Critique : Do not disturb

Sandy Gillet | 3 octobre 2012
Sandy Gillet | 3 octobre 2012

Pour ceux qui avaient raté Humpday (et ils sont nombreux), voici venu le temps du rattrapage (ou pas) avec son remake français signé Yvan Attal. L'histoire reste la même : deux amis de longue date se retrouvent après s'être perdus de vue et se lancent le défi, lors d'une nuit bien arrosée, de coucher ensemble devant une caméra. Le but fallacieux étant de participer au Festival de film érotique et pornographique HUMP!. On voit assez bien ce qui a titillé Attal réalisateur (s'approprier pour la première fois un scénario dont il n'est pas l'auteur) et Attal acteur (la volonté de donner la réplique à un François Cluzet toujours prêt à dynamiter ses repères). Mais à l'arrivée, si la sauce prend bien entre les deux acteurs, l'ambition du propos entrevue lors du pitch de départ est bien trop vite abandonnée et élaguée pour que ce Do not Disturb vaille le coup que l'on s'y attarde plus que cela. De fait si vous lisez ce texte, passez votre chemin. Allez ouste ! Bon ok. Pour les morbacs du fond qui n'ont rien d'autre à faire que s'accrocher, on va donc devoir un peu développer.

Le troisième long d'Attal souffre en fait de sa trop grande fidélité avec le matériau yankee d'origine qui n'était autre qu'une blague de potache n'assumant pas son postulat. On est donc déjà déçu par cette frilosité là où l'on pouvait décemment attendre du réalisateur de Ma femme est une actrice un regard plus ambigu et subtil sur cette part de féminité tapie en chacun des hommes. Certes il ne fallait pas tomber dans une sorte de militantisme de toute façon déjà passéiste mais en profiter pour rendre compte d'un air du temps paradoxal entre avancées salvatrices et vieux clichés homophobes. Rien de tout cela en fait et Yvan Attal de se vautrer dans une sorte de mise en scène bourrée de tics et de tocs qui parasite un récit qui n'en avait donc pas besoin. Le sommet étant la fête très « bobo arty » que l'on imagine en plein quartier du marais parisien dans une sorte de maison ouverte aux quatre vents où se repaissent des créatures toutes droites sorties d'un tableau de Braque période fauviste. Précisément là où nos deux amis bourrés et hétéros décident de s'enfiler dans les 48h et gratos pour la beauté de l'Art (Sic).

Le spectateur absolument pas dupe de ce qui se déroule à l'écran ne perd tout de même pas toutes ses illusions de cinéma puisqu'il peut se raccrocher au formidable couple de comédiens et seconds rôles du film (à l'exception du duo Charlotte Gainsbourg / Asia Argento aussi improbable que ridicule). Yvan Attal s'en sortira toujours avec son sens inné de la direction d'acteurs et celui encore plus instinctif qui lui permet de réguler lui-même son jeu et les enjeux de son personnage. Pour illustrer cette évidence en forme de complicité non feinte on ne pourra qu'être franchement et agréablement étonné par la séquence finale où nos deux compères se retrouvent face caméra avec pour décor une chambre d'hôtel de la périphérie de Paris. Les dialogues font mouche, l'évolution des situations sonnent juste, les deux acteurs donnent admirablement le tempo et font montre d'une présence incroyable... C'est quasiment là que le film commence et malheureusement là qu'il se termine. Le reste est enfermé dans des certitudes politiquement correctes et des préjugés surprenants que l'on s'en voudrait de continuer à déranger plus que cela.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire