A STAR IS MORNE
De ce côté de l’Atlantique, l’aura de Judy Garland n’est qu’un lointain écho de son rayonnement hollywoodien. Petite fiancée de l’Amérique dès la sortie du Magicien d’Oz, elle devint la star de la MGM, un symbole de la puissance des studios, d’un star-system qui faisait encore des stars des icônes absolues, mais aussi de l’inhumanité avec laquelle certains studios traitèrent leurs jeunes comédiennes, quitte à les transformer en bêtes de foire toxicomanes. Tous ces éléments sont au cœur de la pièce de Peter Quilter, qu’adapte ici le réalisateur Rupert Goold.
Malheureusement, il a choisi de complètement éclater la structure de l’œuvre originelle, pour mieux en souligner les thématiques et aplanir les enjeux. Judy ne se contente donc pas d’évoquer les derniers mois de travail et d’existence de l’artiste, préférant illustrer ses troubles de copieux flashbacks. Et ce, dès l’ouverture du film, qui nous ramène sur le plateau sublime du classique de Victor Fleming, où déjà, le ver est dans la pomme et où la jeune Judy Garland est sur le point de voir son enfance piétinée par Louis B. Mayer.
Une fin de carrière entre pression et dépression
Cette ouverture, et les autres aller-retour temporels qui émaillent l’intrigue constituent le problème principal du long-métrage. Leur contenu était déjà distillé dans la dramaturgie originale, avec une certaine justesse, et tenter de les redéployer à la faveur d’une narration éclatée, comme on en a vu proliférer ces dernières années, paraît singulièrement factice.
Par conséquent, le film bégaie régulièrement, illustrant platement lors de ses flashbacks ce que d’autres séquences ont déjà établi avec plus de force. Le dispositif est d’autant plus grossier que Rupert Goold, justement issu du théâtre, semble à tout prix désireux de se la jouer cinéaste, plutôt que d’embrasser la trame plutôt resserrée qu’appelait son sujet, multipliant situations, époques et décors, comme pour mieux échapper aux marqueurs de Broadway.
Des performances vocales où Renée Zellweger impressionne
MON AMIE RENEE
Judy est-il pour autant un ratage ? Tant s’en faut. Porté par une direction artistique minutieuse et la performance mimétique de Renée Zellweger, il s’inscrit parfaitement dans la vague contemporaine des biographies programmatiques, conçues pour bâtir un hommage, probablement sincère, tout en dressant des parallèles avec notre époque.
Le choix de Judy Garland, à la fois femme forte et victime d’un milieu patriarcal qui use d’elle comme un matériau avant tout, s’avère parfaitement adapté. Adapté, efficace, mais aussi terriblement attendu et prévisible, à la manière de ce découpage qui ne se soucie jamais tant de composer son cadre que d’enregistrer les performances de sa comédienne. Un choix là encore facile et compréhensible, à défaut d’être passionnant.
Capable de s’investir totalement, sans jamais totalement s’effacer derrière son personnage, Renée Zellweger délivre une prestation attendue, presque prévisible, mais qui bénéficie du charme « moumoute et trémolos » propre au genre. Dans cette catégorie, Rufus Sewell, tout en postiches et prothèses pendantes, passerait presque pour un figurant égaré de Star Wars : L’Ascension de Skywalker. Choucroute attendue ou drame intime, Judy ne tranche jamais, et si la proposition est loin d’être indigne, c’est cette indécision qui lui interdit de s’élever au-dessus du tout-venant.
J’ai vu le palmarès, c’est surtout vous votre ressenti que j’aime bien avoir
Vous pensez quoi du cru vegan 2020 pour les oscars la redac ? À moins d’avoir loupé l’article lol
J aime bien les biopic mais d un ennui le film, rien d extraordinaire.
@Terminéator
Oui. Mais est-ce si étonnant ? Si unique ? La discussion revient chaque année, pour beaucoup de cinéphiles.
Et logique, vu le fonctionnement des Oscars, qui ne vise pas du tout les « meilleurs » avec ce fonctionnement
https://www.ecranlarge.com/films/dossier/1058737-oscars-de-shakespeare-in-love-a-black-panther-pourquoi-la-ceremonie-est-une-vaste-blague
Apparemment vous n’êtes pas d’accord avec les Golden Globes et les oscars sur la prestation de Renée Zellweger
@simon riaux et Arnaud: bon ben merci pour l’info.
Je partageais les mêmes attentes d’Arnaud pour ce biopic sur une des plus grandes actrices du siècle dernier.
Merci Simon
Du coup le film me tente pas plus que ca, alors qu’un film biographique sur Judy Garland, sur le papier ca me hypait a mort …
Je demeure surprise des récompenses (Golden Globe, Oscar) octroyées à Renée Zellweger, toujours empêtrée dans les minauderies et le baby-voice. Sa performance est aussi nulle que le film.
Personnage charismatique au parcours dramatique, Judy Garland méritait mieux.
@Arnaud (le vrai)
Prévisible dans son ton, son traitement, son approche.
Oui, il y a des flash-back, qui handicapent pas mal la narration, mais c’est bien la partie londonienne qui reste la colonne vertébrale de l’ensemble.
Simon, j’ai cru comprendre que l’histoire du film serait centré sur le moment où elle est partie travailler a Londres un peu contre son gré, laissant ses enfants derriere elle. Soit finalement les dernieres années de sa vie
Pour ma part j’esperais que le film traite plus de son enfance/adolescence entre mere completement tyranique et producteurs profiteurs/drogueurs/censeurs. Soit les années où se melangent les superbes films de sa carriere, mais les a coté les plus sombres de son existence
Du coup, est-ce que le film se centre sur la fin, ou est-ce qu’il developpe suffisamment les années 40 et 50 de Judy Garland ?
Petite remarque: dire que le film est prévisible … ben oui c’est une biographie hein, a priori on connait la fin 😀