai.
Nul hier ce toto nul ce jeune il joue mal perte de temps avec les pubs ce gamin inintéressant il avait mieux comme jeune comédien qu’il reste chez lui avec ses parents .
vu le film et franchement on passe un bon moment
J’attends avec impatience un film sur les blagues Carambar sa va cartonner :))
@simon
O les films Français + 0 les films Français = les Gogo qui payent une place de Ciné pour voir ce genre de film. Je sais c’est facile , avec nos films franchouart qui se paye une bonne tranche de rire .
Je réserve mon argent pour le film sur les blagues Carambar.
qui a pu financer une daube pareille,l’état ???
@simon
Ca manque un peu de Verneuil ou de Belmondo à mon goût tout ça. Mais sinon ouais, vaste débat.
Merci pour ta réponse en tous cas.
@Didier Faiste
Hello DJ !
Y a plein de trucs qui clochent (à des degrés divers) et plein de sujets dans ton post. La part de marché du ciné américain en France c’est 55%, contre 32% pour nos prods locale. C’est à la fois incroyablement élevé et incroyablement bas. Incroyablement élevé parce que ça signifie que si les français vont bien en salles et s’il y a un marché pour les films FR, aujourd’hui, le marché, sans les films ricains, s’écroule. Et parallèlement, on est un des pays dont la prod locale est la plus solide et attractive sur son propre territoire.
La proportion de comédie, elle est importante mais pas folledingue. Le problème me semble beaucoup plus être celui de al visibilité des comédies par rapport aux autres projets. Là, il y a un déséquilibre énorme.
Quant au succès des films, ça dépend de quoi on parle. Plein de films se plantent. C’est vrai. Comme l’industrie digère ça, sans trop de mal, même s’il y a plein de correctifs à apporter, c’est évident, j’ai dans l’idée que c’est aussi cette offre assez riche, de niche, pointue, et souvent balbutiante (y a beaucoup de 1er films dans le lot) est une des conditions de la vivacité de l’ensemble et de son renouvellement.
Et après, tu as plein de films qui ne sont pas des succès, ou des bulldozers de box-office, mais qui rencontrent le public, tout dépend pour quoi et quel seuil de rentabilité est calibré un long-métrage.
Et là, en revanche, on a bien un soucis, plusieurs prods étant systématiquement sur-budgétées, pour plein de raisons. Mais oui c’est un sujet très très riche.
(AKA DJ Fest mais la réinitialisation du mot de passe merdouille ^^)
@simon : oui on est d’accord, je sais que ce n’était pas ton sujet, j’ai bifurqué sciemment.
Tout de même, je n’ai pas les chiffres, je vois ça de loin, mais j’ai tout de même l’impression qu’en l’absence de sorties ricaines les Français ne vont plus au cinéma. Bien sûr il y a la trouille, l’effet Covid et tout ce que tu veux. Mais même avant ça, combien de films français pensés comme « populaires », sur la pléthore de sorties, font réellement des entrées ? Et donc, tout jugement qualitatif mis à part, est-ce qu’il n’y a pas un truc qui cloche ?
Par exemple, est-ce qu’on ne doit pas se poser la question de la proportion de « comédies » (je mets les guillements parce que 9 fois sur 10 je ne comprends pas ce qui est drôle) financées par rapport à tous les autres genres, potentiellement populaires, qui n’ont quasiment plus leur place en France hors Netflix et/ou sorties vidéos (oui Balle Perdue c’est super) ?
@Didier Faiste
Mais je ne l’ai pas collé justement 😉
Et encore ça peut se défendre. Ces 18 derniers mois un paquet de films populaires, ou s’adressant à un public potentiel très large, sont issus du cinéma français.