Unfriended : Dark Web critique en ligne

Camille Vignes | 23 décembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Camille Vignes | 23 décembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Voler, c'est déjà pas bien, mais voler un ordinateur hacker par une société secrète assoiffée de sang, ça devient clairement la pire idée d'une vie. C'est d'ailleurs ce que va coûter le larcin de Matias, à lui et à ses amis. La bande est traquée par cette secte sur ce nouvel ordinateur, on assiste à la progressive descente aux enfers de la bande d'amis réunis pour un facetime, et harcelée pour intégrer le jeu tordu du "qui perd-meurt".
Unfriended, une des productions à petit budget de la Blumhouse, avait attisé notre curiosité en 2015. Le second chapitre, Unfriended : Dark Web oublie complètement le côté paranormal et laissez-nous vous dire qu’à nouveau, c’est une belle surprise.

COMME UNE IMPRESSION DE DÉJÀ VU, NON ?

S’il y a une chose à retenir des cinq chapitres de Paranormal activity, c’est qu’il y a bien des façons de se planter avec la production d’un film horrifique à petit budget, avec pour seul point de vue une caméra subjective. Mais loin d’être un collage paresseux de séquences, Unfriended est devenu en 2015 un des concepts les plus ingénieux de l’année.

 

photoScreenshot...

 

Le premier chapitre avait su en convaincre certains, mais bien sûr, offrir une suite à un film avec un concept aussi original n’est pas donné à tout le monde. Et pourtant Stephen Susco, qui réalise son premier long-métrage avec Unfriended : Dark Web, propose un résultat qui dégouline de bonnes idées. Il supprime les éléments superflus et lourds du premier film et offre une réalisation claire, directe, plutôt bien ficelée.

L’horreur fonctionne parce qu’elle parle un langage universel. De facetime aux bitcoins, du fameux « covfefe » à l’écran familier du mac, tout est fait pour qu’on se sente comme à la maison, pour brouiller les frontières entre monde virtuel et réalité.

 

photo... et mise en abîme

 

CTRL+Z, ÇA MARCHE PAS EN VRAI

Si le concept et le format de Unfriended : Dark Web  fonctionne plutôt bien, on ne peut pas dire la même chose du scénario. L'intrigue dévoile trop son désir de s'éloigner du film de possession classique et qu'elle n'est pas un simple pastiche du Unfriended de Levan Gabriadze.

On se retrouve à suivre les aventures de Matias, un jeune étudiant qui a volé un ordinateur dans un café, et de ses amis. Il ne le sait pas encore mais l'ordinateur est hacké depuis le départ par une société secrète du dark web qui s'amuse dans des soirées jeu à torturer, kidnapper et tuer n'importe qui leur tombant sous la main.

 

photoLà, tu regrettes d'avoir pris l'ordinateur

 

Il ne faut pas s'attendre à ce que la peur vienne de l'histoire déployée. Entre traque à l'homme et purge des passions à la American Nightmare, Unfriended : Dark Web veut surtout montrer à quel point internet est un danger pout tout le monde. Si la mise en scène de Stephen Susco fonctionne, la liste de méfaits qui s'allonge tout au long du film est moins convaincante.

Et le problème c'est qu'il y a trop de sous-intrigues et que leur déroulement est trop simpliste. De la torture physique et psychologique au kidnapping, en passant par le chantage, on dirait que le film veut explorer tout ce que le Dark Web peut produire de pire sans jamais le faire vraiment à fond. Donc non seulement le spectateur se perd un peu, mais en plus tout ça amoindrit le propos, plutôt crédible à la base.

 

photoEt ça, c'est le dark web qui vient ruiner ta vie

 

INSIDIOUS WEB

On l'aura compris, là où Stephen Susco marque des points, c’est dans le renouvellement du concept de départ. Très loin d’utiliser l’écran d’ordinateur uniquement comme un objet formel de structuration d’image, il voit clairement le digital comme une arme. L’ordinateur n’est plus la porte d’entrée d'un esprit malfaisant, mais un outil de commination surpuissant et pernicieux. On finit par se prendre au jeu malsain que la société anomyme déroule grâce au dark web, mieux (ou pire) on est spectateur de l'action au même titre que la bande d'amis réunie sur facetime.

Éclipser toute dimension paranormale permet au métrage d’avoir un discours un peu innovant sur la scène internationale de l’horreur, et c'est plutôt fort pour une première réalisation. Au lieu de voir le mal comme quelque chose d’extérieur à l’homme il met à jour sa noirceur intérieure par le biais d'une de ses créations. Les personnages se retrouvent enfermés par la technologie, un peu comme dans l'épisode Shut Up and Dance de la saison 3 de Black Mirror. Mais Unfriended : Dark Web accuse mieux les dérives du digital grâce à son format.

Tour à tour film d'horreur, survival, épouvante, slasher, et critique de l'avènement d'internet, Unfriended : Dark Web ne sait jamais trop bien sur quel pied danser et manque de mordant. Malgré tout, fond et forme dialoguent si intimement qu'on passe vite au dessus des petites stries scénaristiques.

 

Affiche française

Résumé

Surprise, frémissements, rires et scènes terrifiantes de réalisme… Le cœur de l’intrigue dialogue directement avec la forme. Exit l’idée galvaudée du fantôme du premier volet, Unfriended : Dark Web exploite le concept de la communication instantanée via les tréfonds d’internet. Technophobe s'abstenir.

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