Quibi : la première victime de la guerre du streaming explose en vol

La Rédaction | 22 octobre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
La Rédaction | 22 octobre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Depuis le succès mondial de Netflix, les plateformes déferlent et refaçonnent l’industrie hollywoodienne. Et Quibi s’impose comme leur premier accident industriel.

 

capture d'écran, Sophie TurnerLa plateforme de Survive ne survivra pas

 

GAME OVER 

Quibi a débarqué dans le monde de la production et diffusion de contenus avec une promesse assez ambitieuse, puisque la plateforme de programmes courts entendait révolutionner la consommation de vidéos. Remarquée grâce à une levée de fonds de 2 milliards de dollars, emmenée par deux dirigeants qui comptent parmi les plus en vue d’Hollywood, l’entreprise voulait proposer un tout nouveau modèle, partiellement en rupture avec ses concurrents. 

Pour Meg Whitman et Jeffrey Katzenberg (ancien dirigeant de Dreamworks animation), il semblait vital de rompre avec les formats popularisés au cours du XXe siècle. Pensée pour être exclusivement utilisée sur mobile, Quibi proposait donc uniquement des formats courts, des épisodes d’une dizaine de minutes, conçus pour être consommés durant les différentes étapes de la vie quotidienne, d’une simple pause en passant par les phases de transports.

 

photoQuibi enterrée par ses propres créateurs

 

Mais seulement six mois après son débarquement en grande pompe, l’application vient d’annoncer officiellement qu’elle cessait ses activités et liquidait tous ses biens. On avait beau savoir que le lancement de la firme en avril avait eu des airs de naufrage et que ses premiers mois d’existence s’étaient révélés difficiles, l’entreprise possédait encore un compte en banque fourni de plusieurs centaines de millions de dollars et affichait encore tout récemment sa volonté d’accélérer la production de fictions inédites. 

Jusqu’à ce que Jeffrey Katzenberg et Meg Whitman officialisent la fermeture de l’app, dans un communiqué de presse publié il y a quelques heures. 

“C’est le cœur terriblement lourd que nous annonçons aujourd’hui la fin de nos activités, alors que nous entamons la vente de nos contenus et de notre technologie.” 

 

capture d'écran, Sophie TurnerC'est l'heure de la thérapie de groupe

 

FAIRE PASSER LA PILL 

C’est donc bien une liquidation totale qui attend l’entreprise. Et pour ceux qui espéreraient encore que Quibi puisse intégrer un autre catalogue ou s’hybrider avec une plateforme existante, les propos des dirigeants ne souffrent aucune ambiguïté. 

“Nous n’aurons pas échoué par manque de motivation, nous avons étudié et épuisé toutes les options à notre disposition.” 

Comment expliquer ce spectaculaire échec ? A nouveau les dirigeants se montrent assez lucides. 

“Peut-être parce que l’idée elle-même n’était pas assez porteuse pour justifier à elle seule un service de streaming indépendant, ou peut-être à cause de notre timing. Malheureusement, nous ne le saurons jamais, mais nous pensons qu’il s’agit d’une combinaison des deux.” 

 

Affiche officielleInvestir à Hollywood : un jeu dangereux

 

Lancée le 6 avril 2020, Quibi a donc fait face de plein fouet aux conséquences du confinement et de la Covid. Sur le papier, beaucoup de commentateurs ayant expliqué que la sociabilité diminuée jouait en faveur des producteurs de contenus, on aurait pu penser que la situation favoriserait l’entreprise. Sauf que ce concept de divertissement disponible uniquement via smartphone se retrouvait, hors du contexte d’une vie mobile, en concurrence directe avec des plateformes beaucoup plus installées, performantes... et disponibles sur de plus grands écrans. 

Un échec qui évoquera forcément celui (relatif) de Black Pills, formidable application devenue maison de production après avoir cessé son activité de plateforme en 2019. 

Enfin, Quibi a sans doute souffert de ses programmes eux-mêmes, qui auront eu le plus grand mal à retenir l’attention, ou tout simplement à se distinguer. On ne peut pas dire que Most Dangerous Game ou Survive aient déclenché les passions, pas plus que l'intrigante 50 States of Fright de Sam Raimi. 

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commentaires
breaaky
24/10/2020 à 13:21

Savez vous si les séries sont reprises par d'autres plateformes car 50 states of fright est vraiment bien j'ai bien accroché !!

Cklda
23/10/2020 à 05:42

@cinegood. Ah en effet ct un bel échec...C’est quoi studio+ ?

Ozymandias
23/10/2020 à 00:29

J'ai trouvé le concept vraiment pas attirant, regarder des films/séries sur mon téléphone c'est pas possible perso...

Cinégood
22/10/2020 à 16:21

ça rappelle aussi l'échec de Studio+ en 2016/17 qui avait le même principe et, à l'époque, pas de problème de confinement.

Pepsisolar
22/10/2020 à 15:06

Salto va se prendre la même dérouillée : A la différence de Quibi cela prendra moins de 6 mois..

HarleyQuiin
22/10/2020 à 12:56

Dommage, The Stranger était très bon.

major fatal
22/10/2020 à 12:26

Franchement des films comme des jeux casual entre 2 stations LOL! Bientôt on en sera a chanter les musiques de pub comme dans démolition man. Un film visionnaire!