The Dead Don't Die : critique palme mort

Simon Riaux | 15 mai 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 15 mai 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Les zombies débarquent à Cannes avec The Dead Don't Die de Jim Jarmusch, ou la promesse d’une relecture maline d’une des plus grandes figures du cinéma horrifique (pour qui a survécu à Only Lovers Left Alive). Accompagné d’un casting qui ferait déglutir bruyamment un galleriste New-Yorkais, le cinéaste s’essaye à la satire et au commentaire politique. Malheureusement, le cadavre n’est pas toujours celui qu’on croit.

LE 7EME SOT 

Sur-exploitée, la Terre dévie de son axe, provoquant le réveil des morts, lesquels s’en prennent aux vivants, se repaissant des chairs d’innocents en psalmodiant les mots et concepts qui ont marqué leur passage sur Terre. La poivrote réac beugle « Chardonnay », les millennials finis aux smooties équitables grognent « Wifi », et tout ce petit monde s’entredévore. On en restera là pour la dimension politique du récit, incapable d’aller au-delà d’un anti-Trumpisme cadavérique.

Jim Jarmusch regarde cette Amérique qui refuse de mourir et contamine inexorablement les vivants avec un mélange de dédain et de sidération qui pourrait n’être qu’anodin s’il n’exsudait de toutes ses plaies un nectar d’autosatisfaction assez rance. Le monde est méchant et ses avatars vraiment pas très gentils, nous assène le réalisateur, préférant agiter sa caméra mollement, rejouer sans cesse les mêmes mouvements d’appareils et autres signatures, plutôt que de laisser le genre infuser au cœur de son dispositif.

 

photo, Iggy PopTrop de Coffee and Cigarettes

 

Car The Dead Don't Die n’a rien à dire du cinéma horrifique, et aborde ses morts-vivants par-dessus la jambe. À la manière d’un sportif de haut-niveau daignant descendre chez les amateurs le temps d’une exhibition de charité et prenant une incommensurable déculottée, Jarmusch aborde l’héritage de George A. Romero sans jamais parvenir à emballer un hommage correct, un décalage assumé, ou une parodie en bonne et due forme. Les codes ne l’intéressent pas mais il se révèle un peu plus à chaque séquence incapable d’y substituer quoi que ce soit.

 

LA MORT LUI VA SI BIEN

L’affiche de The Dead Don't Die vantant son casting hétérogène et pléthorique ne s’y trompait pas : la collection d’acteurs accomplis venus ici se payer une bonne tranche de rire et quelques jours de vacances est bien l’unique intérêt du film. Le tempo comique de Jarmusch s’avérant passablement balourd (non, la répétition n’est pas l’unique ingrédient du comique de répétition), il faut tout leur talent pour insuffler un peu de vie à l’ensemble.

 

Photo Danny Glover, Bill Murray, Adam Driver Lost in strangulation

 

Et à condition d’accepter la pauvreté tonale, dramaturgique et intellectuelle du métrage, ce dernier contient bien quelques saillies comiques, voire de pures trouvailles mélancoliques. Ces lents travellings, isolant dans le plan Bill MurrayChloë Sevigny et Adam Driver, sont autant de capsules où le trio brille, amuse, avec une élégance remarquable. De même, il suffit d’une paire de répliques à Tilda Swinton pour faire oublier les faiblesses du projet, d'un grognement à Iggy Pop pour ressusciter notre intérêt, quand le visage buriné de Tom Waits demeure une excellente excuse pour se frotter au cinéma pourrissant de Jarmusch.

Film de fumiste méprisant profondément son sujet et la tradition dans lequel il s’inscrit, The Dead Don't Die ne manque pourtant pas d’intérêt, tant il cristallise aussi un certain état d’Hollywood, entre fascination pour de nouveaux formats menaçant les ordres établis et crainte existentielle profonde générée par le triomphe du populisme. Avec ses limites, paresses, et trouvailles, le récit de Jarmusch est une photographie assez saisissante d'un naufrage annoncé, sorte de réponse blafarde au passionnant Monrovia, Indiana de Wiseman.

 

affiche francaise

Résumé

Comme paralysé par un monde qu'il ne comprend plus, Jarmusch signe une fable paresseuse, régulièrement sauvée par ses excellents comédiens. Comme quoi, le mort-vivant n'est pas toujours celui qu'on croit.

Autre avis Geoffrey Crété
Jim Jarmusch s'est certainement cru malin, spécial et décalé avec cette banale et paresseuse histoire, et nul doute que tout le monde (acteurs comme spectateurs) s'est laissé tenter par l'association entre lui et le genre du zombie. D'un ennui mortel.
Autre avis Alexandre Janowiak
The Dead Don't Die est un plaisir absurde et cynique bercé par son rythme lymphatique, à l'image de ses zombies et humains. Dommage que le comique de répétition soit usé jusqu'à n'en plus finir et que la vision nihiliste de Jarmusch se révèle plus moraliste que percutante.
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Lecteurs

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commentaires
Miami81
24/06/2022 à 23:35

Aucun intérêt.

Tra
08/11/2021 à 23:15

Sacrement nul c'est mou creux et faussement intellectuelle . Sa critique à deux balle sur la société de consommation et les consommateurs à la fin c'est d'un ridicule , digne de la réflexion d'un adolescent mal dans sa peau et qui comprend rien au monde qui l'entoure .

cafe
27/07/2021 à 16:02

Le mort-vivant n'est pas toujours celui qu'on croit... D'accord, mais pas pour les mêmes raisons.

Loin d'ignorer les codes du genre, Jarmush nous présente au contraire des vivants apathiques, traversant presque sans résistance un effondrement global, et avançant avec mollesse vers l'inexorable issue qu'ils ne peuvent ignorer. Oui, même certains personnages connaissent déjà la fin du film, et restent pourtant quasi-inactifs, pas plus étonnés par l'allongement des journées que par la prolifération des zombies -réduits, comme il se doit, aux pulsions résiduelles de leurs drogues de vivants, que ce soit le smartphone, la mode, le café ou le magasin de bricolage- et toujours pas plus chamboulés que ça par une autre nouvelle surprise d'envergure, arrivant en fin de film ; bref, que rien ne sortira de leur léthargie.

Le casting sert à merveille l'humour dont déborde le film, et la "pauvreté" tonale le propos central, tout comme l'intrication explicite avec la réalité.

- But then, it ends badly, right?
...
- Er, yeah, yeah it does.
...
- OK, then.

Dans ce monde en putréfaction, même celui qui a fui à temps ne peut que contempler le carnage, sans plus personne pour l'entendre dire "What a fucked up world !"
Un joyeux pessimisme qui résonne pourtant comme un cri de terreur, ce film est à classer parmi les grands.

Coeluli
29/05/2021 à 21:31

J'ai adoré, j'ai trouvé ça drôle.

Karlito
19/09/2020 à 13:00

Un film d'une grande faiblesse et paresse. Les acteurs et actrices sont excellents, mais semblent un peu perdu dans cette campagne triste et sinistre. Les longs travellings suivant la voiture des policiers a quelque chose d'hypnotique. Ce petit truc que l'on aime chez Jarmusch. Un défilement d'une campagne qui fait peur. Curieusement le non-dit (les images de ces maisons délabrées et sombres sur le bord de la route) est plus effrayant que le message que le réalisateur essaye avec lourdeur de faire passer. Les références à Romero ont juste l'air d'être pointées pour s'excuser du peu d'interêt au genre.

Il y a de bons moments, mais ils ne sauvent pas ce naufrage, très déçu. Je ne m'attendais pas à voir un "Shaun of the dead",plutôt un film mélancolique avec une peu d'humour noir et teinté d'une certaine chaleur automnale que j'aimais dans ses films. C'est lourd, pas drôle et trop déliquescent pour être honnête.

Hank Hulé
19/05/2019 à 22:39

Chiant comme la pluie.
Et ça se croit malin.
Revoir Shaun à la place

mes qui es tu
19/05/2019 à 13:04

BON

Marvel/DC
18/05/2019 à 20:39

Franchement quand je vois un telle commentaire critiqué avec mauvaise foi un film comme Avengers 4 pour simplement protéger l'un des films de zombie les plus pourris du monde je ne peux que te dire va voir un doc coin coin, Avengers 4 n'est pas parfait mais à côté de ce truc qui ce prend pour un film c'est une pépite de l'univers du cinéma ;)

Simon Riaux
17/05/2019 à 12:24

@snake88

Le review day by day on a arrêté parce que... bah franchement tout le monde s'en cogne.

Et pour ma part je serai en mesure de faire des critiques quotidiennes des films dans quelques heures !

jude
17/05/2019 à 02:42

parti de la salle au bout d'une heure!

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