Jury Duty : critique du The Office version extrême sur Amazon
Jury Duty est le croisement entre 12 hommes en colère et The Office sous la forme d'un mockumentaire (un faux documentaire) sur le devoir de juré lors d'un procès. Mais la particularité de la série imaginée par Lee Eisenberg et Gene Stupnitsky, c'est que tout le monde est acteur, sauf une personne à qui l'on a fait croire que tout ceci est réel. Ça donne la caméra cachée la plus extrême et géniale qui existe et c'est sur Amazon Prime Video en France.
The office 2.0
Jury Duty est une création de Lee Eisenberg et Gene Stupnitsky, deux scénaristes et producteurs exécutifs ayant opéré sur The Office durant sa période d'or – de la saison 2 à la 6 donc. Et cette nouvelle série est le stade supérieur du programme ayant révélé Steve Carell. Bien sûr, on retrouve cette mise en scène de mockumentaire avec la caméra portée se faisant surprendre par la spontanéité des événements dans des décors éclairés aux néons. Également, l'équipe créative est physiquement présente sur le tournage dans des rôles secondaires.
L'instant confession typique de The Office
Néanmoins, Jury Duty a une particularité qui la démarque des ersatz de The Office : il s'agit d'un des prank les plus travaillés de la télé. L'intégralité de la série est en réalité une caméra cachée savamment organisée sur plusieurs semaines pour piéger un seul homme. Le but est de lui faire croire qu'il est juré dans un procès, tout en le mettant au centre d'une histoire dont il ignore être le héros.
Et très vite, on sent les limites auxquelles peut se confronter une telle idée aussi géniale que casse-gueule. Comment faire si le piégé ne réagit pas comme prévu ? Si un acteur fait une bourde ? Et internet ? Les portables ? Jury Duty est obligée d'être dans une semi-improvisation constante, et de se tenir au bord de l'abîme. Malgré ce défi insensé, c’est fait avec brio.
le vrai Truman Show
Devant Jury Duty, on peut y voir la sitcom Community de Dan Harmon, puisque là aussi le postulat de départ n'est qu'un prétexte pour réunir des personnalités qui ne se seraient jamais côtoyées autrement. Ainsi, la série est un défilé de personnages caricaturaux, mais inévitablement drôles et attachants, baignant dans l'humour typique (mais moins irritant) de The Office. On peut féliciter pour ça les acteurs aussi impliqués que doués. Parmi eux, une seule véritable célébrite : James Marsden (X-Men, Westworld), qui s'amuse – et amuse – à s'auto-parodier en comédien en manque de reconnaissance.
La star dont personne ne se souvient
Mais si le charme de la série opère, c'est quasi exclusivement grâce au piégé transformé en héros de sitcom, Ronald Gladden. On pourrait être peiné de le voir embarquer dans une telle supercherie, mais il faut se rendre à l'évidence : nous ne méritons pas Ronald. Car l'homme coincé dans cette aventure délirante (et jamais humiliante) se révèle l'incarnation de la bonté.
Ainsi, Jury Duty part comme une série comique testant la crédulité de la personne prise au piège. Mais, elle finit par se transformer en programme mettant à l'honneur une personne d'une grande sincérité et humanité.
TV-fiction-réalité
Étrangement, il y a un sentiment pervers qui naît à la moitié de la saison de Jury Duty. Car à l’inverse de The Truman Show où l'on souhaite plus que tout voir Truman Burbank s'échapper de cette vie montrée en spectacle, on ne veut pas que Ronald apprenne la vérité. En effet, l'adorable victime noue de réelles amitiés (à ses yeux) avec des personnages. On imagine donc voir son monde et ses certitudes se briser s'il apprend la vérité. Et de la même manière, l'inévitable révélation de l'envers du décor va nous rappeler l'artificialité de cette fiction que nous regardons.
Face à ce ressenti culpabilisant (ATTENTION SPOILERS), le dernier épisode consacré aux coulisses devient le making-of le plus émouvant qui soit. Méthodiquement, l'équipe de la série vient démonter toute la folie du dispositif mis en place sous les yeux d'un Ronald estomaqué. Et là, la magie opère à nouveau, car pendant que les ficelles de Jury Duty sont dévoilées, on découvre qu'une chose reste vraie : Ronald.
Mélange d'expérience sociale et de fiction, Jury Duty est un objet télévisuel unique et hallucinant. Surtout, l'ensemble n'est pas avare en moments décalés et en amour. Aussi, on rit autant qu'on est ému, tout en retrouvant foi en l’humanité.
Jury Duty est disponible en intégralité depuis le 25 août 2023 sur Amazon Prime Video en France
28/08/2023 à 16:31
Cela manque d'humiliation dommage
28/08/2023 à 14:20
Déjà 3 épisodes et je suis accro, alors oui, c'est complètement lunaire par moment, mais qu'est-ce qu'on rit.
Ronald est génialissime de sincérité (en même temps, c'est normal).
Tous les autres comédiens choisis sont hauts en couleur, ce qui rend le tout vraiment drôle.
27/08/2023 à 21:06
eh bien qu'est ce qui nous dit que le gars n'est pas un acteur? ça couterais cher à la production s'il ne donne pas son accord à la fin,
27/08/2023 à 12:57
Vous en dites beaucoup de bien et assurez qu'il n'y a rien d'humiliant pour la "victime" mais j'avoue que, par principe, je n'aime pas beaucoup les caméras cachées ou autres tromperies vis-à-vis d'un individu qui n'a rien demandé, juste pour le spectacle. C'est un petit peu trop jouer avec les gens pour mon goût, dans une perspective mercantile (même si c'est bien fait, je ne crois pas qu'il y ait d'autre but).
Que le sujet ait forcément donné son accord pour la diffusion (je pense) n'y change rien ; je ne sais rien du contexte, des raisons de son accord et son état d'esprit, etc.
D'accord avec ce qui a déjà été dit : sous ses oripeaux, cela reste une forme de télé réalité. Donc bof.
27/08/2023 à 07:25
Comme disait l'un des protagonistes : on est tous tombé amoureux de Ronald. Il est exceptionnel ! Une émission qui réconcilie avec la télé réalité. C'est très bien fait, c'est très drôle, jamais glauque ou humiliant à l'égard de qui que ce soit.
27/08/2023 à 06:36
En gros c'est "mon incroyable fiancé" mais chez les jurés... je trouve ça très glauque mais bon, tant mieux si vous avez passé un bon moment