Été 85 : critique beau coup de soleil
Été 85 est ce soir à 21h10 sur France 2.
Quand Alex rencontre David, la passion est instantanée, évidente. Mais si le premier est amoureux du second, la réciproque n’est pas évidente, et mettra le feu, le temps d’un été aux cœurs du Tréport. Grâce à dieu, François Ozon est de retour avec Été 85.
SUMMER OF LOVE
Capable d’alterner entre drame psychologique, thriller érotique, comédie musicale et drame, François Ozon est un des réalisateurs français les plus polymorphes. Véritable oxymore filmique, son style oscille entre 8 femmes et L'Amant Double, entre l’outrance hallucinée et le Z grotesque. Et si Grâce à Dieu, son précédent film, dévoilait une retenue qu’on ne lui connaissait pas, Été 85 renoue pour sa part avec la tension esthétique et thématique qui a souvent présidé à ses travaux.
Tout comme la carrière de son auteur, le film frappe par sa versatilité. Largement vendu comme la chronique solaire d’un amour initiatique, le récit électrique qui se déroule sous nos yeux est bien plus qu’une capsule temporelle nostalgique. Sitôt l’intrigue sur les rails, ou plutôt les flots, la météo bascule, et la lumière estivale fait face à des éléments changeants, bouillonnants, qui préfigureront souvent les soubresauts des protagonistes. Et si la séduction est instantanément au cœur du dispositif, ce dernier bat selon un tempo changeant, tour à tour doux puis menaçant, qui intrigue durablement.
Au cours de la dernière décennie, notamment dans ses portraits féminins ou ses questionnements sur le genre, le cinéaste a plus d’une fois frisé le ridicule, et si cette tendance n’a pas disparu, elle peut ici s’épanouir dans un cadre qui lui convient idéalement. Car en traitant d’un amour adolescent dévorant, des transgressions qu’il entraîne et des zones d’ombre qu’il convoque, Ozon nous immerge dans un monde de sentiments exacerbés, de déséquilibres et d’excès.
Avec un art funambule délirant, il parvient à marier l’étrange, le tendre et le lumineux, comme lors de la rencontre avec une mère aussi concupiscente qu’aveugle aux réalités de son existence, qu’on jurerait sortie d’un trip mélancolique de John Waters.
WINTER SLIP DE BAIN
Peut-être parce qu’il sort de la mesure presque clinique de Grâce à Dieu, le cinéaste laisse souvent à ses acteurs les commandes. Lui qu’on sait amateur d’effets de style, voire de démonstrations de force plastique, fait ici œuvre de – relative - sobriété. Cadres soignés, photo léchée laissent souvent le temps à un casting exceptionnel de se déployer. Aux interprétations fébriles de Félix Lefebvre et Benjamin Voisin répondent celles, toutes en nuances, des adultes, qui offrent leur répondant à une jeune génération dont l’énergie nourrit le film avec grâce.
Mais c’est aussi dans ses averses qu’Eté 85 nous emporte. Quand l’amour cède à d’autres exaltations moins nobles, mais pas moins puissantes, et que la passion se fait douleur, le métrage se métamorphose soudain pour explorer des gouffres de souffrance abyssaux. Ces ruptures de ton, sincères et violentes, sont pour beaucoup dans la grande force de cette fresque amoureuse, aveuglante quand elle brille, terrassante quand elle vrille. De la naissance d'un artiste en passant par l'autopsie d'un amour, tout en désirs et faux-semblants, François Ozon parvient à sonder le spectateur avec une force insoupçonnée.
Félix Lefèbvre et Benjamin Voisin
Malheureusement, le choix d’embrasser la transfiguration du héros, d’amoureux transi, puis meurtri, à créateur bouillonnant, étouffe petit à petit toute cette revigorante intensité. Le scénario s’articule autour du progressif dévoilement d’une transgression originelle, mais entre dialogues appuyés et flashforwards mécaniques, il ne reste plus grand mystère à révéler lors du dernier acte.
Plus embêtant, alors que le film veut embrasser les conflits d’Alex, la narration bégaie, découpant inutilement ses atermoiements en trois phases répétitives, dont la plus forte est hélas la première. Été 85 s’achève donc sur une conclusion en demi-teinte, qui entame la maestria qui a précédé. Le résultat n’en est pas moins une des plus belles créations de son auteur.
Lecteurs
(3.1)17/03/2021 à 11:58
Punaise, la critique m'a donné envie d'aller plus loin avec ce film...
17/03/2021 à 10:49
Félix Lefebvre et Benjamin Voisin font toute la magie du film, ils sont lumineux et imprègne la rétine. Acteurs à suivre.
30/07/2020 à 20:18
Personnellement, c'est une petite déception.
C'est dommage parce que j'ai l'impression qu'Ozon n'a pas assumé de faire un film simple. Il y a dans cet Été 85, des moments vraiment réussis et une véritable alchimie entre les acteurs qui permet à cette romance d'exister. Malheureusement, au deux-tiers du long-métrage, le film prend un virage un peu grossier et on doit se taper une conclusion à rallonge qui dilue l'émotion et alourdit inutilement une oeuvre qui aurait dû durer 1H20. Je ne vois franchement pas l'intérêt de toute cette dernière partie, j'ai vraiment le sentiment d'un film qui en fait trop et qui n'a pas totalement compris ce qui était touchant dans son histoire. C'est un peu dommage parce qu'il y avait là tous les ingrédients pour un beau film populaire français sur l'homosexualité. On se consolera en se disant qu'on a tout de même découvert deux acteurs très prometteurs .
19/07/2020 à 17:40
Il est vrai que la première partie est plus forte que le reste de la réalisation, le choix de presque tout révéler dès le premier quart d'heure n'étant pas profitable à son rythme, par ailleurs indolent.
La transformation de la passion en la douleur insupportable et suffocante du manque confère en effet toute sa profondeur au film et permet aux acteurs de dévoiler l'étendue de leur talent tandis que les arrières-plans ne cessent de rivaliser d'ombre et de lumière, comme autant de manières de mettre en avant Félix Lefebvre et Benjamin Voisin (j'en parle plus longuement ici : https://pamolico.wordpress.com/2020/07/19/ete-85-francois-ozon/)
19/07/2020 à 11:31
j ai adoré ce film j en suis a sa dixieme vision et je ne me lasse pas de voir cette histoire , avec deux excellents acteur que sont BENJAMIN VOISIN et L EXCELLENT FELIX LEFEBVRE qui deviendra avec BENJAMIN deux tres grand acteur , la réalisation est superbe FRANCOIS OZON est un tres grand réalisateur au point ou moi j aurai aimé vivre cette passion bref 1H40 de bonheur !
18/07/2020 à 17:42
C'est un très beau film, très émouvant, à mon sens un des plus aboutis des 19 réalisations de François Ozon, sans doute un des plus personnels, car il ne se limite pas à une simple bluette entre ados, mais sait mêler le romantique et le tragique de la vie, de la rencontre amoureuse, Eros et Thanatos en somme. C'est de plus servi par de merveilleux acteurs en état de grâce, car ils sont très bien dirigés et jouent parfaitement le jeu. La reconstitution des années 1980, musique, décor et costumes est aussi très réussie ; il y a d'ailleurs un clin d'oeil bienvenu à d'Eric Rohmer (Pauline à la plage), qui fut le maitre de François Ozon. Bravo et merci pour cette magnifique réalisation de François Ozon et à tous ceux qui y ont si bien contribué
18/07/2020 à 09:49
La critique de Simon Riaux est complètement incompréhensible ! trop de mots ou de phrases compliquées quand au film très mauvaise reconstitution des années 80 ! (costumes et decors )mais les acteurs sont geniaux, Valeria est excellente , la bande son nous transporte vraiment dans les années 80 .
17/07/2020 à 06:45
Le meilleur F. Ozon, sans aucun doute, avec "Dans la maison"(2012)
16/07/2020 à 18:50
Hâte de voir ce film... J aime Ozon, un auteur important a mes yeux dans le cinéma français
16/07/2020 à 18:45
J'ai adoré comme film acteur super bien joué une belle histoire d'amour entre deux hêtre