La fin approche pour la saison 2 de The Last of Us. Notre critique avec spoilers de l’épisode 5, où Ellie et Dina continuent à avancer dans le cauchemar.
C’était inévitable. Avec seulement 7 épisodes contre 9 pour la saison 1, la saison 2 de The Last of Us ne pouvait que défiler à toute allure. Voilà donc déjà le cinquième épisode de l’adaptation sur HBO, où Ellie (Bella Ramsey) et Dina (Isabela Merced) continuent à se frayer un chemin dans le cauchemar de Seattle, pour retrouver la trace d’Abby (Kaitlyn Dever).
Et où les fans du génial jeu vidéo The Last of Us : Part II s’emparent de chaque miette pour comprendre comment Craig Mazin et Neil Druckmann vont adapter cette histoire particulièrement ambitieuse, qui s’étalera au moins sur la saison 3.
La route est encore longue, mais l’épisode 5 réalisé par Stephen Williams (Lost, Watchmen) franchit plusieurs étapes importantes dans l’histoire. Notre critique.
ATTENTION SPOILERS
APPUYER SUR LE CHAMPIGNON
La saison 2 de The Last of Us a réglé l’un des plus tristes problèmes de la saison 1 : le manque d’infectés. Jusque là, le monde semblait tellement désert qu’il était quasiment post-post-apocalyptique, avec des villes, des rues et des bâtiments globalement vides, hormis quelques scènes à grand spectacle. Vu les ambitions et le budget (ce serait 100 millions de dollars pour 10 épisodes), c’était tout de même une sacrée déception.
La saison 2 y a vite remédié puisqu’il y avait autant d’infectés dans les deux premiers épisodes que dans l’intégralité de la première saison. Et hormis la pause de l’épisode 3, la menace cordyceps est restée omniprésente, tapie dans l’ombre ou sous la glace, prête à sauter sur la première âme trop bruyante.
L’épisode 5 continue sur cette lancée. Quand Ellie et Dina traversent un bâtiment pour atteindre l’hôpital, il n’y a pas seulement quelques infectés et claqueurs à neutraliser : il y a une petite armée de rôdeurs, plus malins et sournois, qui les encercle dans une pièce sombre, elle-même encerclée de WLF en patrouille. Ça, c’est The Last of Us : aller d’un point A à un point B, se préparer à affronter des infectés, et découvrir que ce sera pire que prévu. Et c’est encore la preuve que l’équipe a cherché à rendre justice à l’atmosphère terrifiante des jeux avec ces nouveaux épisodes.

BIEN TORCHÉ
La série The Last of Us n’évite pas la très grosse ficelle de Jesse le sauveur, qui débarque encore comme par magie. La situation est encore plus grossière puisque dans le jeu, il retrouvait la trace d’Ellie en extérieur, dans une zone transformée en champ de bataille avec des dizaines de cadavres. Ce qui est tout de même plus plausible que dans un bâtiment sombre et silencieux.
En revanche, ce que l’épisode 5 parvient à bien retranscrire, c’est le sentiment d’urgence dans une ville où chaque rue, chaque bâtiment et chaque détour peut cacher une nouvelle menace. Infectés, WLF, Séraphites : Seattle est remplie de vie, et donc de mort. Les personnages se retrouvent au milieu d’une guerre qui les dépasse, et dont ils essayent de reconstituer les tenants et aboutissants en marge de leur mission.
Pour fuir les rôdeurs, Ellie, Dina et Jesse doivent se jeter dans la gueule des WLF armés jusqu’aux dents. Pour leur échapper, ils doivent s’aventurer dans le territoire des Séraphites, où les torches illuminent un parc devenu une forêt sans fin, comme si une porte vers un autre monde s’était soudainement ouverte. Et pour survivre, le trio doit constamment changer de stratégie et s’adapter à leurs ennemis. Ça aussi, c’est The Last of Us. Et ça tranche avec le désert de Kansas City dans la saison 1, où tous les infectés avaient été rangés au sous-sol.

Au fil des péripéties cauchemardesques, l’épisode confirme une autre réussite de la saison 2 : Dina, toujours le personnage le plus intéressant du point de vue de l’adaptation. Dans une scène, elle démontre à nouveau son intelligence en déduisant le rejet des Séraphites pour la technologie, permettant aux scénaristes de malicieusement expliciter des éléments de l’univers. Dans une autre, elle parle de la mort de sa famille (comme dans le jeu), donnant une raison encore plus intime à sa présence à Seattle (ce qui n’était pas le cas dans le jeu). Même chose pour ce moment où elle demande à Ellie de décider si elle doit continuer à ses côtés, ou partir.
Après l’épisode 4 qui avait astucieusement réécrit la révélation de l’immunité d’Ellie, l’épisode 5 continue à adapter l’histoire avec intelligence pour corriger quelques imperfections du jeu. C’est Dina qui se prend la flèche des Scars à la place de l’héroïne, ce qui devrait permettre de remplacer une ficelle un peu grosse pour la suite. Heure après heure, Dina gagne en dimension dans cette saison 2, et le talent de l’actrice Isabela Merced y est pour beaucoup.

SPORE DE COMBAT
Malgré les moyens pharaoniques alloués par HBO, qui a lâché un plus gros budget pour moins d’épisodes sur la saison 2, The Last of Us semble malheureusement courir après le temps. La dernière ligne droite de l’épisode 5 ne fait donc pas dans la dentelle pour amener Ellie face à Nora, incarnée par Tati Gabrielle – connue dans la galaxie Naughty Dog puisqu’elle jouait une méchante dans le mauvais film Uncharted et sera au centre de leur prochain jeu Intergalactic: The Heretic Prophet. Hormis le petit clin d’œil du chien qui renifle les hautes herbes pour rappeler de bons souvenirs du jeu, l’hôpital est donc réduit à seulement quelques scènes.
Ce serait presque une frustrante promenade de santé si ça ne débouchait pas sur des images tétanisantes, qui permettent de boucler la boucle avec les jeux. La série avait fait le choix de remplacer les spores par un réseau interconnecté permettant aux infectés de communiquer. Mais l’épisode 5 confirme que ces saloperies qui flottent dans l’air existent bel et bien dans ce monde, relégués ici aux sous-sols de l’enfer, comme teasé dans la scène d’intro très réussie.

Armée de son immunité qui lui permet d’éclairer ces ténèbres interdites aux humains souhaitant le rester, Ellie pénètre dans un nouveau royaume et découvre un tableau d’une beauté terrifiante, où des corps encore « en vie » expirent des spores dans un mouvement sans fin. Visuellement, c’est d’une puissance sidérante car dérangeante, qui rappelle le baiser mortel de Tess avec un infecté au début de la saison 1, ou même les folles scènes de crime de la série Hannibal (on y pense parce que l’actrice Hettienne Park est dans la scène d’intro de l’épisode) (et parce que c’est toujours bien de rappeler que Hannibal est une série fantastique).
C’est bien la preuve du soin apporté par l’équipe HBO à la construction de cet univers, avec un travail fabuleux sur les décors et les textures. En plus de parfaitement mettre en place un nouvel étage dans l’horreur de The Last of Us, qui rappellera forcément quelques sueurs froides aux fans du jeu, c’est une belle manière pour Craig Mazin et Neil Druckmann de retomber sur leurs pattes et entrecroiser les deux mondes de The Last of Us, entre les jeux et la série.

Alors qu’Ellie vient de franchir un premier cap majeur en tuant Nora, The Last of Us rembobine pour conclure l’épisode 5 avec un flashback où réapparaît Joel. Après la tempête, le calme. Quand on sait que le prochain épisode est réalisé par Neil Druckmann lui-même, qui l’a co-écrit avec Halley Gross (sa co-scénariste sur le deuxième jeu) et Craig Mazin, il y a de quoi imaginer que le prochain chapitre ne sera pas anodin. Et si vous avez joué à The Last of Us : Part II, vous savez de quoi on parle.
The Last of Us saison 2 est diffusée sur Max depuis le 21 avril.

Pour les personnes en retard, la saison serait complète pour le 26 mai heure française
« Corriger quelques imperfections du jeu » ….. Mais arrêtez s’il vous plait de vous improviser critiques de jeux vidéos ! Cette série a gâché toute la sève du jeu, savamment distiller dans des cinématiques au combien meilleure, une subtilité d’écriture, des personnages complexes et développer dans une narration par l’environnement et l’art du dialogue bine plus développer que les grosses ficelles de ce show qui n’est qu’une pale copie d’un chef d’œuvre vidéoludique.
Entièrement d’accord avec cette critique. Un episode qui tient bon mais dont les deux grosses ficelles mentionnées ici viennent un peu gâcher la fete tant elles sont improbables.
A cela il faut ajouter que le personnage de Dina papote bien fort lors de sa traversée de Seattle avec Ellie. Dans un tel contexte de danger immédiat, il aurait été plus normal qu’elles se taisent, ou du moins qu’elles chuchotent.
Sinon Bella Ramsay est toujours aussi impeccable.