Swarm : critique d'une abeille tueuse sur Amazon

Chloé Chahnamian | 24 mars 2023 - MAJ : 12/04/2023 12:06
Chloé Chahnamian | 24 mars 2023 - MAJ : 12/04/2023 12:06

Après sa série AtlantaDonald Glover a voulu lancer une série sur Beyoncé. Sauf que Donald Glover et la co-créatrice de la série SwarmJanine Nabers, n'ont pas décidé d'adopter le point de vue de Queen B, mais celui de Dre (Dominique Fishback), une fan si obsédée par la star qu'elle pourrait tuer ses haters... littéralement. Swarm est ainsi réalisée en partie par Donald Glover et l'équipe d'Atlanta et co-écrit aussi bien par Stephen Glover (frère de Donald), Ibra Ake, Janine Nabers ou Malia Ann (alias Malia Obama, oui oui). Et si l'idée d'une série hyper violente sur Beyoncé semblait un peu folle, Swarm relève largement le défi.

« Ceci n’est pas une œuvre de fiction »

Là où la plupart des récits inspirés de faits réels se dédouanent de toute responsabilité en annonçant dès le début que toute ressemblance avec des personnes ou des situations réelles ne saurait être que fortuite, tous les épisodes de Swarm commencent par un carton qui précise que toutes les références à des personnes ou événements réels sont intentionnelles, et que ceci n’est pas une œuvre de fiction. Pourtant, la série raconte bien une histoire fictive, celle de Dre, une jeune femme fan d'une certaine Ni'Jah, une star de la musique adulée dans le monde entier.

Ni’Jah est en réalité un nom utilisé pour ne pas citer celui de Beyoncé alias Queen B, la reine des abeilles, et il n'y a aucun doute là-dessus. Si Swarm veut dire "Essaim", le nom des épisodes, Piquée, Miel, jouent eux aussi sur le champ lexical du mot abeille. Des références à Queen B sont aussi faites au sein même des dialogues avec notamment "Tu es une abeille tueuse", dans le deuxième épisode. Même si des chansons originales (chantées par l'artiste Kirby), de nouveaux posters et des clips ont été créés, et que Ni’Jah n'est pas jouée par un sosie de Beyoncé, la chanteuse et son double fictif partagent plus qu'une célébrité mondiale. Comme Beyoncé, Ni'Jah a une sœur dans la musique, plus spirituelle qu'elle, un mari obsédé par l'argent et des jumeaux.

 

Swarm : photo, Dominique FishbackUne fan presque comme les autres

 
La série s’applique tellement dans ses références à Beyoncé qu'elle va jusqu’à donner une impression de fau- documentaire. L’épisode 6, qui est entièrement monté comme un reportage sur une détective à deux doigts de mettre la main sur une tueuse en série fan d'une chanteuse planétaire, brouille avec intelligence la frontière entre la fiction et la réalité. Dans cet épisode spécial, on s'aperçoit que le nom de Beyoncé est utilisé, mais il est flouté et bipé. Pour renforcer l'idée que "ceci n'est pas une œuvre de fiction", les personnages sont incarnés par de nouveaux acteurs dans cet épisode, ils sont présentés comme des personnes réelles.

On a également quelques images d’archives, très courtes, mais qui laissent entrevoir la silhouette de Beyoncé et même une interview de Donald Glover qui parle de son nouveau projet d'adaptation avec Chloe Bailey sur Andrea Greene "Dre", le personnage principal de Swarm. Même si Dre est un personnage complètement fictif, tout laisse penser que Swarm adapte une histoire vraie et que les détracteurs de Beyoncé ont été la cible d'une tueuse en série.

 

Swarm : photoQueen C

 

Tu ne critiqueras point Queen B

On connait tous un fan un peu trop enthousiaste et au départ, Dre ne semble pas plus dérangée que n'importe quel autre admirateur légèrement excessif. Cependant, grâce à de petits éléments, comme les sons stridents et perturbateurs qui annoncent un dérèglement, on comprend petit à petit que Dre n'est peut-être pas si banale. Après une première plongée dans le crime, la jeune femme découvre les plaisirs du meurtre et, en tuant les détracteurs de son idole, elle trouve le moyen d'allier ses deux passions.

Swarm est une série violente et graphique, autant dans sa représentation du sexe et de la prostitution que de la drogue, mais surtout dans son illustration des meurtres, brutaux, acharnés et terriblement injustifiés. Mais Dre ne semble pas tuer pour le plaisir, elle se sent presque obligée d'effacer ces haters d'un monde béni par la présence de Ni'Jah.

 

Swarm : photo, Dominique FishbackLe ménage du dimanche

 
La déambulation de Dre à travers les États-Unis à la recherche de ses prochaines victimes permet de rencontrer de nombreux personnages secondaires, auxquels on a à peine le temps de s'attacher. En plus de Paris Jackson, fille du roi de la Pop, qui incarne une strip-teaseuse qui a "un père à moitié noir", on retrouve aussi Billie Eilish. La chanteuse incarne le parfait cliché de la femme bobo spirituelle et son interprétation est plus que convaincante. Avec ces caméos de personnes faisant partie de l'industrie musicale, Swarm vient encore un peu plus ancrer son sujet dans la réalité, et l'actualité.

Malgré la violence et les effusions de sang, la série surprend aussi par son ton léger et décalé qui nous ferait presque oublier les horreurs commises par Dre. Dominique Fishback (qui a d’ailleurs joué la mère de Jay-Z dans un de ses clips) incarne à la perfection ce personnage principal passionné, imprévisible et complètement dérangé.

 

Swarm : photo, Billie EilishFuture star du cinéma ?

 

Mais vous êtes fous

En racontant cette histoire de fan tueuse, Swarm s'attaque au sujet plus global des groupies. Dre, membre d'une communauté d'admirateurs de Ni'Jah sur internet, d'un "essaim", est en fait complètement seule, isolée. Après la mort de sa meilleure amie Marissa, incarnée par Chloe Bailey, Dre ne peut plus compter que sur Ni'Jah. Le but n'est pas de montrer ces fanatiques comme des idiots, mais de révéler la détresse de ces personnes prêtes à tout pour leur idole.

Swarm ne tape pas seulement sur les admirateurs. La série critique la société du spectacle dans son ensemble, elle se moque autant des artistes (ces gens qui vendent des tickets de concert hors de prix) que des fans, qui dépensent ces sommes-là. L'obsession de Dre est telle qu'à plusieurs reprises elle n'arrive plus à payer son loyer à cause de l'argent qu'elle dépense pour aller voir son idole en concert.

 

Swarm : photo, Dominique FishbackCrazy in Love


Et finalement, on se dit surtout que Ni’Jah représente n’importe quelle artiste et aurait pu être un personnage complètement inventé. Cela dit, en s'inspirant de Beyoncé et de tous ces faits réels (une fan monte sur scène pendant un concert) ou partiellement réels et faisant partie de la légende de Queen B (les rumeurs sur Beyoncé mordue et le suicide d'une fan), la série s'ancre encore plus violemment dans la réalité.

Swarm se donne alors les moyens d’émettre une véritable critique sur la société du divertissement, et ajoutant tous ces éléments, elle parvient à atteindre une richesse thématique passionnante au milieu de son déluge sanglant.

Swarm est disponible en intégralité sur Amazon Prime Video depuis le 17 mars 2023

 

Swarm : Affiche US

Résumé

Swarm, aussi étrange que trash, est une proposition singulière dont le seul défaut serait peut-être qu'elle ne prend pas assez aux tripes pour être vraiment dérangeante. Hâte de voir ce que Donald Glover a encore en réserve.

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Lecteurs

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commentaires
Ridley Kubrick
26/03/2023 à 22:38

Cette série est une pépite signée Donald Glover. Elle ressemble à un épisode d'Atlanta qui se décline en sept parties. Dominique Fishback est impressionnante. Une série qui est constamment sur la corde raide où la fiction flirte avec la réalité. Puis, c'est toujours plaisant quand la capitaliste opportuniste hypocrite Beyoncé est égratignée.

Buzz 79
25/03/2023 à 18:15

Nul sans intérêt, scénario plat, mise en scène catastrophique et je ne parle même pas de l actrice qui manque tout simplement de talent. Aucun rythme, vous parlez de gore, mais où est il exactement ? Non franchement, je l ai regardé jusqu'au bout et c est franchement une énorme deception. Quel perte de temps

Karna
25/03/2023 à 09:17

En lisant en diagonale, j'ai cru que c'était un biopic sur Dr. Dre

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