Episodes Saison Waco Saison 1 Episode 1 : Parole de Dieu

Christophe Foltzer | 30 janvier 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
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Photo Waco

Ce qui impressionne toujours, dès que l'on parle de l'industrie américaine, c'est sa capacité à rebondir et à parler de l'histoire de son pays. Alors que chez nous, on se heurte toujours à une levée de boucliers (voir l'affaire récente autour du téléfilm sur le Bataclan), les Etats-Unis, quoi qu'on en pense, n'hésite pas à regarder leur histoire en face.

Le siège de Waco est l'un des événements les plus dramatiques de la société américaine moderne. Durant 51 jours, en 1993, un blocus a été créé autour d'une secte sise à Waco, au Texas, dans une propriété appelée Mont Carmel, et dirigé par le magnétique David Koresh, Vernon Howell de son vrai nom.

Au bout du compte, un incendie de la communauté, la mort de 82 personnes, dont 21 enfants et Koresh lui-même et pour tout le monde, l'action la plus meurtrière du gouvernement américain contre ses citoyens depuis la Guerre de Sécession. Oui, autant dire qu'il y avait là matière à faire une série télé.

 

Photo Taylor KitschTaylor Kitsch EST David Koresh

 

WACO MINUTE SOUPE

Inspiré de deux ouvrages sur la question, dont l'un écrit par un rescapé du raid, Waco s'impose d'emblée comme une série prestigieuse par son casting. Taylor Kitsch, méconnaissable, est donc le gourou, entouré d'Andrea RiseboroughMelissa Benoist et Rory Culkin, tandis que Michael Shannon, pour sa part, incarne le négociateur Gary Noesner. Rien que pour ça, la série vaut le coup, surtout lorsque l'on sait que Kitsch et Shannon en sont aussi les producteurs.

 

Photo Waco

 

Le premier des six épisodes qui nous sont proposés prend son temps pour installer ses personnages et son intrigue et, dès le départ, nous comprenons que nous n'avons pas affaire à une série comme les autres. En effet, cette présentation des personnages principaux et de leurs univers respectifs nous montre d'emblée toute l'ambivalence des forces en présence. Si David Koresh passe d'emblée comme un illuminé, il n'en reste pas moins profondément humain et bon avec les siens, prônant la paix et l'écoute, cherchant juste à faire vivre sa communauté en marge d'une société qui s'est perdue en cours de route.

De son côté, Noesner, froid, calculateur et manipulateur, n'est pas non plus le "gentil" classique, comme le montre la prise d'otage qu'il résout dans ce pilote et ses rapports humains distants et soupesés. Dès le départ, Waco nous prévient que nous allons assister à l'affrontement de deux grands manipulateurs convaincus chacun qu'ils font tout ça pour le Bien. Une idée de base très intéressante qui permet également d'embrasser un spectre assez large de points de vue sur ce drame affreux.

 

Photo Michael ShannonMichael Shannon

 

JESUS CAMP

Et c'est d'ailleurs le gros intérêt de ce premier épisode qui, sans dévoiler d'entrée de jeu l'issue de son intrigue, laisse déjà supposer qu'une ombre menaçante plane sur tous ses personnages. Il sera moins question du fait divers mais plus des circonstances qui ont créé la catastrophe. De ce point de vue, Waco tire à boulets rouges sur les deux camps.

Il montre d'un côté toute l'ambivalence d'un David Koresh le coeur sur la main et soucieux du bien-être des siens, et de l'autre le leader d'un culte à sa seule gloire dont il se défend, ordonnant le célibat à ses fidèles et couchant avec ses multiples épouses en prenant cela comme une responsabilité, voire un sacrifice. De ci, de là, d'autres éléments laissent penser que le culte est plus sombre que ce qu'il parait, des petits détails autour d'un plan qui montrent que nous ne devons pas nous fier au portrait attractif et hypnotisant qui nous est présenté.

 

Photo Waco

 

Dans le même ordre d'idée, le versant gouvernemental ne vaut pas mieux puisque là aussi, la figure institutionnel s'en prend plein la tronche, essayant d'échapper à ses responsabilités et condamnant l'ATF (le service auquel appartient Noesner) pour une faute qu'elle n'a pas commise. Là encore, un besoin de contrôle, un versant sombre se dessine, parfaitement illustré par ce passage où Noesner avoue à sa compagne que le FBI vient d'avoir 10 millions de dollars de subvention, et que la militarisation progressive des services n'annonce rien de bon.

Il est très difficile de parler de ce premier épisode car, plus qu'avec toute autre série, son intérêt ne se montrera qu'à la lumière de son ensemble. Ce que l'on peut dire par contre, c'est que la série est extrêmement bien réalisée, que ses acteurs sont prodigieux, son ambiance hyper-efficace et que ce pilote laisse augurer du meilleur.

 

Photo Waco

 

En jouant la carte du drame humain, parcouru d'images d'époque, Waco semble faire les bons choix et s'impose d'emblée, outre l'histoire que la série va nous raconter, comme une critique fine et implacable du gouvernement américain et du virage qu'est en train de prendre la société actuellement. Bref, nous sommes probablement face à un indispensable de 2018.

 

Envoûtante, grave, dramatique et extrêmement bien interprétée, Waco est une énorme promesse d'une série qui risque de nous clouer sur place. On espère ne pas se tromper. Vivement le deuxième épisode.

 

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commentaires lecteurs votre commentaire !
Choco
30/01/2018 à 17:48

Un grand acteur sous estimé Taylor Kitsch :

Tousen
30/01/2018 à 14:19

Ce serait bien que cela atterit sur netflix...
Après d'accord avec @Alcatrazzz, pas vraiment intelligent de comparé au bataclan qui était du terrorisme à l'état pur et qui est encore récent par respect pour les familles...

Roro
30/01/2018 à 14:16

Ca a l'air chouette! C'est diffusé sur quelle plateforme?

ALcatrazzz
30/01/2018 à 14:08

"on se heurte toujours à une levée de boucliers (voir l'affaire récente autour du téléfilm sur le Bataclan), les Etats-Unis, quoi qu'on en pense, n'hésite pas à regarder leur histoire en face".......Waco c’était il y a 25 ans, le Bataclan 2 ans 1/2 ! Je trouve votre remarque pas vraiment pertinente sur ce coup là.

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