La Quatrième dimension - Saison 2

Nicolas Thys | 23 juin 2008
Nicolas Thys | 23 juin 2008

Next stop : The Twilight zone, saison 2, et les quelques changements opérés depuis la première saison. D'une part un nouveau générique, plus simple, plus rapide et épuré : une ligne noire mystérieuse apparaît sous un soleil éclatant qu'elle engloutit. En quelques secondes, tout est dit : le mystère d'un autre monde qui vient phagocyter le notre. D'autre part les interventions de Rod Serling après les premières minutes de l'épisode : la voix off prend définitivement corps et appelle l'entrée dans ces univers étranges et palpitants. A noter qu'à l'origine Serling ne souhaitait pas apparaître lui-même mais le manque de moyens financiers l'a empêché d'embaucher quelqu'un d'autre, pour notre plus grand plaisir car cette incrustation est d'autant plus efficace lorsque le créateur lui-même, gardien de ces mondes parallèles s'y colle.

 

 

                            Le Générique                                                            Rod Serling

 

Sinon tout est là : une représentation magistrale de l'Amérique des années 60 à travers ses peurs, ses fantasmes, son idéologie, son histoire et ses thèmes fétiches, le tout sous couvert de science fiction, de mystères et de guest-stars du petit et du grand écran. Force est de constater que la série n'a guère perdu de sa fraîcheur et de son potentiel malgré les années. Même l'aspect ridicule des extra-terrestres de Monsieur Dingle, reste tout à fait cohérent avec la caricature générale qu'opère l'épisode. Seule l'écriture et le temps imparti pour traité Les Robots du Docteur Loren peut déranger. Les 25 minutes habituelles semblent cette fois trop courtes pour traiter efficacement un thème pleinement ancré dans l'air du temps et que les 50 ans qui nous séparent de l'épisode n'ont fait que confirmer : le trop plein technologique et le désir de créer des clones humains robotisés pour nous servir (Blade Runner n'est très pas loin).

 

Les extraterrestres de Mister Dingle

  

L'originalité de la série est aussi d'avoir su mêler des points de vue multiples, complexes voire paradoxaux qui font partie intégrante de la culture américaine et permettent une diversité remarquable d'approches scénaristiques. Quand L'Homme dans la bouteille montre qu'il vaut mieux rester à sa place, même pauvre, plutôt que s'enrichir ou désirer le pouvoir car on en paye le prix, quand les derniers mots de L'Homme et son double ne sont pas sans rappeler un slogan vichyssois - Travail, famille... - et glorifient des valeurs conservatrices, on constate également une mise en avant du libre-arbitre face à l'engrenage des superstitions (Un sou pour vos pensées), un désir de sauvegarder ce qui fait l'individu face à un conformisme totalitaire (L'œil de l'admirateur) mais aussi une peur panique des régimes despotiques sous couverts de métaphores religieuses (L'Homme qui hurle). Si de nombreux épisodes sembleront plus neutres, l'originalité de cette série est de proposer des approches et des lectures des plus diverses.

 

Sydney Pollack 


Cette saison est émaillée de récits très audacieux pour l'époque avec plusieurs pamphlets anti-technologie et anti-télévision mais surtout l'histoire d'un enfant suicidaire (Conversation avec l'au-delà) et de parti pris formels assez risqués et plutôt bien menés : un épisode sans parole (Les Envahisseurs), un autre sans visage montré (L'œil de l'admirateur). Mais aussi  un grand nombre d'épisodes où le personnage principal se trouve être le temps. Retours dans le passé ou voyages dans le futur sont très présents et permettent de revisiter l'Histoire (de la préhistoire à l'Assassinat de Lincoln ou aux Pionniers découvrant les Etats-Unis), de faire des découvertes scientifiques ou de naviguer entre rêve et réalité. A mesure que la série avance on se rend compte de son influence chez quelqu'un comme Robert Zemeckis. La trilogie Retour vers le futur est un remarquable condensé de la série. Et, à voir ces personnages dotés de pouvoirs étranges dont regorge La Quatrième dimension, elle semble également avoir marqué les créateurs d'Heroes. Le déjà cité L'homme et son double par exemple montre le reflet d'un homme prenant la place de ce dernier dans le monde réel, leur deux personnalités étant strictement opposées

 

Dick York 

 

Parmi les personnalités présentes dans cette saison on retiendra le scénariste Richard Matheson, le compositeur Jerry Goldsmith et chez les acteurs : Sydney Pollack, William Shatner, Agnes Moorehead, Dick York, Jack Elam, Robert Cummings, Cliff Robertson, Inger Stevens, Burgess Meredith, Dean Jagger, Franchot Tone, Richard Haydn ou John Carradine.

 

  Jack Elam 
 
 
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