Baymax ! : critique qui soigne les cœurs sur Disney+

Etoile Michelin

Avec ses six épisodes à la durée très courte (10 minutes, générique inclus), Baymax ! a tout de l’héritier des séries Disney Channel, qu’on aurait très bien pu picorer il y a encore dix ans lors d’un passage télé entre un petit Phinéas et Ferb et une dose de Lilo & Stitch – la série. À première vue, son arrivée sur Disney+ semble ne pas trop bouleverser ce présupposé. Que ce soit pour occuper les enfants ou pour se divertir lors de sa pause déjeuner, ce spin-off dérivé des Nouveaux Héros pourrait n’être qu’un bouche-trou dans le catalogue de la plateforme.

Ou du moins, c’est ce qu’on se dit avant de finir d’une traite les six chapitres, en étant tout bonnement incapable de s’arrêter. La raison à cela ? Son postulat d’une bienveillance revigorante, qui n’éprouve jamais le besoin de créer des antagonistes pour que ses enjeux prennent corps. Baymax ! se présente comme une parenthèse de douceur, aussi confortable qu’un câlin dans les bras rebondissants et cotonneux de son protagoniste.

Hello there

Sur ce point, la création de Don Hall (déjà co-réalisateur des Nouveaux Héros, de Vaiana, Raya, et du très attendu Avalonia) a d’ailleurs un but précis : exploiter au maximum le design épuré et élastique de son personnage, dont la maladresse et les réflexes robotiques offrent toujours plus de ressorts burlesques hilarants. Qu’il pourchasse une voiture à la manière d’un Michael Myers involontaire, ou qu’il se fasse percer de trous par les griffes d’un chat, le visage impassible et le corps malléable de Baymax sert en permanence une dynamique comique implacable, directement héritée du long-métrage originel.

Entrées et sorties de champs improbables, travellings au tempo parfait, tout transpire du savoir-faire des meilleures productions Disney, et non pas de ses habituels dérivés faits à l’arrache. Don Hall et ses équipes ont mis les petits plats dans les grands, et la seule technique de Baymax !, tout bonnement bluffante, le prouve. Entre ses jeux de lumière somptueux et ses textures plus photo-réalistes que jamais, les six épisodes prennent le temps de rendre justice aux designs des Nouveaux Héros, et à l’architecture de sa ville San Fransokyo, mégapole cosmopolite qui mixe avec finesse des influences occidentales et orientales.

Pas pleurer, pas pleurer...

Le nouveau héros du quotidien

Et justement, c’est là que la série trouve sa spécificité. En profitant de ce canevas et du rôle d’infirmier de luxe de son personnage, Baymax ! prend la forme d’une suite de petits portraits touchants sur des individualités joliment croquées. Dans l’immensité de la ville et de sa solitude, ces personnages apprennent à accepter une aide dont ils pensent ne pas avoir besoin. Derrière le soin des petits bobos, notre bibendum attentif découvre toujours une douleur plus profonde et enfouie.

Avec une efficacité narrative admirable, les épisodes parviennent ainsi à façonner un discours nécessaire sur la confiance en soi et l’amour propre au sein d’une société qui tend à uniformiser la population. Voilà un propos qui fait du bien dans une série d’animation tous public, surtout lorsqu’elle choisit d’aborder le plus simplement du monde la représentation de minorités (l’un des patients de Baymax est gay) ou de sujets encore bien trop tabous (les premières règles d’une jeune pré-adolescente).

Allô robot bobo

Bien entendu, les fachos de service et autres amateurs de mots-valises qui ne veulent rien dire (le fameux mot en "w" qu’on se refusera de prononcer) s’en offusqueront, mais Disney vient d’offrir une belle leçon de tolérance, et une preuve par l’exemple qu’on peut mettre en lumière sobrement des problématiques sociétales encore trop laissées dans l’ombre. En résulte d’ailleurs le petit arc narratif inattendu des derniers épisodes, qui engendre un adorable élan de solidarité suite aux actions de Baymax. Alors qu’on aurait pu craindre une série oubliable, notre robot adoré s’impose comme plus indispensable que jamais.

Tous les épisodes de Baymax ! sont disponibles sur Disney+ depuis le 29 juin 2022