Episodes Saison The Walking Dead : Dead City épisode 1 - étude d'un syndrome post-traumatique

Judith Beauvallet | 19 juin 2023 - MAJ : 19/06/2023 11:33
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photo, Jeffrey Dean Morgan

Le premier épisode d’un énième spin-off de la série culte The Walking Dead fait son apparition sur nos écrans. The Walking Dead : Dead City se concentre sur les deux pires ennemis jurés de la franchise : Maggie et Negan. Premier retour sur le début des aventures d’un duo sous tension.

ATTENTION : SPOILERS SUR LA SÉRIE PRINCIPALE THE WALKING DEAD

Créée par Eli Jorne, auparavant scénariste sur la saison 10 de The Walking Dead, Dead City est aussi co-produite par Scott M. Gimple, l’un des piliers de l’écriture et de la production de la série principale qu'il a showrunné des saisons 4 à 8. D’ailleurs, parmi tous les épisodes que Gimple a écrits, il y en a un en particulier qui a fait sa réputation, bonne ou mauvaise, ce qu'il s'y passe est le point de départ de ce spin-off qui rassemble Negan (Jeffrey Dean Morgan) et Maggie (Lauren Cohan).

 

 

l'après glenn

L’épisode en question est sans doute le plus choquant de la série, celui qui a marqué un tournant capital dans l’histoire de la bande à Rick Grimes, et dont nombre de spectateurs ne se sont jamais relevés. Il s’agit bien évidemment de l’épisode dans lequel le personnage du grand méchant Negan fait son apparition. Sous les traits de Jeffrey Dean Morgan, Negan porte un perfecto noir, un foulard rouge autour du cou et, surtout, ne se déplace jamais sans Lucille, sa batte de baseball sertie de fil barbelé.

C’est avec Lucille que Negan, dans le premier épisode de la saison 7, tue gratuitement le personnage très apprécié de Glenn (Steven Yeun) sous les yeux de sa femme enceinte Maggie (Lauren Cohan). Pour faire honneur à la scène elle-même très impressionnante du comics de Robert Kirkman, la fameuse séquence filmée est particulièrement stressante, gore et triste. Cet avènement sanglant d’un méchant ultra-charismatique mais ultra-détestable a partagé le public. Qu’il ait été considéré comme haïssable ou génial, la série n’a jamais réussi, par la suite, à égaler ce choc et à se renouveler au-delà des échos du traumatisme sur les personnages.

 

The Walking Dead : Dead City : photo, Lauren Cohan, Jeffrey Dean MorganMegan et Naggie

 

Une fois ces bases établies, il est plus que logique de comprendre pourquoi The Walking Dead : Dead City voit le jour, malgré l’étiolement de la franchise à travers ses innombrables spin-offs, et pourquoi elle nait sous l’égide de l’auteur de l’épisode fatidique. Car tout l’aspect alléchant de cette nouvelle branche est justement qu’elle propose de rassembler le fameux Negan et Maggie, désormais mère célibataire du jeune Hershel et meneuse implacable. Malgré les subtilités et nuances apportées au personnage de Negan au fur et à mesure des saisons de la série principale, Maggie n’a, bien évidemment, jamais oublié la manière dont il a assassiné son mari devant ses yeux.

Le postulat de départ a quelque chose d’un peu facile et voyeuriste dans sa manière d’accoler un meurtrier et sa victime collatérale, mais comment aurait-il pu en être autrement ? La mort de Glenn est restée si prégnante dans tout ce qu’a pu produire la franchise depuis, comme un point culminant psychologiquement indépassable, qu’il était logique que le sujet finisse par être abordé aussi frontalement, quitte à consacrer tout un spin-off à cette seule problématique.

 

The Walking Dead : Dead City : Photo Lauren CohanMaggiestrale

 

the last of them

Maggie va-t-elle être contrainte par les événements au point de devoir accepter que Negan continue de vivre ? Va-t-elle-même finir par le pardonner ? Le premier épisode de Dead City est encore loin d’une telle résolution, bien sûr, mais l’intrigue resserrée qu’il commence à tisser entre les deux personnages laisse imaginer que la question va se poser. Un peu à la manière de The Last of Us 2, tout le parcours de la série visera-t-il à faire en sorte que le spectateur réussisse à pardonner l’impardonnable ?

C’est bien possible, d’autant que ce premier épisode appuie là où ça fait mal : après que le scénario a trouvé des moyens plus ou moins tordus pour que Maggie veuille provisoirement garder Negan en vie plutôt que de l’étriper sur la place publique, voilà que sont balancés des flashbacks de la mort de Glenn. Juste au cas où le spectateur aurait oublié à quel point Maggie a des raisons de ne pas porter Negan dans son cœur. Si la lourdeur et la maladresse des flashbacks est regrettable, l’idée reste efficace pour faire cohabiter au maximum, dans ce premier épisode, la haine absolue de Maggie pour Negan et sa nécessité tout aussi absolue de le garder en vie pour l’aider à sauver son fils.

 

The Walking Dead : Dead City : Photo Jeffrey Dean MorganBientôt comme cul et chemise ?

 

Ce détail est assez représentatif de la manière dont l’épisode jongle avec le passé des personnages : Negan ose être surpris que Maggie lui en veuille encore et lui assène qu’il n’est pas le méchant dans l’histoire. Mais la jeune femme ne se laisse jamais influencer et tout est fait pour que le spectateur comprenne qu’elle ne se laissera pas marcher dessus et que sa révolte reste intacte.

Forcés à collaborer dans une situation où ils ont besoin l’un de l’autre, les deux ennemis vont peut-être enfin évoluer pour la première fois depuis longtemps : lors d’une course-poursuite, Negan trébuche et tombe par terre, donnant l’impression que le grand méchant vieillit et que, plus la série avancera, plus il aura besoin de se faire pardonner pour être protégé par Maggie.

 

The Walking Dead : Dead City : Photo Jeffrey Dean MorganUn peu Neganionniste sur les bords

 

Laisser agir la Maggie

Autre évolution notable proposée par ce début de spin-off : l’esthétique beaucoup plus fantastique que dans les autres ramifications de l’univers Walking Dead. Dans ce Manhattan post-apocalyptique, on assume la nuit inexplicablement éclairée aux projecteurs turquoise, qui plonge l’épisode dans un ton de série B de genre éloignée de l’aspect pragmatico-réaliste de la série originale. Tout ceci est à regarder dans le noir, d’ailleurs, malgré lesdits projecteurs, car l’épisode reste extrêmement sombre.

De la même manière, les zombies sont utilisés de manière plus ludique qu’auparavant pour créer le frisson de dégoût. La scène où les personnages naviguent sur un fleuve dans lequel flottent des marcheurs (des flotteurs ?), qui sont poussés par le bateau et se contentent de grogner mollement quand ils sont cognés par la coque, en est un bon exemple. Idem pour le moment où un marcheur se précipite sur sa proie et, au moment d'ouvrir la bouche pour mordre, laisse apparaître un rat qui mène sa vie tranquillement dans sa mâchoire décomposée.

 

The Walking Dead : Dead City : photoWalking pas dead

 

Un peu d’horreur, un peu d’humour et beaucoup de dilemmes cornéliens, ça semble être la recette d’un spin-off en accord avec son origine, mais qui se forge aussi sa propre identité. Et Maggie et Negan étant sans doute les deux personnages les plus charismatiques et intéressants des dernières saisons du tronc commun, il y a des chances pour que cette identité ne manque pas de caractère.

En somme, s’il est encore un peu tôt pour décréter que Dead City sera une réussite, ce premier épisode est une bonne surprise, malgré la facilité de son postulat et l’épaisseur de certaines ficelles. Un vent de renouveau esthétique commence à souffler doucement sur la franchise qui en avait grandement besoin. Il ne faut pas vendre la peau du marcheur avant de l’avoir tué, mais il est permis d’espérer.

Un nouvel épisode de The Walking Dead : Dead City est disponible chaque lundi sur OCS depuis le 19 juin 2023

 

The Walking Dead : Dead City : Affiche US

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commentaires lecteurs votre commentaire !
J0N
19/06/2023 à 22:50

@Motordu

Les joies du tactile... Je disais donc qu'au delà des deux premières saisons, ils s'étaient trahi en faisant de choix cruciaux de nos aventures précédentes de simples easter eggs et en soft-rebootant l'ensemble, sans genie, en clonant d'anciens personnages sous de nouvelles textures. Mais sinon, je trouve les deux premières Telltale meilleures que la majorité des AMC.

J0N
19/06/2023 à 22:06

@Motordu

Assurément, les deux premières saisons de la version Telltale sont très prenantes, pour la suite je suis bien déçu, ils ont

Neji
19/06/2023 à 21:24

Il y a encore des clients pour ça ?

neuneu
19/06/2023 à 16:43

Entièrement d'accord avec les coms ci-dessous. Il y a tant de bonnes séries, pourquoi s'infliger une ènième resucée de la purge infâme qu'était devenue WD ? 1883, 1923, exemples de spin-offs réussis, selon moi bien sûr, presque supérieurs à la série d'origine. Histoire ultra simple, acteurs impeccables, décors naturels sublimes.

motordu
19/06/2023 à 15:09

Je pose ici mon commentaire pour faire la propagande des jeux vidéos The Walking Dead réalisés par Telltale. Une histoire (indépendante de la série) magnifique et une DA à couper le souffle, avec les personnages pas loin d'être les plus attachants que j'ai vus en fiction.

Cidjay
19/06/2023 à 12:48

Perso, j'ai lâché Walking Dead à la saison 8 et ça faisait déjà 4 ou 5 saisons que j'aurai du arrêter.
J'ai pas essayé de m'infliger les Spin-off. je garde tout de même un excellent souvenir de la première saison de la série principale.

Lediseurdeverité
19/06/2023 à 11:21

Fan des comics et des 6 premières saisons de la série.

Plutôt m’ouvrir les veines que de continuer cette purge.
Je sais déjà pas comment j’ai fait pour réussir à m’infliger 8 saisons de fear.
Alors je vais pas m’infliger de nouveaux projets infidèles à l’univers surtout si c’est de la même qualité

Boddicker
19/06/2023 à 11:21

Perso j'ai trouvé ça ultra Z, d'une bêtise scenaristique ahurissante , rien à sauver, mal joué, pas d'ambiance, pauvre dans tous les sens du terme et le générique fait mal aux yeux tellement c'est laid... Même par rapport au niveau vertigineusement nullissime de walking dead.
Je rêve d'une série ou le genre soit traité avec talent, respect et amour comme certaines, le polar : Breaking bad, Better call Saul, Mr Inbetween; le western : The english, 1883; la SF : Raised by wolves... ça manque pas pourtant mais ce truc générique et sans âme, non merci.

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